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Baldinger, Kurt; Möhren, Frankwalt [Hrsg.]; Städtler, Thomas [Hrsg.]; Heidelberger Akademie der Wissenschaften / Kommission für das Altfranzösische Etymologische Wörterbuch [Mitarb.]; Baldinger, Kurt [Bearb.]
Dictionnaire étymologique de l'ancien français: [DEAF] (H): H — Tübingen: Max Niemeyer Verlag, 1997

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https://doi.org/10.11588/diglit.59355#0089
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HARA

justifiés. En même temps, l’étymon abfrq. *HARA
“hierher” (“(par/vers) ici”), FEW 16,151a, proposé
par Diez5 612(4), s’avère peu approprié pour servir de
base aux mots réunis ici (le mot abfrq. est vraiment
attesté, mais sous la forme de hiera\ 10es. PsWachtK
72,10, p. 94 ; Kyes 41 ). Il vaut mi eux revenir à Meyer-
Lübke qui proposait une origine onomatopéique pour
hare, hari, hara (aussi harel, haroder) et, comme
possibilité alternative (au lieu de aha. harên “crier”),
pour harer, harier(y. REW 4043). Gam2 513 observe
à juste titre que aha. harên fait difficulté; il fait dériver
haler/harer (d’où harasser, ib. 516b) de afr. hare/
haie, mais ne se prononce pas sur cette interjection.
On peut en effet mettre au centre du présent
groupement lexical une interj. HARA qui sert à attirer
l’attention, à faire avancer des bêtes etc. Elle ne doit
pas être considérée, de façon monolithique, comme
un étymon donnant naissance à des dér., mais comme
un élément variable dont les formes trouvent leurs
reflets en afr. *hara / hare/hâle/hari/haro (v. ci-
dessous) (aussi *hàraT). Ce HARA n'est pas isolé:
cf. occ. arri, cri pour faire avancer les bêtes de
trait ou de somme dès 1356 Leys Am. éd. Gatien-
A. 2,430; Rn 2,127a, it. arri, dep. 14es., Battaglia
1,686c; esp. arre, aesp. harre, dep. lem. 14es. Juan
Ruiz (harre, var. ms. 1343/arre), Corom2 1,349b (à
comparer avec esp. hala, cri pour attirer l’attention
de qn, Corom2 3,304b; ala Cid; argent, haro, cri
pour interrompre une dance, Corom2 3,305a n. 1 ; esp.
jalear “diriger (les chiens) par certains cris”, Corom2
3,305a); cat. arri, dep. 14es., AlcM 2,24b; CoromCat
1,423b, hala, AlcM 6,485a; port, arre, dep. 1526,
Mach 1995 1,315b; basque arre/arri, Lôpelmann
1,97 [‘prob. rom.’]; ar. harr/arri, CoromCat 1,424a.
Corommas n’a pas tort de penser que 1’‘étymon’
en est RR, interj. consonantique pour faire avancer
les bêtes (Corom2 1,350a). On pourrait en principe
séparer étymologiquement les formes à -r- de celles
à -l-, mais cp. ici harer/haler etc. — Du fr.: mha.
harajou, Lexer [< hara + harou], hare, fin 14es. ?,
Find; mangl. haie a cry to call attention, MED 4,440a,
harou/hareu a cry of distress, MED 4,501a; harrï a
command to a horse, MED 4,504a15’.
Comme les mots afr. réunis ici ne forment pas
une famille compacte mais sont à considérer comme
des formes collatérales plus ou moins indépendantes,
le présent article ne donne pas l’impression d’un
141En fait, il parle de aha. hera/hara en rapport
avec haro (appel à l’aide) et allègue aha. harên
pour har(i)er etc. Le REW 4043 ne le suit que
partiellement.
15lCp. mangl. harraunte, MED 4,503b: “shouting,
yelling” non assuré.

tout organique: — hara, interj. destinée à attirer
l'attention, apparaît en mfr. seulement; — hare, 1°,
même emploi, est attesté une fois au 13es. et une fois
au 15es., comme t. de chasse (2°) dep. 1377/ 1374,
mais hare 3°, cri marquant la fin d’une foire, dès
le début du 13es. (on aurait pu postuler l’existence
de deux hare différents, surtout que 3° est nettement
confiné à une seule région, mais cette limitation ne
relève sans doute pas du mot lui-même, mais du
caractère strictement juridique de la désignation liée
à la tradition des foires de Champagne); — haras,
harace et harer, termes de chasse, dérivent de hare
2°, en principe aussi harïer “harceler”, mais v.
sous ce mot; — hari, cri pour faire avancer les
bêtes, est attesté plus anciennement que hare 2°,
mais doit en être une forme collatérale; — haler et
halloer, tous les deux t. de chasse, mais d’époques
et de régions très différentes, semblent dériver d'une
interj. variante à -l-, v. ces mots ci-dessous (aussi
halou) et -> HALLOER16’; — haro, harou et hareu,
interjections destinées à attirer l’attention, posent
le problème supplémentaire qu’elles peuvent être
considérées comme formes collatérales entre elles,
ou comme var. phonétiques d’un seul mot (v. la
discussion sous haro ci-dessous); il saute aux yeux
que les termes juridiques, hare 3° et harol-ou!
-eu, sont les mots les plus anciennement attestés
du groupement17’; — haroge (avec harougement et
*harogeousement) est très problématique, son origine
reste à expliquer, v. ci-dessous s.v.
Dans l’état actuel des recherches on n’a pas de
certitude sur l’histoire de chacun des mots réunis
ici, sur le groupement effectué ou sur la base
onomatopéique commune supposée: il est p.ex. vrai
que haro! -ou/ -eu comme terme du droit normand
est attesté surtout en Normandie (cp. RoquesRég
264 «assez nettement normanno-picard en débordant
d’ailleurs hors de ce domaine dans le Centre-Ouest»),
mais ce mot couvre, du moins avec son sens plus
général, pratiquement tout le domaine d’oïl; harer est
attesté en champ, mérid., norm. et à Paris, hari plutôt
(6’Gdf a réuni harer et haler sous HALER, TL sous
HARER. Cf. encore ha-la-ou 1377 GaceBuigneB et
hau-lo ib., que nous n’avons pas traités. L’explication
du -Z- dans TLF 9,653a ne convainc pas: «La forme
haler provient sans doute d’une dissimilation des
deux -r-, occasionnée par l’inf. et le futur..., et qui a
gagné les autres mots de la famille.»
1 TLF 9,694b explique haro sous ‘Etymol. et
Hist.’: «Dér. en -o* de hare [= hare 3°: foire]»; un
suffixe -o est bien analysé dans TLF 12,324b: c’est
le -o argotique du genre écolo, rigolo..., qui n’a rien
à voir avec la finale de notre haro.

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