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maine. Ce qui me ferait croire que l'Angleterre ex- j LA SUETTE DE M. DE SALVANDY

pédie des omelettes jusqu'aux Grandes-Indes.
Tout cela ne suffit pas à l'avidité commerciale de I ^VvTA \ LajaunissedeM.

l'insatiable Albion. Ordinairement, en poésie, on dit IPw^tA \ Guizot empêchait

la perfide Albion; mais cette fois, comme j'écris en . i('^m^M^\ \ \ M. de Salvandy de

prose, je crois qu'insatiable vaut mieux. I -l^^^\^\y- < dormir. Depuis que

Après avoir accaparé tous les œufs du littoral de [ j'm^^m^^r^^ le chf, d.e la doctri;

notre chère et féconde patrie, les Anglais viennent de i y »e 8 ^a^ retiré *

faire une nouvelle descente, pour acheter en masse jMW .rfyrfm \ \\ Auteui>'. jour-

//•/xrfnwMni,iM \\ \\ naux disaient tous

gue des huissiers français. : j | l|p=Sm\ nisé, disloqué, mis

A mesure que ces fruits mûriront, ils seront en- mm 4 1 I ^ 1 |k \) à bas; il se traînait

levés et exportés, sauf ensuite à être réexportés si les H/ ^r^fx»W i ^> I m\ \ ^ ?eine ' le voi'^

amateurs français tiennent à en manger et consen- hlwi' ' '! ^ H\ roaintenant couché

tent à les payer un bon prix. à M ,1? dans l'ornière!» Les

Mais je connais les marchands de Londres: ce sont ^MWWV fi ) l»u conservateurs en

gouvernement du roi ; mais mes forces ont trahi
mon zèle. Le moment est néfaste ; Guizot et moi
nous sommes alités; que deviennent les affaires? Y
a-t-il encore un gouvernement du roi? La chambre
aurait-elle suspendu ses séances, commeje le crains?
Les fonds ont-ils baissé à la Bourse? La France doit
être dans la consternation. Rassurez les esprits
mon cher ; dites que mon rétablissement est pro!
chain. Guizot et moi nous allons bientôt donner une

toutes les prunes de trois départemens, y compris I ''à yMW^W--\ \ reTmatfnsîT Voilà | plus vive imPulsion aux affaires. En attendant, il
les cerises d'iceux, comme on dit dans la belle lan- p -m '^MUWmj^^^ y le cabinet désorga- faut que la grande politique boulotte comme'elle

pourra. »

Le lendemain, M. de Salvandy dévorait les jour-
naux pour y trouver la reproduction de ses doléan-
ces, mais les journaux s'occupaient des Indiens
Yoways et du chemin de fer du Nord. Un jour il lut
quelque part que M. Guizot avait eu une entrevue avec
le roi et allait rentrer sous peu au ministère. Aussi-
tôt il envoya cette note aux Débats : « La santé de
M. de Salvandy ne donne plus aucune inquiétude.
Il doit prendre ce soir sa dernière infusion de qua-
tre fleurs. »

des marchands de prunes qui n'acceptent pas pour "^IS^^^^»* ^"ïïir^iïlMl

paiement des coquilles de noix, et les Normands qui, ^7 ftPJ^^^ST*, quinous rendra no-

en l'an de grâce et de pluie 1845, tiendront a savou- Ky^- tre chef,notre sang,

rer des reine-claude, les paieront aussi cher que si notre esprit, notre âme attaquée de la jaunisse?
elles étaient confites à l'eau-de- vie. I Guizot for everl

Il est fort heureux que la fx-ciété des marchands je vous demande ce que M. de Salvandy devait

pruniers de Londres n'ait pas à sa disposition une penser de tout cela ; M. de Salvandy qui se croyait

douzaine de millions ; sans cela elle aurait été important, qui avait succédé à M. Villemain, qui

capable d'accaparer les fruits à noyaux et même à était venu donner au ministère l'appoint de son

pépins de nos quatre-vingt-six départemens, y com- grand nom et de son beau talent ! Mais je ne suis
pris le département des Landes où on ne récolte que I donc rien, moi 1 pensait M. de Salvandy en mettant
des pommes de pin. I ses papillottes ; mais on me prend sans doute pour

A cela, vous me direz que la loi défend les acca- un bouche-trou ! Est-ce que tous les ministres pas-

paremens; c'est vrai, mais M. Guizot qui, sur le sés ou présens, morts ou vivans, en santé ou ma-

code civil français, est fort comme un Turc, vous iades ne revivent pas, ne refleurissent pas dans la

fera observer avec une grande sagacité que cette loi personne d'Alonzo de Salvandy ? Est-ce donc que

n'est faite que pour les nationaux, et que vouloir i>on mc crojt incapable d'avoir au besoin la jaunis-

juger les étrangers et surtout des Anglais avec notre se tout comme un autre ? Mais par la sembleu! je

code civil serait s'exposer à un casus bellïl _ l'aurai, la jaunisse! J'aurai la fièvre, le typhus, la

Ah! pour Dieu, ne nous exposons jamais à un peste noire, le choléra ! Et nous verrons.

casus belli! et notez encore à quel sujet 1 pour des Alorg M< de Salvandy ge rendit a la chambre et

prunes, de simples prunes. C'est à en donner la co- dit a un conservateur : « J'ai terriblement mal à la

lique d'effroi, rien que d'y songer I tete#_ C'e8t comme moi? répondit le conservateur,

Ah! si les Anglais venaient à vouloir exporter tous je souffre cruellement d'un cor au pied.» Alonzo

nos melons, nos cornichons et nos potirons, ceci s'éi0igna du conservateur et aborda M. Fulchiron :

mériterait plus ample réflexion et bon nombre de , cher amj5 lui ^-a d>un ton pénétré, je crains

nos députés, justement émus, interpelleraient vive- qu'ii ne me faille quitter bientôt les affaires.—Moi,

ment M. Guizot pour qu'il prît enfin des mesures. dit Fulchiron, je compte aussi demander bientôt un

Mais nous n'en sommes pas encore là. congé ; ie club Lemardelay a abusé de mes forces. »

Du reste, il est très possible que la grande opéra- Aionzo s>aperCevant qu'il faisait four en détail, alla

tion commerciale et britannique touchant les prunes ge poster a i'entrée de la salle des Pas-Perdus, et ré-

de la Normandie ne rapporte pas à ses inventeurs péla iamentablement sur tous les tons : « J'ai la

tous les fruits qu'ils espéraient. suette ! que va devenir le gouvernement du roi ? » Si

La récolte en question a été achetée sur pied, en queiqu'un eût fait attention à lui, on l'eût pris pour

bloc et à forfait, et jusqu'à présent le soleil, le beau je fantôiae de Job.

soleil de France a refusé de ratifier ce marché anti- Alors il regagna pédestrement l'hôtel du ministère,

national. Les prunes ne grossissent pas, et lesceri- et comme il avait sué sang et eau pour faire croire

ses vertes tombent de l'arbre ! a sa maladie, il attrapa un refroidissement en route.

De sorte qu'au lieu de récolter une multitude de Mais ce n»était qu>un giraple rnume. it n>avait pas

fruits à noyaux, les Anglais ne trouveront que chou- pu élever jusqu'à la grippe,

blanc. I Un médecin arriva conduisant un apothicaire.

Cette idée me console du froid et de la pluie, et J , Monsieur, dit le médecin, ce n'est rien que votre

j'espère qu'à l'avenir les fils d'Albion seront dégoû- J maiadi0; il suffit de prendre une infusion des qua-

tés de se livrer à un commerce de prunes si gigan- | tre fleur8. _ Monsieur, répéta l'apothicaire, votre

tesque. j maladie n'est rien du tout, je vous confectionnerai

La seule chose que je leur permets désormais, une infusi0ri des quatre fleurs. » M. de Salvandy les

c'est de venir en France pour accaparer tous les épi- prit pour des envieux déguisés et les jeta à la porte.

nards que je ne peux pas souffrir... ou encore pour „ quoî i répétait-il en se promenant à grands pas

monopoliser les salsifis que j'ai en horreur. dans sa chambre ; je n'ai qu'un simple refroidisse-

- ■■■ --- ment lorsque mon confrère a la jaunisse! C'est ce

, . j 1 j o< au'il faudra voir. »

Au banquet de la corporation des orfèvres, et a- ^ ^ qui gg prégentèrent dans la

près l'hymne solennel du Roatsbeef de la vieille journée reçurent cette réponse du portier de l'hôtel :

Angleterre, le prince Albert a prononcé, en qualité « Monsieur n'est pas visible 5 il a la suette. »

d'orfèvre, le speech suivant (nous citons textuelle- J Le lendemain le portier annonçait que M. de Sal-

ment) : j vandy avait la fièvre jaune.

« Messieurs, je vous remercie de l'honneur que Le surlendemain il était atteint du choléra.

» vous m'avez fait. Bientôt après mon arrivée en Chacun disait : « Le pauvre homme ! » Mais per-

, t j , ! sonne ne plaignait a ce suiet le sort du ministère ;

«Angleterre, vous m avez élu membre de votre cor- basait cr0Jire que le gouvernement

» poration. 11 me tardait de vous exprimer ma re- JJt ,a fièvrej ,a guette gt lecholéra dansla personne

» connaissance; c'est pourquoi je suis doublement j deM> de Salvandy.

» charmé d'avoir eu l'occasion de vous voir aujour- I Cependant le ministre disait aux rares visiteurs

» d'hui. » qui parvenaient jusqu'à lui : « Les temps sontmau-

On assure que les confrères orfèvres n'ont pas vais pour la grande politique; j'ai fait mon possi-

trouvé que ce fût là un bijou d'éloquence. ble pour sauver le cabinet, je me suis dévoué au

C'est à tort qu'on s'est égayé sur les obscurités
et les nullités de la dernière fournée pairiale. Il y
avait, sinon une grande illustration, tout au moins
un grand cheval.

On nous apprend en effet qu'un des nouveaui
élus, M. de Raigecourt, est issu de l'une des illus-
tres familles appelées jadis les treize grands chevaux
de Lorraine.

Ceci, comme vous voyez, change considérable-
ment la thèse. Seulement, la chose nous paraît tant
soit peu inexplicable de la part d'un Système qui,
l'étranger l'atteste, n'est pas accoutumé à monter
sur ses grands chevaux.

Carillon. \

L'empereur du Maroc ne veut pas ratifier le traité j
dont M. Guizot se montrait si fier. Il ne manquait j
plus au ministre de l'abaissement à tout prix que le .
coup de pied de Muley.

— Le fameux traité de paix marocain est consi-
déré dès à présent comme déchiré. S'il faut recom-
mencer la guerre, M. Guizot trouvera le procédé dou-
blement déchirant.

— L'empereur du Maroc a fait mettre en prison
ses agens qui ont eu la faiblesse de traiter avec nous.
Le fait est que, pour avoir eu peur de M. Guizot, il
faut que ce soient des hommes bien poltrons.

— Pendant que nous désavouons les Français qui ,
nous font, respecter à l'étranger, l'étranger désavoue
ceux qui nous respectent. Il n'y a pas compensa-
tion.

— On s'accorde à dire que nous serons obligés de
payer deux fois notre gloire. On n'aurait jamais cru
que la gloire fût si chère à M. Guizot.

— Le mari de Victoria a été reçu membre d'une
douzaine de corporations d'artisans. Ce n'est pas
seulement en Angleterre qu'on voit des personnages
haut placés faire tous les métiers.

— On construit une tête de pont à Saint-Maur.
Maintenant que les embastilleurs ont leur loi d'ar-
mement, ils s'empressent de faire leur tête.

— On travaille à Charenton à édifier quatre grands
bâtimens militaires. On va dire que les défenseurs
du Système méritent d'avoir leur logement à Cha-
renton.
 
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