CHAPITRE III
la pacification de l'afrique par solomon (534-539)
En racontant les origines du soulèvement berbère de 534,
Procope rapporte un curieux épisode \ Au moment où la rup-
ture éclatait entre Géiimer et l'empire byzantin, les chefs des
tribus avaient consulté leurs prophétesses pour savoir quelle
attitude ils devraient observer entre les deux partis. L'oracle
avait répondu qu'une armée sortie de la mer ruinerait le
royaume vandale et que les Maures à leur tour seraient vain-
cus et détruits, le jour où les Romains auraient à leur tête un
général imberbe. Le débarquement imprévu de Bélisaire, en
justifiant la première partie de la prophétie, avait décidé les
tribus à garder la neutralité, et à laisser, sans intervenir, écraser
les Vandales : mais quand la lutte touchant à sa fin sembla
présager le moment prochain de leur propre défaite, ils cher-
chèrent à reconnaître parmi les officiers byzantins le vainqueur
annoncé par les destins. Ils n'en purent découvrir aucun qui
répondît au signalement donné — Solomon était en ce mo-
ment en mission à Constantinople — et reprenant courage,
se croyant en conséquence à Fabri de tout danger, ils n'hési-
tèrent plus à engager les hostilités.
Au vrai, d'autres motifs encore semblent avoir provoqué
l'insurrection. Pendant la guerre vandale, les indigèness sui-
vant une tactique dont ils semblent coutumiers, paraissent
avoir jugé fort habile de laisser les deux adversaires user leurs
1. Procope, Bell. Vand,, p. 443-444,
la pacification de l'afrique par solomon (534-539)
En racontant les origines du soulèvement berbère de 534,
Procope rapporte un curieux épisode \ Au moment où la rup-
ture éclatait entre Géiimer et l'empire byzantin, les chefs des
tribus avaient consulté leurs prophétesses pour savoir quelle
attitude ils devraient observer entre les deux partis. L'oracle
avait répondu qu'une armée sortie de la mer ruinerait le
royaume vandale et que les Maures à leur tour seraient vain-
cus et détruits, le jour où les Romains auraient à leur tête un
général imberbe. Le débarquement imprévu de Bélisaire, en
justifiant la première partie de la prophétie, avait décidé les
tribus à garder la neutralité, et à laisser, sans intervenir, écraser
les Vandales : mais quand la lutte touchant à sa fin sembla
présager le moment prochain de leur propre défaite, ils cher-
chèrent à reconnaître parmi les officiers byzantins le vainqueur
annoncé par les destins. Ils n'en purent découvrir aucun qui
répondît au signalement donné — Solomon était en ce mo-
ment en mission à Constantinople — et reprenant courage,
se croyant en conséquence à Fabri de tout danger, ils n'hési-
tèrent plus à engager les hostilités.
Au vrai, d'autres motifs encore semblent avoir provoqué
l'insurrection. Pendant la guerre vandale, les indigèness sui-
vant une tactique dont ils semblent coutumiers, paraissent
avoir jugé fort habile de laisser les deux adversaires user leurs
1. Procope, Bell. Vand,, p. 443-444,