Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
ij DISCOURS

joignoient le Port à la Ville ; fous ces forêts antiques d'oliviers & de plata-
nes , fe promenoient Démoffhène, Socrate : j'y voyois Afpafie : cet édifice
impofant que le tems a refpefté, & que le foleil près de l'horiibn dore de
fes feux , c'eft le monument que dédièrent à Tliéfée les Grecs vainqueurs
à Salamine ; & déjà fur le fommet de îa Citadelle, s'apperçoivent les ruines
précieufes de ce temple de Minerve, chef-d'œuvre des arts de 1'Attique ,
dans le beau fiecle de Périclès.

Mais après ces premiers inftans d'illufions, je ne tardois pas à m'apper-
cevoir que j'étois auffi venu chercher bien loin de jufles & fréquens re-
grets. Je fentois tout ce qui me manquoit pour tirer de mon voyage une
utilité réelle , & qui en auroit accru l'intérêt pour moi-même ; je fentois
qu'il auroit fallu joindre aux connoiffances ordinaires fur l'Hiftoire grec-
que , des connoiffances plus étendues fur les antiquités, fur les différentes
parties de la Phyfique & de l'Hiftoire naturelle, & fur tout ce concours de
vues néceffaires pour bien juger de l'état politique & civil d'une Nation ;
enfin j'eus le regret d'avoir fait ce voyage fept ou huit ans trop tôt ; c'eft
en effet avec les yeux de la maturité qu'il importoit de voir un tel pays,
& peut-être en général cil-ce dans cette époque qu'il faudroit placer
les voyages. Dans la première jeuneffe, on n'a pu s'enrichir de toutes les
connoiiïances convenables ; & quand l'efprit feroit alors dans fa force ,
ce qui n'eft vrai qu'à l'égard d'un très - petit nombre d'êtres privilégiés,
il n'a pas encore l'étendue dont il cil fufceptible , & qu'il acquiert avec
le tems ; il ne peut fufHre à tant d'obfervations de genres- différens ; &
d'ailleurs, il voit la plupart des objets à travers l'enthoufiafme qui les exa-
gère où, ce qui eft encore pis, il en voit quelques-uns avec un défaut
d'intérêt qui les anéantit. Dans un âge plus avancé, les lumières font, il eft
vrai, plus étendues, mais on a perdu en partie cette vivacité de fenfations
qui fait le charme des voyages, qui fe répand fur les objets obfervés par
le Voyageur, & fur l'image qu'il en retrace dans fes récits : on s'eil alors
trop fouvent formé une ftérile habitude de ne voir, de ne fentir que par
les livres, & d'en adopter les préjugés. L'imagination eft affbiblie, & c'eft
trop perdre en parcourant ces beaux climats, que de perdre les plaifirs
dont elle eft la fource. Ils tiennent pour la plupart à des idées & à des fen-
timens qui, dans nos conftitutions modernes, ne furvivent gueres à la pre-
mière jeuneffe. Ce noble enthoiifiafme , cette admiration paffionnée pour
d'antiques vertus qui ne font plus à notre ufage, l'homme trop inftruit par
 
Annotationen