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Le charivari — 46.1877

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LE CHARIVARI

— Ils oseraient?...

— Ces gens-là osent tout. Ils sont capables de
faire un holocauste de leurs adversaires, sous pré-
texte de légalité.

— Mais ce serait monstrueux, épouvantable ! Ce
serait un coup d’Etat... du mauvais côté.

— On les a tellement tourmentés, traqués!... Ce-
pendant, comme tu dis, ce serait peut-être un acte
trop radical ; il est possible qu'ils reculent devant
son exécution.

Vous dire l’agacement produit par cette insinua-
tion sur les nerfs irrités d’Alcide, est plus facile à
penser qu’à décrire. Cette puce mise à son oreille
avait la grosseur de celles qui vous effraient dans le
microscope à gaz.

Il ne voyait que papier blanc partout ; il en rêvait !
Chaque nuit, son exécrable adversaire l’ensevelis-
sait dans une immense profession de foi d’une en-
tière blancheur, en lui répétant à satiété avec la
voix des sorcières de Macbeth : — « Alcide, Alcide,
tu ne seras pas député ! »

Mais hier, l’ami qui lui avait rendu le service si-
gnalé de... l’éclairer sur sa situation, revint le voir.
Sa figure souriante rasséréna tout d’abord le député.

— Fausse alerte, lui dit-il. Les gauches renon-
cent à la Saint-Barthélemy des blancs.

— Tu en es sûr?

— Parfaitement. Je tiens la chose de gens bien
placés pour le savoir.

— Ah! quelle épine tu me tires du pied!... Je
n’en dormais plus, mon ami.

— Tu peux maintenant roupiller sur tes deux
oreilles. Ils ont compris qu’il fallait savoir faire, au
besoin, quelques petites concessions.

— Merci, mon Dieu !

— C’est tout au plus s’ils séviront contre quel-
ques-uns d’entre vous.

— Lesquels? lesquels?

— Naturellement... ceux qui auront eu le moins
de voix.

Derrière cette parole cruelle, le chiffre 36 flam-
boya aux yeux de l’infortuné.

Puis, ironie amère, sa petite fille, jouant le soir
même aux jeux innocents, s’avança vers lui en lui
demandant très-sérieusement : «Papa, si j’étais
petit papier, que ferais-tu de moi? »

Louis Leroy.

THÉÂTRES

OPÉRA. — La Favorite, débuts de MUo Richard.

On se rappelle l’éclatant succès de la jeune ar-
tiste au dernier concours du Conservatoire.

Après un triomphe aussi exceptionnel, la place
de Mllc Richard était toute marquée à l’Opéra.

Pour son rôle de début, elle a choisi la Favorite,
ce tremplin de tous les contralti. Dès son appari-
tion, la débutante a pu sentir dans la salle un fré-

UN AMOUR

EN SIX FEUILLES DE PAPIER A LETTRE

HISTOIRE VRAIE.

Première feuille de papier à lettre.

Il l’avait rencontrée à une première de l’Athénée.

Il, c'était Léonard Duplantin, commis principal au
ministère de l’intérieur.

Elle, c’était une adorable créature dont les yeux... la
bouche... le nez... le front...

Pour plus amples détails, relire les descriptions de
tous les romanciers... ou de tous les amoureux.

Leuis regards s’étaient entrechoqués pendant un
entr’acte.

Coup de foudre !

11 l’avait suivie.

missement de bienveillant augure, fait pour la ras-
surer.

En effet, elle a semblé se soustraire complète-
ment à Yémotion inséparable. Peul - être même au-
rait-il été à souhaiter qu’elle en eût gardé quelque
chose, ce trop d’aplomb pouvant compromettre les
progrès de l'avenir.

C’est pour la même raison que je conseille en
toute sincérité à M110 Richard de ne prendre comme
comptant que la moitié des bravos qui lui ont été
prodigués et de considérer le reste comme une
avance.

Hâtons-nous d’ajouter que son talent est plus
que solvable.

Il y a là une vraie nature, douée à profusion.

L’extérieur conquiert la sympathie par les yeux.
La voix charme les oreilles par sa puissance, par
son velouté, par sa passion.

Il ne reste plus qu’à fondre les nuances, qu’à
pratiquer sur tout cela une opération analogue à
celle qui s’appelle, en horlogerie, repasser une
montre.

Mais, dès à présent, M11» Richard est pour l’Opéra
une acquisition précieuse.

Nous félicitons M. Halanzier de s’être fait le Le-
verrier de cette étoile.

Pierre Véron.

THÉÂTRE CLUNY : Les Six Parties du Monde,
par M- Louis Figuier.

La représentation burlesque où les éclats de rire
ont mis la solidité du Théâtre-Cluny à une si rude
épreuve, est venue démontrer que la théâtrite
aiguë est une maladie contagieuse.

Mm0 Louis Figuier en avait été atteinte la pre-
mière. Son mari en est victime à son tour.

Regrettable application du régime de la commu-
nauté !

M. Louis Figuier s’est complètement fourvoyé en
confondant la scène et l’école primaire.

Son petit cours familier de géographie en action
aurait peut-être été écouté jusqu’au bout à la dis-
tribution des prix d’un pensionnat où les élèves
auraient récité leurs rôles comme on récite des le-
çons.

Mais qu’allait-il taire dans la galère dramatique
dont, on ne sait pourquoi, il s’est avisé de donner
le commandement à l’amiral Dumont d’Urville ?

Pauvre amiral ! Tous les malheurs lui étaient
réservés!

Mourir dans un wagon du chemin de fer de Ver-
sailles avait semblé être le comble d’un destin
cruellement ironique.

On n’avait pas prévu le supplément de rigueur,
qui consiste à renaître dans une pièce de M. Fi-
guier.

On ne raconte pas l’inénarrable.

Le public a pris la chose en gaieté. D’un bout à
l’autre, ce n’a été qu’une pâmoison.

Aux Six Parties du Monde énumérées par M. Fi-

II avait su son adresse d’abord. Son nom ensuite, en
soudoyant la concierge.

Et le lendemain, prenant la première feuille d’un ca-
hier de papier à lettres marqué à son chiffre, il lu;
écrivait :

« Mademoiselle,

» Bien téméraire vous paraîtra sans doute ma démar -
che.

» Mais je ne saurais étouffer le cri d’un amour qui, je
le sens bien, doit décider de ma vie entière.

» Qui je suis, la suite de cette lettre vous le dira.

» Mais auparavant, laissez-moi vous parler de vous-
De vous, dont la beauté rayonnante, dont la charmante
candeur... »

Il y en avait quatre pages pleines.

Toutes les quatre sur ce ton dithyrambique.

Quand il eut achevé, Léonard Duplantin, dont le
cœur battait à rompre sa poitrine (encore quelque chose
qu’on n’a jamais dit!), alla lui-même} déposer la lettre
chez la concierge, avec cent sous et autant de recom-
mandations.

Seconde feuille de papier à lettre.

Léonard Duplantin écrit à son meilleur ami, à son in-
time confident :

« Tu dois, mon cher Paul, bien t’étonner de ma dis-
parition subite. Huit jours sans me voir, alors que tous

guier s est ajoutée une parlie de plaisir sur laquelle
il n avait pas compté, l’infortuné.

Morale :

A chacun son métier.

Que M. Figuier continue à faire de la science fa-
cile dans ses livres. Mais qu’en faisant profiter les
autres de scs leçons, il profite lui-même de celte
qu’il vient de recevoir.

Un seul point noir a obscurci la [folâtrerie de la
soirée. On pensait au terrible mécompte du sympa-
thique directeur qui a dépensé pour cette œuvre
avortée des costumes et des décors dignes d’un
soi t meilleur.

Bonne occasion pour un auteur qui aurait à pla-
cer un drame japonais. Il y a là une mise en scène
d’occasion qu’on pourrait utiliser.

André Laroche;

P. S.— Aux dernières nouvelles, j’apprends que,
dans la journée d’hier, plusieurs personnes sont al-
lées au cimetière Montparnasse déposer des cou-
ronnes de condoléance sur la tombe du brave ami-
ral Dumont d’Urville.

On ne dit pas que M. Louis Figuier ait été dans
le nombre.

A. i..

----

CHRONIQUE DU JOUR

J’ai fait, 1 autre nuit, un rêve assez émouvant ; et je
veux vous le raconter, afin que vous puissiez l’essayer
ce soir pour occuper un peu votre sommeil.

Le temps avait rétrogradé, ce qui est en dehors de
ses habitudes.

Nous é,tions en 1868 ou 60... Le gouvernement d’alors
était déjà plus que discuté; on commençait à le con-
tester. Il était mine en dessous.

— Je vois ce que c’est, disait le principal locataire
des Tuileries, qui depuis longtemps n’avait parlé ; on
voudrait faire croire à mes sujets que ma couronne
n’est point solidement fixée sur ma tête ; que mon trône
a besoin de réparations à ses quatre pieds; que mon
sceptre et ma main de justice ne sont que des acces-
soires de théâtre... Parbleu! je veux faire une expé-
rience qui, si elle réussit, sera concluante !

Et ayant dit, il sonna ses ministres à qui il donna
quelques ordres...

(La suite au prochain chapitre... Je veux, en effet,
exprimer typographiquement que mon rêve s’est fait
en deux fois, parce que je m’étais éveillé pour me de-
mander s’il était prudent et hygiénique de le conti-
nuer?... Le palais des Tuileries est si exposé aux mias-
mes de la Seine, que la plupart de ceux qui l’ont ha-
bité ont mal fini.)

M’étant repris à dormir, voici ce que je vis :

Tous les préfets dévoués au régime impérial avaient
été balayés d’un coup de décret, et remplacés par des
républicains éprouvés, avec cela actifs et tres-fervents
à leur drapeau.

Des mesures semblables avaient été prises à l’égard
des procureurs généraux, des gardes champêtres, des
sous-préfets, des juges de paix, des maires, de tous les
fonctionnaires enfin.

Une fois ces précautions prises, le peuple français
avait été convoqué pour élire une Chambre des dé-
putés.

Mais afin que l’expérience fût plus probante encore,
les ministres avaient exercé la plus épouvantable pres-
sion sur l’esprit des électeurs, en ne laissant la parole

les soirs nous nous retrouvions ensemble à notre café
habituel!

» C’est que ma vie, d’ordinaire si monotone, vient
d’être traversée par un de ces événements qui ou e-
versent et régénèrent.

» J’aime !... Et celle que j’aime est digne de toutes
les tendresses. Sa vieille mère, une de ces vénérables
bourgeoises dont le visage respire onneteté patriar-
cale, a daigné agréer mes instances.

« Elle m’a autorisé à lui faire a cour.

» Ce n’est pas une femme vulgaire au moins.

» Elle ne m’a pas, comme les autres auraient fait,
posé tout d’abord la question préalable du mariage.

» Au contraire, elle a sur ce sujet les idées d’une
largeur admirable.

» Il faut se connaître pour s’aimer et s’aimer avant
de s’épouser, dit-elle.

» Ma Léonie pense comme sa mère.

» Je vis depuis une semaine dans la maison de
cet ange-

» Excuse-moi donc, mon cher Paul, si je semble
m’éloigner de toi et des amis. Mon souvenir reste près
de vous.

» Ah ! je suis bien heureux ! »

Troisième feuille de papier à lettre.

« Mon bon oncle,

» Je ne vous ai jamais importuné par mes demandes
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