boutons de lotus ; un renard chasseur qui fuit emportant entre les dents un énorme
poisson, produit de sa maraude. Le choix des sujets est si varié que l’on ne finirait
pas de les décrire.
La mode qui fit naître ces délicieux objets fut d’assez courte durée et limitée, ou
peu s’en faut, à la période du Nouvel empire. Elle fut aussi, semble-t-il, presque
entièrement localisée à Thèbes. C’est dans les opulentes nécropoles de cette ville que
les fouilleurs découvrirent, au commencement du siècle dernier, la plupart de ceux qui
figurent dans les musées d’Europe et dont le musée du Louvre conserve une série
incomparable. On en a bien trouvé, il est vrai, accidentellement et en petit nombre,
dans plusieurs autres lieux, à Touna, par exemple, ainsi qu’au Fayoûm. Mais leur fac-
ture révèle la main des ouvriers thébains ou d’artisans formés dans les ateliers de cette ville.
Leur rareté est devenue à l’heure actuelle très grande, et c’est là l’indice certain d’une
industrie restreinte et de vogue passagère.
La collection Fouquet possède un excellent spécimen de ces cuillers à fards
(pi. XVI). Elle est en bois
représente un oryx ligoté, préparé pour l’abatage. L’animal est couché sur le flanc,
la gorge tendue au couteau du sacri-
ficateur. Le corps de la bête, évidé sur l’une de ses faces, constitue un récipient
assez vaste pour recevoir les onguents ; la tête, coiffée des longues cornes droites .et
, mesure 0,227 rnill. de long et provient de Thèbes. Elle
les quatre membres liés ramenés sous le ventre,
dessine une sorte de manche qui
permet de saisir l’objet.
C’est merveille de voir avec quelle subtilité le sculpteur a rendu la ligne trapue de
l’animal robuste, la saillie des muscles contractés, l’expression de détresse qu’il a su
mettre dans l’œil dilaté de la pauvre bête, inquiète du sort qui lui est réservé, et toute
frémissante encore, sous les liens qui la matent, de la lutte qu’elle vient de soutenir
contre les bouviers qui l’ont terrassée.
Une autre jolie sculpture sur bois mérite aussi de retenir l’attention. Ce n’est
qu un fragment de 0,15 cent, de haut (voir pl. XII, fig. 2), mais la pureté du
style et 1 heureuse harmonie de la composition en font un morceau de choix.
Une tête de bouquetin jaillit du calice stylisé de la fleur qui symbolisait l’Egypte
du sud. Sur les cornes recourbées de la bête, dont les pointes viennent rejoindre la
nuque, une sorte d’abaque repose, coupé en biseau et se terminant par un tenon.
L’ensemble donne assez exactement l’impression d’un de ces chapiteaux composites
qui couronnent les colonnettes placées en façade de certains édicules construits en bois ;
il fait aussi penser à un pied de meuble léger, d’un siège par exemple.
Un examen attentif démontre qu’aucune de ces attributions n’est possible, pour
plusieurs raisons. La pièce est beaucoup trop petite pour avoir été utilisée comme chapi-
teau, et sa section elliptique écarte toute idée de support; il est évident, de plus, que la
tige de la fleur sur laquelle la tête de bouquetin s’appuie n’était pas rectiligne mais
prolongée par le cou tendu de toute sa longueur,
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poisson, produit de sa maraude. Le choix des sujets est si varié que l’on ne finirait
pas de les décrire.
La mode qui fit naître ces délicieux objets fut d’assez courte durée et limitée, ou
peu s’en faut, à la période du Nouvel empire. Elle fut aussi, semble-t-il, presque
entièrement localisée à Thèbes. C’est dans les opulentes nécropoles de cette ville que
les fouilleurs découvrirent, au commencement du siècle dernier, la plupart de ceux qui
figurent dans les musées d’Europe et dont le musée du Louvre conserve une série
incomparable. On en a bien trouvé, il est vrai, accidentellement et en petit nombre,
dans plusieurs autres lieux, à Touna, par exemple, ainsi qu’au Fayoûm. Mais leur fac-
ture révèle la main des ouvriers thébains ou d’artisans formés dans les ateliers de cette ville.
Leur rareté est devenue à l’heure actuelle très grande, et c’est là l’indice certain d’une
industrie restreinte et de vogue passagère.
La collection Fouquet possède un excellent spécimen de ces cuillers à fards
(pi. XVI). Elle est en bois
représente un oryx ligoté, préparé pour l’abatage. L’animal est couché sur le flanc,
la gorge tendue au couteau du sacri-
ficateur. Le corps de la bête, évidé sur l’une de ses faces, constitue un récipient
assez vaste pour recevoir les onguents ; la tête, coiffée des longues cornes droites .et
, mesure 0,227 rnill. de long et provient de Thèbes. Elle
les quatre membres liés ramenés sous le ventre,
dessine une sorte de manche qui
permet de saisir l’objet.
C’est merveille de voir avec quelle subtilité le sculpteur a rendu la ligne trapue de
l’animal robuste, la saillie des muscles contractés, l’expression de détresse qu’il a su
mettre dans l’œil dilaté de la pauvre bête, inquiète du sort qui lui est réservé, et toute
frémissante encore, sous les liens qui la matent, de la lutte qu’elle vient de soutenir
contre les bouviers qui l’ont terrassée.
Une autre jolie sculpture sur bois mérite aussi de retenir l’attention. Ce n’est
qu un fragment de 0,15 cent, de haut (voir pl. XII, fig. 2), mais la pureté du
style et 1 heureuse harmonie de la composition en font un morceau de choix.
Une tête de bouquetin jaillit du calice stylisé de la fleur qui symbolisait l’Egypte
du sud. Sur les cornes recourbées de la bête, dont les pointes viennent rejoindre la
nuque, une sorte d’abaque repose, coupé en biseau et se terminant par un tenon.
L’ensemble donne assez exactement l’impression d’un de ces chapiteaux composites
qui couronnent les colonnettes placées en façade de certains édicules construits en bois ;
il fait aussi penser à un pied de meuble léger, d’un siège par exemple.
Un examen attentif démontre qu’aucune de ces attributions n’est possible, pour
plusieurs raisons. La pièce est beaucoup trop petite pour avoir été utilisée comme chapi-
teau, et sa section elliptique écarte toute idée de support; il est évident, de plus, que la
tige de la fleur sur laquelle la tête de bouquetin s’appuie n’était pas rectiligne mais
prolongée par le cou tendu de toute sa longueur,
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