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Le charivari — 14.1845

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Novembre (No. 305-334)
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https://doi.org/10.11588/diglit.17624#1270
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France un quinzième de plus de garçons que de fil-
les. 0 savant! cela prouverait jusqu'à l'évidence,
que chaque femme a droit à plusieurs cœurs d'hom-
me; c'est une conséquence de la morale, expliquée
par la statistique.

Les personnages difformes affirment qu'ils doi-
vent un grand nombre de bonnes fortunes à leur lai-
deur ; ils disent encore que les femmes qui se font un
écran pour leur réputation du masque d'un magot
qu'on n'ose pas croire leur favori, trouvent des dé-
dommagemens admirables dans la sagacité de ce
choix.

V.

«La presse fera le tour du monde un jour ou l'au-
tre », a dit je ne sais plus quel publiciste de la Res-
tauration. Il y a maintenant une presse lithographi-
que à Tananarivo, capitale de File de Madagascar :
on n'y imprime que les billets doux de la reine des
Hovas et les contraintes pour l'impôt.

S'il faut en croire la Démocratie pacifique, il existe
un merle blanc au Jardin-des-Plantes ; on ne trou-
vera bientôt plus à Paris un seul éditeur.

VU.

Une faute d'impression m'enleva, à vingt-un ans,
une chaire d'histoire au collège de pour laquelle
je concourais par correspondance imprimée. J'avais
parlé, dans ma thèse, de je ne sais quel grand hom-
me d'Angleterre, de Shakespeare, je crois, et j'avais
dit qu'il avait été enterré à "Westminster, dans le
coin des poêles. Mon imprimeur avait mis dans un
coin de porte. L'adversaire, qui m'était opposé dans
le concours, eut la place. Six ans après sa nomina-
tion, je connus la faute grossière que le plomb de
l'imprimerie m'avait fait commettre.

IX.

La poésie est aujourd'hui un métier à la portée
de toutes les professions ; voici que la musique, cette
autre fille du ciel, descend à son tour des hauteurs
éthérées pour se plier aux fantaisies les plus vulgai-
res. Un médecin écossais, le docteur David Dadham,
Vient de mettre en musique les palpitations et les
battemens irréguliers du cœur d'uue femme malade
à l'hôpital de Glascow. Cette maladie écrite en langue
musicale forme une valse des plus bizarres. Si (ce
qu'à Apollon ne plaise!) ce procédé se propageait en
France, nous verrions avant peu Rossini et Meyer-
beer s'exercer à l'Hôtel-Dieu.

IX.

11 est dit que l'activité de la science moderne nous
désenchantera de toute chose.Un chimiste,disciple de
M. Orfila, vient de découvrir un nouveau papier
que l'on obtient de copeaux de bois bouillis dans un
alcali minéral ou végétal. Cent livres de bois et
douze livres d'alcali donnent six rames de papier.
"Vous verrez qu'on fera prochainement bouillir la
forêt de Vincennes,ou pour le moins le fameux chêne
de cette forêt sous lequel Napoléon lisait la Jérusa-
lem délivrée.

X.

Il se fait chaque jour une déperdition immense
d'esprit sur le pavé de la capitale. Jamais les feuil-
les publiques n'ont tant excité au libertinage de l'in-
telligence. Elles tuent la qualité au profit de la quan-
tité; elles insinuent dans les cervelles les plus bour-
geoises la pensée de devenir d'insupportables écri-
vains ; elles persuadent à l'allumette chimique alle-
mande que ses étincelles sont aussi la foudre ; elles
poussent l'écureuil à singer le cri du tigre. On se
cogne le front, on y sent un dieu. Mais sors donc,
dieul mais sors donc!...D'ordinaire il ne sort qu'une
idée commune ou un furoncle.

XI.

Charles Nodier, parcourant la route du Simplon
que Bonaparte a fait creuser dans les Alpes, s'écria :
« Le malheureux ! il m'a gâté mes Alpes ! » La Fran-
ce, l'Angleterre et la Russie viennent d'introduire

dans le sérail dAbdui-S.edjid l'usage des chaises et
de la fourchette. On nou.s a gâté notre Orient.

Abd-el-Kader nous enlève successivement des po-
pulations tout entières de l'Algérie. Pendant ce
temps-là M. Bugeaud proclame triomphalement,
dans son dernier bulletin, qu'il vient d'enlever à l'é-
mir 200 ânes ! "

Voici encore une fusion des compagnies de Stras-
bourg après celle des compagnies du Nord. Les so-
ciétés prennent ainsi l'habitude de se fondre. L'ar-
gent des pauvres actionnaires ne sera-t-il pas en-
core bien plus complètement fondu que les compa-
gnies?

LIS EXTRÊMES SE TOUSHENT

on Indigestion et fringale

\4

L'Angleterre aime beaucoup les défilés de cortè-
ges, officiels ou non, avec costumes, bannières, mu-
sique, etc. C'est véritablement le pays des mascara-
des; aussi n'est-il pas étonnant qu'il se prête volon-
tiers à l'entente cordiale.

De l'autre côté du détroit tout est prétexte à un fac-
sîmile des promenades du bœuf gras. Entr'autres,
l'élection et l'installation annuelle d'un nouveau lord
maire de Londres sont toujours célébrées par des
solennités à la chi-en-lit-lit-lit.

Depuis deux jours les journaux anglais remplis-
sent leurs colonnes raâts-de-cocagne de détails dans
le genre Courtille. Le lord-maire récemment élu est
allé prêter serment à la cour des aldermenldans un
magnifique carosse à six chevaux, suivi d'un inter-
minable cortège à pied, à cheval, en voitures. Par
parenthèse, il est heureux que,chez nous, les sermens
ne se prêtent pas avec tant d'apparat et d'embarras :
grâce à nos Pasquier, à nos Séguier, à nos Decazes,
la circulation serait trop fréquemment interrompue.

Suivant les règles du cérémonial, le lord maire
était affublé d'une longue robe et coiffé d'une énor-
me perruque. Ce classique ornement capillaire est
encore, chez nos voisins soi-disant novateurs et pro-
gressistes, un emblème officiel et consacré. Ainsi le
président de la chambre des communes et celui de
la chambre des lords ne peuvent remplir leurs fonc-
tions législatives que le chef orné d'une perru-
que,—-non d'une mince perruq re, de chiendent comme
celles de nos pairs de Ff 3 râpés, mais d'une
perruque luxuriante et r iureuse à la Louis
XIV, avec je ne sais combie e marteaux. Et cepen-
dant, voyez l'anomalie ! ce pt uple si éminemment
perruquophile n'a pas d'académiciens.

Pour en revenir au carnaval municipal, on voyait

à la suite du nouveau lord maire une foule d'h •
siers, de massiers, de personnages en culottes m%
jaquettes noires, également à la mode antique. 1
tait comme un pendant de la procession qui m'eil e"
M. de Pourceajugnac sur ses derrières. at8

Après la parade foraine est venu un gala du ni
grand format. C'est au reste le dénoûment obliJ 1
Angleterre. En France jadis fout finissait par ai
chansons ; par-delà la Manche tout finit par des r ^
biffs. 8"s

Il va sans dire que la presse anglaise enregist
in extenso le menu de ce festin gargantualesque- o\\
ne fait pas grâce d'un radis ni d'un cornichon. CVl
du reste son usage toutes les fois qu'il s'agit d'un di
ner tant soit peu notable, et Dieu sait si l'occasion sè
présente souvent, grâce aux habitudes goinfres des
naturels de cette île. La cuisine est l'élément prinxi.
pal pour les Times et les Morning ; la politique ne
vient qu'après et accessoirement. Comme publiciste
un Carême serait certainement préféré là-bas à un*
Montesquieu.

Ils nous apprennent donc qu'au banquet de Fins,
tallation à Guildhall, il y avait « une table d'hon-
neur, présidée par le lord-maire , cinq petites tables
près des tables supérieures, quatre longues tables au
milieu de la salle, sept tables de côté et trois tables
dans l'ancienne cour du banc de la reine [sic). » Suit
l'énumération des plats de différentes espèces qui ont
été servis, et il résulte de ce relevé consciencieux
qu'ils étaient au nombre de cent quatre-vlngt-sejitlw
Les vins, ajoutent-ils, étaient exquis, Champagne
vin vieux du Rhin, Bordeaux, Madère, Porto, Xérès!
Au dessert on a bu trente-deux toats à plein verre.
Commencé à sept heures du soir, le banquet ne
s'est terminé qu'à dix heures et demie. Je vous lais-
se à penser si les convives se sont retirés émus, 1
dans quel état pouvaient se trouver les cervelles mu-
nicipales sous leurs vénérables perruques.

Maintenant croirait-on, que dans le même numéro
où ils se complaisent à étaler tout ce luxe de cortège
théâtral, toute cette magnificence derîpailîe, les jour-
naux anglais publient, tout à côté, des articles surla!
question des céréales, dans lesquels se manifestent
les plus sinistres appréhensions sur l'imminence
d'une disette. Que dire de ces premiers magistrats de
la cité de Londres, se gobergeant à rouler sous les
tables, tandis qu'à la porte de la salle du festin, les
trois quarts de leurs administrés sont exposés à
mourir prochainement de faim.

Nos guizotins ne sont-ils pas bien venus à nous
proposer pour modèle un pays où se passent de pa-
reilles choses !

M. de Lacoste, député de Nancy, à qui sa boule
fait faire un rapide chemin, prend dans le cadre dj
maréchaux de camp la place de M. Bourjolly, doi
on connaît les récents et brillans services en Afrique!
— Nous doutons que M. Azaïs lui-même, s'il était
maréchal de camp, trouvât là une compensation.

M. de Lacoste vient d'être appelé au commande-]
ment de l'école d'artillerie de la Fère. Ce néo-géné-
ral est en effet assez peu ferré pour être mis à l'école,

Il est passé le temps où l'on croyait pouvoir comp1
ter sur le dévoùment et l'enthousiasme spontané!
des chers camarades de la garde nationale. Aujour-
d'hui on est venu sans doute à reconnaître qu'il faut
être payé pour cela.

Voilà pourquoi on cherche à bourrer les légi1
citoyennes d'employés. M. Lacave-Laplagne a adres-
sé récemment une circulaire aux chefs des diverse!
administrations financières , à l'effet de leur pre*
crire de veiller à ce que tous leurs subordonnés soien
enrôlés. On ajoute que cette mesure est générale £
s'applique à toutes les administrations V^W^
C'est le même système que pour les jurés; on ^
apparemment avoir aussi des gardes nationaux f
bes et libres.
 
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