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Diehl, Charles
L ' Afrique byzantine: histoire de la domination byzantine en Afrique (533-709) — Paris, 1896

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https://doi.org/10.11588/diglit.16902#0424

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L'ÉTAT MATÉRIEL DE L'AFRIQUE BYZANTINE 383

torité réside dans la bonne volonté des sujets : mais il se hâta
de rappeler Bélisaire qu'il soupçonnait injustement d'raspire
à l'empire, et lui-même administrant l'Afrique à distance, il
l'épuisa, la pilla à plaisir. Il envoya des agents pour estimer
les terres, il établit des impôts très lourds qui n'existaient
point auparavant, il s'adjugea la meilleure partie du sol, il
interdit aux ariens la célébration de leurs mystères, il différa
les envois de renforts et en toute circonstance se montra dur
au soldat : et de là naquirent des troubles qui aboutirent à de
grands désastres. L'empereur, en effet, ne sut jamais conserver
les choses en l'état, mais il se plaisait naturellement à tout
remuer et à tout bouleverser1. »

Ainsi la province dépeuplée, le pays laissé sans défense, li-
vré en proie à une administration détestable, ruiné par les
exactions financières, l'intolérance religieuse, les soulèvements
militaires, tels furent, à en croire l'impitoyable réquisitoire
de Procope, les seuls résultats qu'eut pour FAfriquo le règne
de Justinien. Et en effet, si sujettes à caution que soient d'or-
dinaire les assertions de Y Histoire secrète, ici pourtant il
faut admettre que ces sévères critiques renferment quelque
part de vérité. Dans ses ouvrages proprement historiques, Pro-
cope a également constaté, en termes moins exagérés, mais
non moins significatifs, les conséquences des longues querelles
intestines et des perpétuelles incursions berbères : il a montré
les campagnes désertes, les populations rurales s'enfuyant dans
les villes, les riches quittant l'Afrique pour chercher asile en
Sicile ou à Byzance, les Maures pillant et massacrant tout, le
pays enfin presque vide d'hommes 2. Corippus, un témoin ocu-
laire, renchérit encore sur le récit de ces misères : il peint, lui
aussi, non sans quelque fatigante amplification poétique, les
Africains tombant sous le glaive des Berbères ou traînés à la
suite du vainqueur en longs troupeaux de captifs, les campagnes
mises au pillage, les moissons réduites en cendres, les églises

1. Bist. arc, p. 106-107.

2. Bell. Vand., p. 512, 534; BelL Goth., p. 550.
 
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