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Le charivari — 46.1877

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https://doi.org/10.11588/diglit.25491#0185
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37

./ 'o ' 'A

Voulant enfin jouir depuis qu’on a augmenté sa solde.

Allons bt>n, voilà encore autre chose ! Je vous tiens
en chartre privée? Que| ne dites-vous, Elodie, qu’étant
'*n autre Barbe-Bleue, je vous enferme à triple cadenas
^ans un cabinet noir, ainsi que le faisait le comte de
^hateaubriant pour Françoise de Foix, sa femme, pour
* ^unir d’avoir donné un coup de canif dans son contrat
:°mpagme du roi François Ier?Est-ce que vous n’ètes
libre de vos mouvements? Est-ce que vous n’êtes
allée avant-hier au Théâtre-Français, qui, entre
* s°it dit, a le tort de ne pas jouer assez souvent
tezVres vertueuses de feu Ponsard ? Est-ce que vous
es* faS diner chez votre tante de la place des Vosges
cap riS f°is ?ue la fantaisie vous ea Prend, et c’est
; pourr qui vous arrive souvent, Elodie, assez sou-
ôtre ? 6ndre rêveur un mari moins débonnaire que

îi, je le saîq ,

5 ce rapportie carnaval est fait Pour fffTon s’amuse.
’ rwihé D0US sommes d’accord. Mais, mon

,r,uè .1 <■”* » de t’amuser, —

pas ton mén,®"?1* décemment 1 - Est-ee que lu
P — Pas trop d - ^ recreer’ — Donne à dîner, si tu
C‘ . , TTe!nvUations' cependant : ca gênerait

éch an • ® din<ie truffée, deux poissons, des

mes ver , de pâtisserie, du dessert, dix

eüles de ' i ‘ a> c est gentil. — Fais faire des

es par Marian • ^agrément des crêpes, c’est
lies peuvent être ega çment frites, cuites, sucrées
langées par le dévergondage et par Ja vertU- _ Fais
crêpes. - Ça fera rire notre bébé. - Tu pourras
ie habiller ce loulou en marin, en zouave ou bien

en questeur du Sénat. — Il est si drôle avec le plus lé-
ger accessoire 1 — Tu hausses derechef, les épaules?
Gomment! en vue de tout ce que je vous permets, ma-
dame, vous osez dire que vous êtes une victime et que
vous vous amusez ici tout juste comme une croûte de
pain derrière une malle. — Ah Çà ! Elodie, vous avez
donc été corrompue de fond en comble par les opérettes
de Jacques Offenbach?

Si la vie d’intérieur telle que je te l’offre ne te con-
viens pas, Elodie, j’avoue que je n’y suis plus. Je jette
ma langue aux chiens. Je me sauve à ma forge de la
Nièvre pour y veiller à la fabrication du fer du matin
au soir. C’est ce que vous voudriez, madame ? Encore
une fois, je ne comprends rien de rien à ce qui se passe.
Il me semble que, depuis que nous sommes venus ha-
biter Paris, on vous a comme changée en nourrice. —
Toi, cette petite Elodie si douce, si modeste, hier encore
si facile à contenter ! Te voilà, à Présent, en voie d’ai-
mer les violons et de jeter ton cœur et ton bonnet par-
dessus les moulins. — Il y a des moments où je crois
que tu lis les romans licencieux d’Hector Malot. — Je
vais t’acheter la gravure représentant \eDuel des pierrots
du sage Gérôme. Ça te calmera-

Qu’est-ce que c’est que ça, madame? — De la colère?
— Des trépignements de pied sur le parquet? —Eh
bien! voyons, expliquez-vous plus clairement. — Est-ce
à cause du chef-d’œuvre du sage Gérôme, cette fureur-
là, ou bien à cause de la robe de soie mauve refusée ? —
Bon! je viens de rouvrir votre blessure, dites-vous. Voilà
que vous vous emportez tout à fait. Elodie, ma belle

enfant, vous êtes bien peu calme pour une fille qui a
été élevée aux Oiseaux. — Je suis un tyran domestique^

— un monstre, — un vampire. — On devrait m’étouffer
entre deux matelas, moi et le sage Gérôme ; c’est con-
venu cela. Elodie ! Elodie ! ne cassez pas cette soucoupe
en vieux Sèvres. J’y tiens, parce que c’est un souvenir
de famille. — Elle a servi jadis au poète Golardeau, qui
était aussi un homme vertueux. — Bon ! cassée ! — La
voilà en dix morceaux, la soucoupe ! — Qu’est-ce que
ces dames bien pensantes vous ont donc appris au cou-
vent? — Est-ce que, de nos jours, les religieuses en-
seignent à leurs élèves l’art de casser la porcelaine de
Sèvres ?

La robe mauve! toujours la robe! —Eh bien! chérie,
nous verrons ça à Pâques. (A part.) — Je veux sauver
mes cristaux ! — Hein ? vous ne voulez pas attendre ;
vous désirez la robe tout de suite, ou sinon... Elodie, ne
portez pas la main à cette aiguière, je vous en conjure.

— C’est un morceau de prix dont on m’a fait présent
après une commande de fer bien exécutée.—La robe,
dites-vous? Mais, mon cher ange, tu l’auras, tu finiras
par l’avoir, cette robe ! — Je n’ai jamais songé un seul
instant à te la refuser. — Mais pourquoi ne consens-tu
pas à attendre jusquà Pâques? — Allons, non, tout de
suite, tout de suite, tout de suite ; eh bien ! soit, tu
l’auras tout de suite. (A part.) Je veux sauver mon ai-
guière en cristal.

elodie (à part). — Il faudra bien que nous allions au
bal des Bêcheville !

fHILÎBERT AUDEBRAND.
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