HARA1
hairo ChansOxfS 4,168,1,5; 11,5, haroi ChansOxfS
4,24,IV,4*30’, /zéro'3" EstampiesS 1,16, [mfr. harau v.
Espe 42; Hu 4,446b])
♦ 1° interj. destinée à attirer l’attention (souvent
sur qn en détresse) et éventuellement à susciter du
secours (dep. ca. 1180, MarieFabW 15,33 [(l’âne
attaque qn) Pur un petit ne l’a crevé, Se U sire
n’eüst crié Haro, haro (ms. mil. 13es.; var. harou,
hareu, ahi), aidiez, a meü; éd. O id.]; PrestreAlisMé
397 [Haro, le feu /]; ChansOxfS V 26,1 (13es., ms.
lerq. 14es.); RaynMotets 1,248,40 (= BartschChrest
66a,21, var. hareu); MenReimsP 96C [li prisons
escapa..les gardes... crièrent haro, haro / (ms. pic.
ca. 1300; MenReimsW § 164 hahai) et le queroient
parmi l’osf]; BerteH 376; SegrMoine’N 252 (ms.
bourg, fin 13es.; = Méon 1,326); RenM II 383 var.
ms. fin 13es. (= RenR 4403); DarmesteterRel p. 225
[E dit: haro! j’ar tos (“je brûle tout entier”); Est
ca. 1300]; EstampiesS 1,16; SegrMoine2N ms. B
821; doc. 1t. Paris 1320 DC [clamando haro, haro,
ad focum, ad focum]; Apol’L 92,24; ChansOxfS
4,24,IV,4 (pic.; lorr.); GirRossAlH 659<32); Paris
ca. 1339 MirNDPersP 1,1328; 3,274 [Haro, Zas;prob.
1341]; 908 [Haro! dejoye vueilaller]; 5,671; 6,1157;
GuillMachH 1,250,3295, TL 4,928; DC 4,171a; Gdf
4,426c; Boogaard p. 162; Li 4,1985b; Espe 41; R
68,97'33’; BartschChrest; LevyTrés 129a; DiStefLoc
426c; TLF 9,694a; FEW 16,150b); ♦ [id. ?, comme
nom propre (doc. Paris 1297, Taillel297M 122 [Mar-
tin de Biauvez, cordoanier; Girart haro, son com-
paignon]);* subst. m. “ensemble de cris tumultueux,
souvent de qn en détresse, et destinés à susciter du
secours” (dep. 1353, MirNDPersl5R 704 [Dame...
Vous avez en vostre dormant En ce bain noié vostre
enfant... Ha! Lasse... (Le Sergent) J’oy haro de
femmes ensembleLeens... Savoirvueil bien Qu’avez
ceens a cy crier]; 1253 [(récit du même fait) Le haro
conmança si grant], Gdf 4,427b [Froiss etc.]; Hu
4,446b; TLF 9,694b; FEW 16,150b).
♦ 2° subst., t. de droit “cri d’appel à l’aide
poussé soit par une victime, rendant obligatoire
Att. isolée dans un ms. lorr. lem. 14es.; corres-
pond à hareu RomPast III 51,41 ; var. lorr. plutôt que
forme distincte.
13 "Cette forme est plutôt une var. lorr. [a > e, sous
certaines conditions) qu’une interj. différente. Espe
41 * 116es.’ erroné: texte déb. 14es., ms. lem. 14es.
1 Texte bourg. — L’emploi de haro est prob.
ironique; cp. TL 4,930,31.
l33’Foulet y traite de VillonTestR 954: haro, bien
qu’interj., se rapprocherait de haro subst. (le grand
haro > haro, le grant et le mineur); cp. 2° ci-dessous.
Cf. la note de l’éd. Rychner / Henry.
l’intervention des auditeurs, soit par les témoins d’un
crime donnant droit à chacun d’arrêter le coupable,
soit pour donner une certaine valeur légale à un
acte”*34’ [Cf. harou 2° et hareu 2° ci-dessous:
ces formes sont attestées comme interj. et comme
substantivations. On pourrait les considérer comme
un seul mot avec des var. phonético-chronologiques
ou régionales, surtout comme harou prévaut en
norm. et hareu en pic., lorr. et francien (cp. pour la
phonétique GoeblNormp. 177ss.). Mais il est difficile
de réunir les trois interj. sur la foi de ce sens (le
FEW les distingue). Nous comprenons donc haro,
harou et hareu comme interj. collatérales avec une
affinité phonologique certaine, mais distinctes par
leur qualité d’interj. Le sens 2° ajoute une affinité
sémantique (le FEW ne donne pas le sens pour hareu
et ne laisse pas voir nettement l’identité du sens sous
harou et haro). Seul haro survit comme t. jurid.,
surtout en rapport avec la Normandie, bien que la
forme norm. ‘normale’ ait été harou. L’étymologie
populaire du terme (v. note 40) ne fonctionne qu’avec
harou. [LathamDict 1136c donne seulement harou
qui proviendrait du fr. haro, mais c’est le norm.
harou.]]
([surtout norm.] dep. 1280, doc. norm. 1280
ms. fin 13es. [(les religieux de Saint-Pierre-sur-Dive
doivent connaître) toutes les causes de sanc et de
plaie sanz cri de haro et de cri de haro sanz sanc
et sanz plaie, Pissard La clameur 52, à vérifier];
[doc. 1312, registre, Ord 1,507]; doc. norm. 1320
PlaidsMortemerG § 4; 6 [meffet de cors d’entr’euls
fet a cri de haro, a sanc et a plaie]; 21 [héritage
troublée par entr’euls a cri de haro'^']; 28; 29;
4lCp. en frm. clameur de haro, cri de rescousse. En
afr., le terme courant est cri (cri ca. 1150 LoisGuillL
§ 4; lever le cri CoutBretP § 144; 145; 148; aler
au cri ib. 148; cri ou... renomee EtSLouisV 2,387;
cp. à Paris: lèvent clamorem ad quem omnes qui
ilium audierint currere teneantur, BoutaricFourgeot
1, n° 213; clamor patrie qui dicitur harou Summa
dans CoutNormT 2,62; etc.). Le cri et sa condition
légale existait bien dans tout le domaine d’oïl, mais
la ‘clameur de haro’ avait une qualité particulière
dans le droit du duché de Normandie jusqu’au 18es.
(v. H. Pissard, La clameur de haro dans le droit
normand, Caen 1911, avec nombre de renvois à
des sources latines ou fr., actes orig., cartulaires ou
éditions, qui n’ont pas été suivis tous pour le présent
article — faute de temps; cp. aussi L. L. Hammerich,
Clamor, Kpbnhavn 1941), 62ss.; cf. hareu 2° ci-
dessous: Beauvaisis.).
133'Le syntagme fréquent cri de haro montre que
haro conservait encore sa valeur d’interjection.
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hairo ChansOxfS 4,168,1,5; 11,5, haroi ChansOxfS
4,24,IV,4*30’, /zéro'3" EstampiesS 1,16, [mfr. harau v.
Espe 42; Hu 4,446b])
♦ 1° interj. destinée à attirer l’attention (souvent
sur qn en détresse) et éventuellement à susciter du
secours (dep. ca. 1180, MarieFabW 15,33 [(l’âne
attaque qn) Pur un petit ne l’a crevé, Se U sire
n’eüst crié Haro, haro (ms. mil. 13es.; var. harou,
hareu, ahi), aidiez, a meü; éd. O id.]; PrestreAlisMé
397 [Haro, le feu /]; ChansOxfS V 26,1 (13es., ms.
lerq. 14es.); RaynMotets 1,248,40 (= BartschChrest
66a,21, var. hareu); MenReimsP 96C [li prisons
escapa..les gardes... crièrent haro, haro / (ms. pic.
ca. 1300; MenReimsW § 164 hahai) et le queroient
parmi l’osf]; BerteH 376; SegrMoine’N 252 (ms.
bourg, fin 13es.; = Méon 1,326); RenM II 383 var.
ms. fin 13es. (= RenR 4403); DarmesteterRel p. 225
[E dit: haro! j’ar tos (“je brûle tout entier”); Est
ca. 1300]; EstampiesS 1,16; SegrMoine2N ms. B
821; doc. 1t. Paris 1320 DC [clamando haro, haro,
ad focum, ad focum]; Apol’L 92,24; ChansOxfS
4,24,IV,4 (pic.; lorr.); GirRossAlH 659<32); Paris
ca. 1339 MirNDPersP 1,1328; 3,274 [Haro, Zas;prob.
1341]; 908 [Haro! dejoye vueilaller]; 5,671; 6,1157;
GuillMachH 1,250,3295, TL 4,928; DC 4,171a; Gdf
4,426c; Boogaard p. 162; Li 4,1985b; Espe 41; R
68,97'33’; BartschChrest; LevyTrés 129a; DiStefLoc
426c; TLF 9,694a; FEW 16,150b); ♦ [id. ?, comme
nom propre (doc. Paris 1297, Taillel297M 122 [Mar-
tin de Biauvez, cordoanier; Girart haro, son com-
paignon]);* subst. m. “ensemble de cris tumultueux,
souvent de qn en détresse, et destinés à susciter du
secours” (dep. 1353, MirNDPersl5R 704 [Dame...
Vous avez en vostre dormant En ce bain noié vostre
enfant... Ha! Lasse... (Le Sergent) J’oy haro de
femmes ensembleLeens... Savoirvueil bien Qu’avez
ceens a cy crier]; 1253 [(récit du même fait) Le haro
conmança si grant], Gdf 4,427b [Froiss etc.]; Hu
4,446b; TLF 9,694b; FEW 16,150b).
♦ 2° subst., t. de droit “cri d’appel à l’aide
poussé soit par une victime, rendant obligatoire
Att. isolée dans un ms. lorr. lem. 14es.; corres-
pond à hareu RomPast III 51,41 ; var. lorr. plutôt que
forme distincte.
13 "Cette forme est plutôt une var. lorr. [a > e, sous
certaines conditions) qu’une interj. différente. Espe
41 * 116es.’ erroné: texte déb. 14es., ms. lem. 14es.
1 Texte bourg. — L’emploi de haro est prob.
ironique; cp. TL 4,930,31.
l33’Foulet y traite de VillonTestR 954: haro, bien
qu’interj., se rapprocherait de haro subst. (le grand
haro > haro, le grant et le mineur); cp. 2° ci-dessous.
Cf. la note de l’éd. Rychner / Henry.
l’intervention des auditeurs, soit par les témoins d’un
crime donnant droit à chacun d’arrêter le coupable,
soit pour donner une certaine valeur légale à un
acte”*34’ [Cf. harou 2° et hareu 2° ci-dessous:
ces formes sont attestées comme interj. et comme
substantivations. On pourrait les considérer comme
un seul mot avec des var. phonético-chronologiques
ou régionales, surtout comme harou prévaut en
norm. et hareu en pic., lorr. et francien (cp. pour la
phonétique GoeblNormp. 177ss.). Mais il est difficile
de réunir les trois interj. sur la foi de ce sens (le
FEW les distingue). Nous comprenons donc haro,
harou et hareu comme interj. collatérales avec une
affinité phonologique certaine, mais distinctes par
leur qualité d’interj. Le sens 2° ajoute une affinité
sémantique (le FEW ne donne pas le sens pour hareu
et ne laisse pas voir nettement l’identité du sens sous
harou et haro). Seul haro survit comme t. jurid.,
surtout en rapport avec la Normandie, bien que la
forme norm. ‘normale’ ait été harou. L’étymologie
populaire du terme (v. note 40) ne fonctionne qu’avec
harou. [LathamDict 1136c donne seulement harou
qui proviendrait du fr. haro, mais c’est le norm.
harou.]]
([surtout norm.] dep. 1280, doc. norm. 1280
ms. fin 13es. [(les religieux de Saint-Pierre-sur-Dive
doivent connaître) toutes les causes de sanc et de
plaie sanz cri de haro et de cri de haro sanz sanc
et sanz plaie, Pissard La clameur 52, à vérifier];
[doc. 1312, registre, Ord 1,507]; doc. norm. 1320
PlaidsMortemerG § 4; 6 [meffet de cors d’entr’euls
fet a cri de haro, a sanc et a plaie]; 21 [héritage
troublée par entr’euls a cri de haro'^']; 28; 29;
4lCp. en frm. clameur de haro, cri de rescousse. En
afr., le terme courant est cri (cri ca. 1150 LoisGuillL
§ 4; lever le cri CoutBretP § 144; 145; 148; aler
au cri ib. 148; cri ou... renomee EtSLouisV 2,387;
cp. à Paris: lèvent clamorem ad quem omnes qui
ilium audierint currere teneantur, BoutaricFourgeot
1, n° 213; clamor patrie qui dicitur harou Summa
dans CoutNormT 2,62; etc.). Le cri et sa condition
légale existait bien dans tout le domaine d’oïl, mais
la ‘clameur de haro’ avait une qualité particulière
dans le droit du duché de Normandie jusqu’au 18es.
(v. H. Pissard, La clameur de haro dans le droit
normand, Caen 1911, avec nombre de renvois à
des sources latines ou fr., actes orig., cartulaires ou
éditions, qui n’ont pas été suivis tous pour le présent
article — faute de temps; cp. aussi L. L. Hammerich,
Clamor, Kpbnhavn 1941), 62ss.; cf. hareu 2° ci-
dessous: Beauvaisis.).
133'Le syntagme fréquent cri de haro montre que
haro conservait encore sa valeur d’interjection.
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