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https://doi.org/10.11588/diglit.3251#0005
P R E P A G Ë.
JE ne douce point que mon eritreprise ne parbissebien téméraire, de vou-
loir traitter un sujet sur lequel les plus sçavans Architectes ont déjà tra-
vaillé , èC qu'ils semblent avoir entièrement épuisé : je ne le fais aussi qu'avec
beaucoup de répugnance, ayant de la peine àmepersuader qu'il se puisse rien
ajouter aux Ouvrages excellens que Palladio, Serlio &c Labacco nous ont
laissezdes Edifices anciens^ ôfàee que Monsieur de G.hâmbray en a remarqué
dansson Parallèle de l'Architecture antique avec la moderne. Car la vénération
que mes Maîtres m'ont inspirée pour les écrits de ces grands Personnages, me
'^ ayant toujours fait lire avec respeét, je n'ay jamais eu lapensée qu'on y
ir^ust rien trouver, qui ne fust appuyé sur de très-bon nés raisons, àc j'ay presumé
que s'il y a quelque chose qui ne s'accorde pas avec celles dont le vulgaire est
capable/ces Autheurs en ont d'autres pardevers eux qui nous sont inconnues*
&cCm lesquelies toute nôtre capacité ne nous sçauroit donner d'autre droit,
que de les deviner si nous pouvons, pour en faire nôtre profits,
Dans cette louable prévention j'ay cherché ce qui pourroit avoir fait, que
ces Autheurs si célèbres ont négligé la precision ÔC l'exactitude qui manque
aux descriptions Ô£ aux dessseins qu'ils ont donné au public 5 car enfin on ne
peut pas dire que les mesures y soient justes, ny que le goust et toutes les parti-
cukricez des originaux s'y trouvent exactement rapportées dans la vérité, puis-
que lapluspai-c de ces ehoses sont différentes dans les livres de chacun de ces Ar-
chitectes j &; qu ilest eonstant que même avant mes remarques, qui font voir
qu'ils n'ont pas dit les ehoses comme elles sont, ils s'étoient déjà démentis les
uns ôc les autres. Il m'éto/t venu d'abord dans l'espric,que ces grands Autheurs
n'a voient pas jugé qu'une telle exactitude fust d'aucune utilité ; l'excellence &c
la beauté qui fait admirer les Edifices dej anciens, ne dépendant pas des mi-
nuties de ces proportions, ê£ des autres circonstances de cette nature, sans
lesquelies on peut dire que leurs ouvrages ne laissent pas d'éclatter s & depa-
roistreavec toute leur grandeur, Ô£ toute leur majesté. Mais considerantque
ces Autheurs ont marqué toutes les proportions des parties, jusqu'aux plus
petites & moins importantes : j'ay pensé qu'il falloit croire que ne s'accordanc
pas dans leurs mesures, il pouvoir y en avoir du moins un d'encre eux qui y
eust mis les véritables. Et cette exactitude de ces grands Maîtres à cotter tou-
tes les mesures, semble faire entendre , qu'il y a des misteres dans les pro-
portions de l'Architecture, qu'il n'esi: donné qu'aux Sçavans de pénétrer 5 6>C
que de même que dans le cours des Astres, èC dans les Organes qui servent
aux plus nobles fonctions des Animaux, il y a des mouvemens èc des con-
formations dont on ignore les causes &L les usages, quoique l'on soit asseuré
qu'il n'y a rien dans ces Estres si parfaits qui ne serve à quelque chose ;
ilse peut faire au (si que les Sçavans en Archicecture, qui ont part auxsecrets
de cette grande Maîtresse des Arts, sont les seuis qui sçachent le fin de ces pro-
portions > & que s'il y en a quelqu'unes dont les raisons échappent à leur con-
noisfanee, il faut juger par celles qu'ils ont découvertes, de celles qui ne
sont pas encore trouvées, èc estre alîeuré du moins que ces grands exem-
ples que les anciens nous ont bissez , ne sçauroient être allez exactement
imitez.
Ma première intention a doncesté lors que j'ay entrepris de mesurer avec
JE ne douce point que mon eritreprise ne parbissebien téméraire, de vou-
loir traitter un sujet sur lequel les plus sçavans Architectes ont déjà tra-
vaillé , èC qu'ils semblent avoir entièrement épuisé : je ne le fais aussi qu'avec
beaucoup de répugnance, ayant de la peine àmepersuader qu'il se puisse rien
ajouter aux Ouvrages excellens que Palladio, Serlio &c Labacco nous ont
laissezdes Edifices anciens^ ôfàee que Monsieur de G.hâmbray en a remarqué
dansson Parallèle de l'Architecture antique avec la moderne. Car la vénération
que mes Maîtres m'ont inspirée pour les écrits de ces grands Personnages, me
'^ ayant toujours fait lire avec respeét, je n'ay jamais eu lapensée qu'on y
ir^ust rien trouver, qui ne fust appuyé sur de très-bon nés raisons, àc j'ay presumé
que s'il y a quelque chose qui ne s'accorde pas avec celles dont le vulgaire est
capable/ces Autheurs en ont d'autres pardevers eux qui nous sont inconnues*
&cCm lesquelies toute nôtre capacité ne nous sçauroit donner d'autre droit,
que de les deviner si nous pouvons, pour en faire nôtre profits,
Dans cette louable prévention j'ay cherché ce qui pourroit avoir fait, que
ces Autheurs si célèbres ont négligé la precision ÔC l'exactitude qui manque
aux descriptions Ô£ aux dessseins qu'ils ont donné au public 5 car enfin on ne
peut pas dire que les mesures y soient justes, ny que le goust et toutes les parti-
cukricez des originaux s'y trouvent exactement rapportées dans la vérité, puis-
que lapluspai-c de ces ehoses sont différentes dans les livres de chacun de ces Ar-
chitectes j &; qu ilest eonstant que même avant mes remarques, qui font voir
qu'ils n'ont pas dit les ehoses comme elles sont, ils s'étoient déjà démentis les
uns ôc les autres. Il m'éto/t venu d'abord dans l'espric,que ces grands Autheurs
n'a voient pas jugé qu'une telle exactitude fust d'aucune utilité ; l'excellence &c
la beauté qui fait admirer les Edifices dej anciens, ne dépendant pas des mi-
nuties de ces proportions, ê£ des autres circonstances de cette nature, sans
lesquelies on peut dire que leurs ouvrages ne laissent pas d'éclatter s & depa-
roistreavec toute leur grandeur, Ô£ toute leur majesté. Mais considerantque
ces Autheurs ont marqué toutes les proportions des parties, jusqu'aux plus
petites & moins importantes : j'ay pensé qu'il falloit croire que ne s'accordanc
pas dans leurs mesures, il pouvoir y en avoir du moins un d'encre eux qui y
eust mis les véritables. Et cette exactitude de ces grands Maîtres à cotter tou-
tes les mesures, semble faire entendre , qu'il y a des misteres dans les pro-
portions de l'Architecture, qu'il n'esi: donné qu'aux Sçavans de pénétrer 5 6>C
que de même que dans le cours des Astres, èC dans les Organes qui servent
aux plus nobles fonctions des Animaux, il y a des mouvemens èc des con-
formations dont on ignore les causes &L les usages, quoique l'on soit asseuré
qu'il n'y a rien dans ces Estres si parfaits qui ne serve à quelque chose ;
ilse peut faire au (si que les Sçavans en Archicecture, qui ont part auxsecrets
de cette grande Maîtresse des Arts, sont les seuis qui sçachent le fin de ces pro-
portions > & que s'il y en a quelqu'unes dont les raisons échappent à leur con-
noisfanee, il faut juger par celles qu'ils ont découvertes, de celles qui ne
sont pas encore trouvées, èc estre alîeuré du moins que ces grands exem-
ples que les anciens nous ont bissez , ne sçauroient être allez exactement
imitez.
Ma première intention a doncesté lors que j'ay entrepris de mesurer avec