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Le charivari — 46.1877

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Septembre
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https://doi.org/10.11588/diglit.25491#1033
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FANTAISIES PARISIENNES, PAR A. GRÊVIN

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que au Théâtre-Lyrique, dans la Clc d'or. Or, rei
quez que, lorsque la musique s’empare d’un genre, i
toujours d’un genre expiré. C’est le ver qui se met i
le cadavre,

Lorsqu’on a eu assez de la parodie, l’opérette est
n’a jamais traité plus de grands sujets dramatu
dans les opéras-comiques que depuis le moment oi
grands drames historiques ont cessé de réussir,
jourd’hui ia musique se fait bourgeoise, signe qu
comédie bourgeoise a vécu. Quand on sera las des h
de faubourgs, vous verrez de forts ténors s’avancer
le trou du souffleur, et, posant la main sur le ci
chanter les vers suivants :

* Y voulaient me la faire au gendarme.

ï Mais moi, je veux qu’on mo fiche la paix.., etc.,
te. »

Il y a loin de là au temps où Victor Hugo chantait
lanaris; Canaris, qui vient seulement de mourir. On
tous eût appris la mort de Thémistocle, que cela ne nous
nas surpris davantage. Il y a comme cela des hom-
ui tout d’un coup oublient qu’ils sont morts
■arante ans, et vous envoient inopinément un
“-part. Vous verrez qu’un de ces matins,
s un journal :

k "egret que nous recevons la r ou-

velle de la mort de l’illustre marin Jean Bart. L’asthme
dont il souffrait vivement depuis un siècle et demi a
fini par l’emporter. Tous les Français s’associeront à la
douleur de sa famille. »

Ces choses-là prouvent que la vie n’est pas si courte
qu’elle en a l’air, puisqu’elle dure quelquefois beau-
coup plus que le vivant. Qu’il y aurait de belles choses
à écrire sur le néant de la gloire ! Mais, quand on a eu
l’honneur d’être chanté par Victor Hugo, comme Cana-
ris, on ne saurait inspirer sérieusement Scaramouche.

Une autre mort, non moins intéressante, est celle de
Brigham Young, l’apôtre et le fondateur des Mormons,
une secte qui fera toujours rire les Français, parce
qu’on ne leur ôtera jamais de lu tète qu’elle a pour
devise : « Dieu, l’amour et la bagatelle. » c’est la même
erreur que nous gardons depuis des siècles vis-à-vis
des Orientaux ; et il n’y a pas un farceur en France qui
n’envie le sort d’un monsieur qui a un sérail, et qui ne
soit persuadé que le culte de Mahomet n’est qu’une
vaste rigolade (pour emprunter le style à la mode).

On étonnerait bien les Français si on leur disait qu’il
n’y a pas, sur la terre, de peuple plus polygame
qu’eux-mèmes, et à qui la polygamie soit moins coû-
teuse. On les étonnerait encore davantage, si on leur
disait qu’il n’y a pas de loi plus chaste que la loi de
Mahomet, et que le culte des Mormons est un culte

sévère et non récréatif. N’ayant pas l’intention d’éton-
ner les Français, je ne leur dirai rien de pareil; je me
contenterai seulement de leur conseiller de se conten-
ter de leur état, qui en vaut bien un autre.

Voici bien des enterrements. Des funérailles aux-
quelles nous ne sommes pas près d’assister, ce sont
celles des Cloches de Corneville, qui ont gaiement, l’au-
tre jour, donné leur centième aux pauvres. Excellente
idée, et qui devrait désormais être mise en pratique.

Maintenant que nous n’avons plus de fête nationale,
faute de savoir exactement quelle nation nous sommes,
et que par conséquent il n’y a plus de représentations
gratuites par ordre, ne serait-il pas désirable que tous
les directeurs suivissent l’exemple de M. Cantin, et ou-
vrissent gratuitement leur salle un soir de centième?
Quand une pièce atteint cent représentations, c’est un
grand succès; d’un côté, ce succès met beaucoup d’ar-
gent en caisse, et par conséquent la perte peut se sup-
porter; d’un autre, il est hors de doute que la pièce a
une vraie valeur, et par conséquent c’est celle qu’il con-
vient de faire entendre à la foulel

On le voit, tout plaide pour une décision générale, à
laquelle certainement aucun auteur ne mettra obstacle.
Si l’idée fait son chemin, MM. Cantin et Planquette
auront toujours eu l’honneur de l’avoir lancée.

SCARAMOUCHE.
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