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Le charivari — 46.1877

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QUARANTE-SIXIÈME ANNÉE

Prix du Numéro : 25 centimes

VENDREDI 9 FEVRIER L877

ABONNEMENTS

PARIS

Trois mois :. ;. ; i■ • 18 fr.

Six mois. 36 —

Un an.... —

les abonnements partent des Ier et t s de chaque mois-

DIRECTfON

Politique, Littéraire et Artistique

PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

BUREAUX

DE LA RÉDACTION ET DE L'ADMINISTRATION1

Une Kosslai. 30.

abonnements

DÉPARTEMENTS

Trois mois.. 29 lü \

Six mois ... 40 v

Un an..... 80 -» \

l’abonnement d’un an donne droit à la prime grai

y

DIRECTION

Politique, Littéraire et Artistique ,

' V PIERRE VÉRON

Rédacteur en Chef.

ANNONCES

ADOLPHE EWIG, fermier de la publicité

ESrae TaîttooK:^ t©•

LE CHARIVARI


BULLETIN POLITIQUE

Les nouvelles de la future Exposition sont de j
plus en plus satisfaisantes. I

Tout sera prêt avec une avance de deux mois, et i
le concours des puissances nous est assuré en |
grande majorité. Celles qui ont refusé de pren- |
dre part à ce tournoi pacifique ne font de tort qu’à j
elles-mêmes.

Leurs gouvernements semblent avoir craint de j
laisser voir de près à leurs sujets la prospérité d’une
République calme et heureuse, de peur que ceux-ci
ne s’en retournassent en se disant ensuite :

— Pourquoi ne ferions-nous pas aussi nos affaires
nous-mêmes1?

La France n’entend,faire de propagande au détri-
ment de personne; mais elle a le droit d'être fière
des résultats qu’elle a obtenus et des rapproche-
ments que fait naître notre état actuel comparé à
notre situation en 1867.

Et ce sont ces rapprochements-là que redoutent
les journaux à prétendants.

Les splendeurs monarchiques d’alors devaient
si tôt avoir un effroyable revers ! Triste réclame
pour les souverainetés en expectative !

Vous vous rappelez les antiennes que les orphéo-
nistes de là presse officieuse chantaient â tuë-téte :

— Voyez,"disaient-ils , voyez ce que l’autocratie
fait d’une nation. L’Europe est à nos pieds. Un seul
homme nous' vaut tout cela.

Il dèvait nous valoir aussi l’invasion de Sedan, ce
seul homme !

Sons ces apparences de trompeuse félicité se
cachait un avenir de ruines.

Cette fois, au contraire, la France viendra dire à
l'Europe :

— Regardez-moi. J’ai huit années de République
à mou actif. Ai-je l’air de m’en porter plus mal ?

Ce que j’ai fait pendant ces huit années ce n’est
paS à moi à vous le raconter, ce sont les produits
dè mon industrie qui se chargeront de vous édifier
à ce sujet.

N’oubliez pas seulement dans quelles conditions
ce travail a été accompli-

En 1871 j’avais dix millions à payer. On venait
de m'amputer de deux provinces. Uns cruelle ba-
taille avait lait couler à flots le sang dans les rues
de Paris, et les partis menaçants se montraient le
poing sur des décombres.

Voilà le point de départ. Rapprochez-le du point
d’arrivée.

Alors que tous les crédits subissaient une atteinte,
le mien est peut-être celui qui a ie mieux supporté
le choc. C est chez moi, et aux cours les plus éle-
vés, que mes voisins viennent placer leurs écono-
mies.

Cette forme de gouvernement, qui devait inspirer
la terreur à tous, inspire, au contraire, la confiance.

Vous ne verrez pas, comme en 1867, les galas
impériaux et royaux étaler leurs pompes trompeu-
ses, et rapprocher à la même table ceux qui devaient
’entr’égorger trois ans après. Mais, cette fois-ci,

® M par les peuples eux-mêmes que se fait la fra-
teru“ation, et elle sera plus durable, je l’espère.

Tel sera le langage que laik£ nce sera en droit de
tenir.

Certes, nous sommes loin de ce rêve entrevu par
les poètes, et qui doit s’appeler les Etats-Unis
d’Europe. Mais il faut toujours des prologues à ces
œuvres colossales, et l’Exposition de 1878 se a un
de ces prologues-là.

On comprend dès lors l’implacable haine que les
réactions coalisées ont vouée à cette manifestation
de la fécondité républicaine. Lorsque, de tous les
coins du monde, les visiteurs seront venus chez
nous, quand ils auront pu constater par leurs yeux
que les déclamations monarchistes les avaient trom-
pés, que la France républicaine n’est pas la France
du chaos, mais la France du labeur et du devoir, il
deviendra impossible de reproduire les vieilles rap-
sodies et de jouer du spectre rouge.

Or, l’Exposition de 1878 ne précédera que de bien
peu le renouvellement partiel du Sénat et la nomi-
nation d’une Chambre nouvelle.

En ce qui concerne le Sénat particulièrement, elle
portera un coup terrible aux intrigues de la droite.

Les électeurs ruraux, en effet, triés sur le volet
du suffrage restreint, ont voté pour des candidats
réactionnaires, parce qu'ils ont cru piécisément à
la vérité des objurgations dont on accablait la Répu-
blique.

Ils ont ajouté foi aux propos absurdes de ceux
qui cherchent à confondre sa cause avec celle de
la démagogie, pour favoriser par la terreur leurs
projets de restauration.

Mais dans chaque village l’écho de l’Exposition
future ira retentir, partout il se trouvera des gens
pour renseigner les autres sur le grand spectacle
que Paris aura donné.

Et dame, tous les électeurs sénatoriaux de bonne
foi passeront là-dessus au prochain vote dans le
camp des républicains.

Comprenez-vous maintenant pourquoi les mo-
narchistes détestent si cordialement l’Exposition de
1878, et pourquoi il faut tout faire pour assurer son
succès?

rii.rre Vôion.

LES REPTILES

(Décor : une grande cage vitrée servant de cabi-
net au boa constrictor. A la suite d’une forte absorp-
tion de tonds secrets, la grosse et longue bête pa-
raît absorbée dans les embarras d’une pénible di-
gestion.)

le gardien (entrant dans la cage). — Il dort en-
core, l’animal ! (Le cinglant avec sa cravache.) Al-
lons, détendons-nous, sale paresseux!
le boa (bâillant). — Hein!... Quoi? Qu’y a-t-il?
le gardien. — Il y a que le patron est furieux de
votre fainéantise. Il dit que vous volez l’argent qu’on
vous donne. Voilà des mois que vous laissez la
France tranquille. Est-ce une conduite, ça?

le boa. — Pourtant, je croyais... je me plaisais a
croire...

t le gardien. — Des sottises ! A partir d’aujour-
d’hui, vos attaques doivent redoubler contre l’en-

nemi héréditaire, sous peine de ne rien émarger à
la fin du mois.

le boa (complètement réveillé). — On nous cou-
perait les vivres?... Bigre! il ne s’agit plus de dor-
mir. On va se mettre à la be^pgne et sérieusement,
je vous prie de le croire.

(Le gardien sort en taisant siffler sa cravache. On
frappe timidement à la porte de la cage.)

le boa (brusquement).—Entrez ! (Un orvet ingénu
s'introduit en rampant.) Que me voulez-vous ? Pariez
vite, je suis pressé.

l’orvet. — Monsieur le directeur, je désirerais
être employé dans un de vos journaux.
le boa. — Que savez-vous faire?
l’orvet. — Peu de chose; mais je suis plein de
bonne volonté.

le boa. — Je préférerais du venin. Voyons cepen -
dant. Un ivrogne a été écrasé ce matin en sortant
d’une brasserie. Lovez-vous là et troussez-moi un
fait-divers sur cet accident.

l’orvet (écrivant). — « Encore une victime de
l’intempérance qui fait chaque jour de nouveaux
progrès dans le peuple... »
le boa (sifflant). — Petit niais, vous n’entendez
lien à brasser la matière. Voici ce que vous auriez
dû dire : « Un ouvrier laborieux, indigné après la
lecture de plusieurs journaux français, est sorti de
son atelier en protestant contre les débordements
d’injures à notre adresse dont ces feuilles infâmes
sont souillées. Dans sa généreuse colère, il n’a pas
vu une lourde charette qui s’avançait rapidement.
Renversé par elle, écrasé, il est mort en maudissant
les folliculaires odieux qui l’ont entraîné à sa perte
en aveuglant son ardent patriotisme. Encore une
victime de la grande Sodome ! — Jusques à quand
souffrira-t-on que nos meilleurs citoyens soient
décimés ainsi par les basses excitations d’une
presse ennemie stipendiée? » Comprenez-vous?

l’orvet. — Sans doute... Cependant, je ne vois
pas très-clairement ce que les journaux français
peuvent avoir à se reprocher dans l’aflaiie.

le boa. — Vous ne le voyez pas?... Eh bien ! mon
petit homme, il faudra le voir, et toujours et par-
tout ! Autrement, vous ne siffleriez pas longtemps
chez nous.

l’orvet. — Il suffit, monsieur... On le verra, je
vous le promets,

le boa (sonnant). — Qu’on introduise les autres !
(Une poignée de serpents venimeux entrent en dé-
roulant leurs replis tortueux). Messieurs, on est
très-mécontent de vous en haut lieu!... Vous bavez
sans conviction, vous mordez sans énergie. Vos
crochets seraient-ils émoussés? Votre venin aurait-
il perdu de sa force?

un trigonocéphale. — Il me semble bien que
non; car, ce matin encore, j’ai accusé la France de
cacher ses préparatifs de guerre sous une prétendue
exposition universelle.
le boa. — C’est faible.

une vipère rouge. — Moi, j’ai traité les Français
de vils polissons, d’insulteurs fétides de la grande
nation allemande.

le boa. — C’est mieux, mais ce n’est pas encore
ça. Songez-y, messieurs ! Un plus long engourdis-
sement serait fatal à vos finances. (Un crotale agite
bruyamment ses sonnettes.) Vous êtes des reptiles
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