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CHAPITRE II

L’ANNIVERSAIRE ET LE TOMBEAU.
Les marques de respect et de vénération, dont le martyr
se voit entouré dès avant l’issue du combat, ne sont point
des manifestations du culte. Le culte ne peut commencer
qu’à la mort du héros, par lès honneurs funèbres rendus à la
glorieuse dépouille. Faut-il dire qu’il ne revêtit pas, dès le
début, les formes rituelles qui supposent une longue tradi-
tion? La loi chrétienne ne décrétait pas, avant qu’il y eût
des persécutions, une manière déterminée d’en glorifier les
victimes. Les circonstances indiquèrent aux chrétiens la con-
duite à tenir, et Julien leur cherchait une bien mauvaise
querelle quand il leur reprochait d’innover sur ce point,
contrairement aux traditions apostoliques x.
La société au sein de laquelle l’Église recruta ses membres
avait une manière consacrée par un usage immémorial d’ho-
norer les morts. Pas plus que nous, nos ancêtres n’eurent le
pouvoir de se soustraire au milieu où ils vivaient. Ils accep-
tèrent, dans les pratiques quotidiennes de la vie sociale,
tout ce qui n’était pas incompatible avec leur foi, sauf à en
modifier insensiblement l’esprit sous la poussée des idées
nouvelles.
Les chrétiens honorèrent donc leurs illustres morts comme
le faisaient les contemporains. La question se pose simple-
ment de savoir comment l’idée chrétienne s’accommoda des
lois et des usages existants, par quelles influences précises
elle les transforma ou leur donna une sanction définitive.
Rigoureusement parlant, le culte des morts dans l’anti-
quité classique comportait deux degrés. Au dessus des hon-
neurs que la famille rendait à ses défunts, se plaçait le culte

1 Cyrille d’Alexandrie, Contra Iulianum, X : navra ènlriQwaare râ-
<pa)V xal iivr^idrav, tcalrot, om eïgtjrai Traç’ v/j,lv ovôa/j,ov roïç râ-
<poiQ nQoaxvÂtvôelaOai val negiéneiv avrovç. P. G., t. LXXVI, p. 1016.
 
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