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Le charivari — 46.1877

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Février
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https://doi.org/10.11588/diglit.25491#0152
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LE CHARIVARI

alors qu’on devait l’avoir vu causer comme tout le
monde, puisqu’il n’imagina cette comédie que pour
son voyage aux eaux saintes?

On pourrait également faire venir le Gavroche de
Saint-Palais, qui voit des vierges folâtrer dans les
châtaigniers. Un interrogatoire public ne serait pas ;
non plus sans utilité à son sujet.

Enfin, on profiterait de l’occasion pour soumettre
à l’examen des médecins internationaux quelque
stigmatisée authentique, ce qu’on aurait de mieux
en ce genre.

Quel triomphe pour la cause des lourdiauds et
des salettistes !

Car il faut bien espérer que la divine Providence
qui protège leurs comptoirs aquatiques ne man-
querait pas d’opérer journellement quelque pro-
dige nouveau.

Elle doit bien cela à ses fidèles serviteurs.

La guérison radicale de M. Yeuillot, opérée ins-
tantanément et sans retouches, ne serait - elle pas
un moyen incomparable de confondre l’impiété
qui s’obstine à ne pas comprendre comment
celui qui a tant recommandé les eaux surnaturelles
aux autres n’en use pas pour lui-même, et con-
sent à rester malade, alors que le Très-Haut et tous
les saints se feraient un plaisir de le miraculer au
commandement.

Allons ! Est-ce dit?

Prenez garde. Si vous refusez, messieurs les clé-
ricaux, vous portez à votre commerce d’apparitions
un coup dont il ne se relèvera pas.

On dira toujours que vous n’avez pas osé affron-
er la lumière.

Au fait, si c’était pour cela que vous avez tant
décrié l’Exposition ?

Hum !...

INCOGNITO.

DES ENNEMIS UTILES

Dans la précédente Assemblée, qui n’était pas
républicaine, ce sont les monarchistes qui ont fait
la République.

Chaque parti, ne pouvant faire arriver au pouvoir
le prétendant de ses rêves, a préféré voter une Con-
stitution républicaine plutôt que délaisser s’instal-
ler sur le trône un rival gênant.

C’est ainsi que la Constitution du 2b février a été
votée avec une majorité très-considérable.

Nous remercions nos ennemis d’avoir ainsi fondé
la République, par jalousie pour un des trois pré-
tendants au trône.

Cette comédie nous a réussi et nous ne regrettons
pas de la voir continuer.

Ils ont procédé de la même manière pour la no-
mination de la commission du budget.

Les députés réactionnaires, par suite d’une tacti-
que imaginée par eux, ont donné à l’union républi-
caine une majorité considérable.

On peut s’attendre à voir adopter par les deux
Chambres tous les projets de loi qui ont été rejetés
jusqu’à ce jour.

D’abord viendra la question des honneurs fu-
nèbres.

— Messieurs, dira un orateur dans une réunion
des membres delà droite, la semaine dernière, il y a
eu encore des difficultés soulevées par cette grave
questionne sais qu’un membre de l’extrême gauche
doit interpeller le ministère afin de trancher carré-
ment Cette grave affaire.

— Et que doit faire le ministère ? demandera un
député.

— Il doit proposer une combinaison qui, sans
trancher la question, pourra, pendant encore quel-
que temps, donner satisfaction aux deux partis.

— Notre devoir est de soutenir le ministère.

Non pas, car Ce serait de la mauvaise politique.

— Alors comment nous conseillez-vous de voter?

— Il faut soutenir la proposition du membre de
l’extrême gauche.

— Et faire accompagner les enterrement civils
par la troupe ?

— Certainement.

— Mais nous favorisons la libre-pensée,

— C’est possible, mais aussi nous vexons le mi-
nistère en repoussant sa combinaison.

— C’est une excellente idée.

— Je n’en ai jamais d’autres.

— Mais est-elle bien honnête ?

— En politique cela s’appelle de l’habileté parle-
mentaire.

La proposition de l’orateur sera acceptée à l’una-
nimité.

Autre réunion de messieurs les réactionnaires :

— Messieurs, dira un de leurs chefs de file, à
propos de la discussion du budget, il y aura encore
une discussion très-vive engagée sur le traitement
des aumôniers.

— Oh ! pour cela, il n’y a pas a tergiverser, il faut
le voter, je suis catholique et mes convictions reli-
gieuses s’opposent à la suppression du crédit.

— Alors vous voterez sans doute la transaction
proposée par le gouvernement ?

— Certainement, si elle seule peut encore sauve-
garder les intérêts que nous défendons.

— Eh bien ! moi je suis d’avis qu’il faut voter
la suppression du crédit en question.

— Mais le maire de ma commune va m’envoyer
sa malédiction.

— Vous lui donnerez des explications lorsque
vous irez passer quelques jours dans votre château.

— Ma femme ne voudra plus me parler ; quant à
ma belle-mère, qui a des sentiments très-pieux,
elle s’enfermera dans son appartement et elle n’en
sortira plus.

— Heureux collègue !

Un long discours prononcé par le président de la
réunion finira par convaincre les plus indécis.

La suppression du traitement des aumôniers sera
votée.

Autre conférence :

— Messieurs, dira un orateur, je vous ai réuni
pour vous faire part d’un projet que j’ose qualifier
de fort ingénieux.

— Une nouvelle demande d’amnistie sera dépo-
sée demain sur le bureau de l’Assemblée, par un
député de l’extrême gauche qui réclamera l’urgence.

— Nous la repousserons, s’écrient plusieurs
membres.

— Vous l’appuierez.

— Pour repousser le plus tôt possible cette nou-
velle demande d’amnistie.

— C’est à nous qu’il appartient de faire passer ce
projet.

— Mais c’est de la folie !

— Non, mais bien de la politique habile, afin
d’ennuyer le gouvernement.

Et cette proposition est à son tour adoptée.

Grâce à ce système, les réactionnaires feront
passer tous les projets de loi qui avaient suscité
dans les Assembléés les plus grosses discussions.

Et les monarchistes se frotteront les mains en se
disant d’un air satisfait :

— En jouons-nous d’assez bons tours !...

Paul Girard.

——-«--#■--

THEATRES

THEATRE-ITALIEN : Linda.

Si la partition de Linda, n’est pas la meilleure de
Donizetti, le rôle est certainement un de ceux où
l’Albani a fait le mieux valoir ses merveilleuses
qualités.

Aussi jamais les ovations du public n’avaient-elles
été plus chaleureuses pour la jeune et illustre can-
tatrice que Paris a sacrée.

Les représentations du Théàtre-Italieu sont sui-
vies de plus en plus par le public du high life, en
même temps que par le public artistique. Cela
prend’des proportions triomphales.

Dans Linda, Pandolfini a eu une fois de plus
l’occasion de faire applaudir son talent magistral.

Lui aussi est tout à fait adopté et très-sincère-
ment fêté parmi nous.

Bonne soirée pour le théâtre et pour le directeur.

p. v.

CHRONIQUE Dü JOUR

Le Pèlerin, journal gai, insère, sous la rubrique
« Sinistres, » ce singulier compte-rendu du dernier
bal de l’Opéra :

« Vendredi (lisez samedi), grand bal masqué de l’O-
péra. Mêmes hontes, mêmes ruines, mêmes damnations
qu’au premier. La guerre avait purgé la France de cette
pourriture ; les entrailles de la France s’encembrent de
nouveau. Prochaine medicamentation au fer et au feu.»

On ne peut pas souhaiter plus gaiement de voir les
baïonnettes étrangères labourer la poitrine de ses com-
patriotes pour les punir d’avoir trop dansé.

Le malheur est que, dans ces cas de justice som-
maire, chers aux dévots, les premiers tués sont de
pauvres diables qui n’ont jamais vu, même en pein-
ture, l’escalier de M. Garnier, tandis que les clodoches
vont tranquillement continuer plus loin leurs pas aven-
turés.

Puisque je tiens notre joyeux confrère, c’est le cas
d’annoncer qu’il se transforme.

Pour faire au Charivari une concurrence complète, il
a décidé de joindre à son texte hilarant la séduction
des images.

De là des sollicitations désespérées d’abonnement
dont le résultat est conté au public avec un naïf aban-
don.

Il parait que certaines grandes dames n’hésitent pas
à faire la place pour notre jeune confrère :

« Passons aux charitables grandes dames.

» Plusieurs d’entre elles, avec la chaleur qui obtient,
ont voulu, en de nombreuses lettres, faire part de la
naissance de ce charmant enfant, qui cherche des p -
rents adoptifs. L’une a fait moisson de dix, l’autre de
vingt, une autre est allée jusqu’à trente pères adoptifs.
— Àhl si les dames voulaient ! »

Parbleu ! si les dames voulaient...

Mais, savez-vous, Pèlerin mon ami, que ce serait fort
immoral.

— Ah ! rien qu’un baiser, baronne.

— Non monsieur, pas du tout... Ou bien alors vous
allez me faire une promesse.

— Laquelle ?

— De prendre un abonnement d’un an au Pèlerin.

D'autres abonnés se sont avisés d’une idée qui n’est
malheureusement pas assez commune.

Je continue de citer :

« Plusieurs abonnés, qui montrent assurément com-
bien les souscripteurs du Pèlerin sont d'un ordre supé-
rieur, protestent, oui, protestent contre la modicité du
.prix d’abonnement, et ajoutent, qui deux francs, qui
cinq francs, qui dix francs, qui quatorze, etc. »

Assurément, ces bons clients, qui « protestent » con-
tre la modicité du prix de la marchandise qu’on leur
offre, sont d’une pâte exceptionnelle.

Il est heureux que le journal ne donne pas leur
adresse.

Demain tous les courtiers de Paris seraient à leur
porte.

On annonce qu’afin de mettre les libraires en garde
contre les publications prohibées dont la possession
pourrait les mettre sous le coup de poursuites, la di-
rection générale de la sûreté vient de faire imprimer à
leur usage la liste très-complète de tous les ouvrages
interdits.

Cela part d’un bon sentiment.

Mais pourvu, ô mon Dieu, que certains industriels
peu délicats n’aillent pas profiter de ces listes si com-
plètes pour achever leur assortiment,

— Tiens, encore un que je n’ai pas!... Encore un au-
tre qui manque à ma collection !

La censure littéraire est un travail bien épineux.

« De quand date le Charivari? nous écrit un corres-
pondant facétieux.

» Vous allez, me répondre qu’il date de 1832. Erreur.
Le Charivari faisait déjà parler de lui, à Paris, sous le
premier Empire.

» Voici ce qu’on lit à la date du 15 mars 1812 dans le
Journal des Modes, de La Mésangère :

» Qu’est-ce qu’un charivari ? Je vais vous le dire.
C’est un larhe pantalon de drap, doublé de cuir entre
les jambes et garni sur les côtés de gros boutons de
métal ronds. Ce vêtement semblerait fait uniquement
pour monter à cheval. Justement c’est à pied qu’on le
porte, par-dessus des bottes noires le matin. Après
dîner il n’est plus tolérable. »

Merci, cher correspondant.

On se demande pourquoi un fabricant de pianos, qui
couvre de ses annonces les murs de Paris, a adopté cette
singulière enseigne :

AU OUISTITI

Il est peu vraisemblable qu’elle lui ait été inspirée

par l’instrument.

Lui aurait-elle donc été inspirée par l’instrumentiste?

Deux individus ont une explication un peu chaude
sur un trottoir.

Tout à coup l’un d’eux, levant le jonc dont il est ar-
mé, l’abat sur la nuque de son contradicteur :

■— Aïe? s’écrie celui-ci.

Et tout à coup :

— Quelle chance !

L’autre réitère.

— Quelle chance !

Il recommence.

— Quelle chance 1

Naturellement la galerie sollicite des explications.

— Je veux dire, fait le philosophe en s’esquivant,
quelle chance qu’elle ne soit pas plombée !

Paul Parfait.

Le gérant : Altaroche.

Paris. — Imprimerie J. Voisvenel, 14, rue Ctiauchat.
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