DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.3251#0150
DU FRONTISPICE DE NERON. i4?
CHAPITRE XIII.
Du Frontijpice de Nef on , à Rome,
DAns le jardin du Prince Colonne sur Je mont Quirinal, à present nommé
Monte Cavalli, on voit les vestiges d'un Edifice que quelques-uns tiennent
estre d'un Temple de Jupiter, entre lesquelsest Palladio ; d'autres croyent que c'estoit
le Temple du Soleil basti par l'Empereur Aurelian. Quoiqu'il en soit on l'appelle
vulgairement le Frontispice de Néron, ce bastimentest entièrement par terre, il n'en
reste rien que quelques morceaux éparts Si à demy enterrez.
J'en ay fait deux Planches, la première contient la face du chapiteau d'un pillastre,
son profil, l'entablement, une partie du fronton & l'acrotere de deslus avec les soffi-
tes de la corniche & des modillons. Il faut noter que quoique j'aye mis le chapiteau
du pillastre sous l'angle de l'entablement, je ne prétends pas faire entendre qu'il y ait
eu un pillastre à cet angle; mais ayant trouvé ces morceaux dispersez, je les ay assem-
blez pour faire connoistre la proportion qu'ils ont entre eux. La proportion du cha-
piteau est extraordinaire en ce quil est beaucoup plus haut qu'il n'a de coustume d estre.
On a donné une pareille proportion aux chapiteaux des grands portiques du devant
du Louvre qui font un fort bel effet : car quoique les colonnes de ces portiques qui
n'ont que trois pieds sept pouces de diamètre ne soient pas iî grandes que celles du
Frontispice de Néron ; leur position qui est à trente-trois pieds surie rez de chaussée,
supplce en quelque façon à l'énorme grandeur qui leur manque : mais sur tout cette
hauteur du chapiteau reussit fort bien dans les pillastres, qui n'ayant point de dimi-
nution par en haut comme les colonnes, font toujours paroistre leurs chapiteaux bas
& écrasez. Et on a eu beaucoup d'égard à cette raison parce qu'une des principales
faces du Louvre qui est celle du costé de la rivière n'est ornée que de pillastres. Or
le chapiteau du pillastre qui reste du Frontispice de Néron n'est pas seulement extra-
ordinaire par la proportion,mais il aencore dans son dessein une manière allez parti-
culière ayant à chaque face trois feuilles au premier rang & deux au sécond sans les
deux autres des angles ■-, en sorte que ces deux du milieu en ont une au deslus qui fait
comme un troisiéme rang. Les bandes qui forment les volutes sont creusées angulai-
rement par le milieu outre les filets qui les rebordent. Outre le sseuron qui soutient
la rose du tailloir il y en a encore deux autres à costé. La largeur du pillastre par le
bas est de six pieds un pouce ; il a de la diminution par le haut de toute la saillie de
l'astragale, il est sans cannelures. L'entablement qui de mesme que tout le reste est de
marbre blanc , est massif ayant peu de moulures : l'architrave n'a auslî que deux ban-
des , dont la séconde est plus saillante par le haut que par, le bas : les patenostes de
l'astragale de l'architrave sont à pans. La frize est ornée de rainceaux de feuilles : les
modillons de la corniche ne correspondoient pas aux milieux des colonnes , mais les
modillons & les autres ornemens de la corniche du fronton sont à plomb sur ceux de
la corniche de l'entablement. Au dessus de la corniche du fronton , il y a un acrotere
très-petit qui porte beaucoup en saillie. Le chapiteau est d'une pièce , l'architrave &
la frize sont d'une seule assise, la corniche droite & une grande partie de celle du fron-
ton avec l'acrotere sont auslî d'une seule pièce.
1 alladio dessine le chapiteau de la colonne qui ne se trouve plus, mais si l'on en
peut juger par le chapiteau du pillastre qui reste ainsi qu'on le peut faire avec raison, il
devoit eftre autrement qu'il ne le represente ; car au milieu de la rose du tailloir il met
une queue de Dauphin au lieu d'un sseuron qui y doit estre, puisqu'ilest au chapiteau
du pillastre. Il attache ensembleles volutes angulaires qui sont tout-à-fait separées : il
ne les fait point creusées en angle ny rebordées de filets. Il taille des oves à l'astragale
QLq
CHAPITRE XIII.
Du Frontijpice de Nef on , à Rome,
DAns le jardin du Prince Colonne sur Je mont Quirinal, à present nommé
Monte Cavalli, on voit les vestiges d'un Edifice que quelques-uns tiennent
estre d'un Temple de Jupiter, entre lesquelsest Palladio ; d'autres croyent que c'estoit
le Temple du Soleil basti par l'Empereur Aurelian. Quoiqu'il en soit on l'appelle
vulgairement le Frontispice de Néron, ce bastimentest entièrement par terre, il n'en
reste rien que quelques morceaux éparts Si à demy enterrez.
J'en ay fait deux Planches, la première contient la face du chapiteau d'un pillastre,
son profil, l'entablement, une partie du fronton & l'acrotere de deslus avec les soffi-
tes de la corniche & des modillons. Il faut noter que quoique j'aye mis le chapiteau
du pillastre sous l'angle de l'entablement, je ne prétends pas faire entendre qu'il y ait
eu un pillastre à cet angle; mais ayant trouvé ces morceaux dispersez, je les ay assem-
blez pour faire connoistre la proportion qu'ils ont entre eux. La proportion du cha-
piteau est extraordinaire en ce quil est beaucoup plus haut qu'il n'a de coustume d estre.
On a donné une pareille proportion aux chapiteaux des grands portiques du devant
du Louvre qui font un fort bel effet : car quoique les colonnes de ces portiques qui
n'ont que trois pieds sept pouces de diamètre ne soient pas iî grandes que celles du
Frontispice de Néron ; leur position qui est à trente-trois pieds surie rez de chaussée,
supplce en quelque façon à l'énorme grandeur qui leur manque : mais sur tout cette
hauteur du chapiteau reussit fort bien dans les pillastres, qui n'ayant point de dimi-
nution par en haut comme les colonnes, font toujours paroistre leurs chapiteaux bas
& écrasez. Et on a eu beaucoup d'égard à cette raison parce qu'une des principales
faces du Louvre qui est celle du costé de la rivière n'est ornée que de pillastres. Or
le chapiteau du pillastre qui reste du Frontispice de Néron n'est pas seulement extra-
ordinaire par la proportion,mais il aencore dans son dessein une manière allez parti-
culière ayant à chaque face trois feuilles au premier rang & deux au sécond sans les
deux autres des angles ■-, en sorte que ces deux du milieu en ont une au deslus qui fait
comme un troisiéme rang. Les bandes qui forment les volutes sont creusées angulai-
rement par le milieu outre les filets qui les rebordent. Outre le sseuron qui soutient
la rose du tailloir il y en a encore deux autres à costé. La largeur du pillastre par le
bas est de six pieds un pouce ; il a de la diminution par le haut de toute la saillie de
l'astragale, il est sans cannelures. L'entablement qui de mesme que tout le reste est de
marbre blanc , est massif ayant peu de moulures : l'architrave n'a auslî que deux ban-
des , dont la séconde est plus saillante par le haut que par, le bas : les patenostes de
l'astragale de l'architrave sont à pans. La frize est ornée de rainceaux de feuilles : les
modillons de la corniche ne correspondoient pas aux milieux des colonnes , mais les
modillons & les autres ornemens de la corniche du fronton sont à plomb sur ceux de
la corniche de l'entablement. Au dessus de la corniche du fronton , il y a un acrotere
très-petit qui porte beaucoup en saillie. Le chapiteau est d'une pièce , l'architrave &
la frize sont d'une seule assise, la corniche droite & une grande partie de celle du fron-
ton avec l'acrotere sont auslî d'une seule pièce.
1 alladio dessine le chapiteau de la colonne qui ne se trouve plus, mais si l'on en
peut juger par le chapiteau du pillastre qui reste ainsi qu'on le peut faire avec raison, il
devoit eftre autrement qu'il ne le represente ; car au milieu de la rose du tailloir il met
une queue de Dauphin au lieu d'un sseuron qui y doit estre, puisqu'ilest au chapiteau
du pillastre. Il attache ensembleles volutes angulaires qui sont tout-à-fait separées : il
ne les fait point creusées en angle ny rebordées de filets. Il taille des oves à l'astragale
QLq