536 HISTOIRE DE LA. DOMINATION BYZANTINE EN AFRIQUE
PAurès, Bagai, Thamugadi, Lambèse1; et si depuis quelque
temps déjà ils avaient cessé, à ce qu'il semble,, d'occuper di-
rectement le Hodna2, du moins leur diplomatie avait su con-
server une réelle influence sur les populations, en grande
partie chrétiennes, qui habitaient le Zab et la Maurétanie Cé-
sarienne et se ménager des alliés parmi les grands Etats in-
digènes 3. Enfin, à l'extrémité occidentale de l'Afrique, les
impériaux tenaient la forte citadelle de Septem, avec le pays
qui avoisinait cette forteresse4; et la possession des Baléares
et de quelques villes, telles qu'Algésiras, situées sur la côte
espagnole , achevait de leur assurer une forte situation dans
l'ouest de la Méditerranée. Gomme jadis, la Sardaigne et la
Corse étaient ratlachées à l'exarchat d'Afrique et complé-
taient le beau gouvernement confié au patrice qui résidait à
Carthage. En apparence, il semblait donc que rien ne fût
changé dans l'Afrique byzantine ; en fait, les symptômes
d'une désorganisation profonde apparaissaient de toutesparts.
1
Dès la fin du vie siècle, on l'a vu, les agents de l'adminis-
tration impériale s'inquiétaient assez peu d'exécuter à la
1. El-Bekri (Journ. asiat., 1859, p. 394); C. L VIII, 2389; Fournel, l. c ,
p. 166-167.
2. En-Noveiri (/. c, p. 123) et les textes cités dans le Recueil de ConsL, 1373-74,
p. 226. Tobna semble abandonnée parles Byzantins en 683 (Fournel, p. 176).
3. Ibn Khaldoun rapporte qu'an moment de l'invasion arabe, la plus grande
partie des tribus berbères « vivaient sous la domination des Francs et profes-
saient le christianisme » (Hist. des Berb., I, p. 208-209) ; et ailleurs, parlant plus
spécialement des populations indigènes qui habitaient l'Aurès, le Zab et Ja
Maurétanie Césarienne au sud de Tlemcen, il dit : -< Les Zénata et les Berbères
qui habitaient les campagnes témoignaient aux Francs un certain degré
d'obéissance; ils payaient l'impôt aux époques fixées et prenaient part à
leurs expéditions militaires : mais, quant aux autres obligations,ils y montraient
une résistance très vive» (ibid., III, 191). Gela indique bien une sorte de suze-
raineté acceptée par les tribus. Cf. En-Noveiri, l. c, p. 124 ; Fournel, p. 167-168.
4. Nicéphore patr., p. 29; Fournel, p. 169-170.
5. Fournel, p. 179-Î80. Cf. Duchesne, Bibl. de l'École des Chartes, 1891,
p. 19.
PAurès, Bagai, Thamugadi, Lambèse1; et si depuis quelque
temps déjà ils avaient cessé, à ce qu'il semble,, d'occuper di-
rectement le Hodna2, du moins leur diplomatie avait su con-
server une réelle influence sur les populations, en grande
partie chrétiennes, qui habitaient le Zab et la Maurétanie Cé-
sarienne et se ménager des alliés parmi les grands Etats in-
digènes 3. Enfin, à l'extrémité occidentale de l'Afrique, les
impériaux tenaient la forte citadelle de Septem, avec le pays
qui avoisinait cette forteresse4; et la possession des Baléares
et de quelques villes, telles qu'Algésiras, situées sur la côte
espagnole , achevait de leur assurer une forte situation dans
l'ouest de la Méditerranée. Gomme jadis, la Sardaigne et la
Corse étaient ratlachées à l'exarchat d'Afrique et complé-
taient le beau gouvernement confié au patrice qui résidait à
Carthage. En apparence, il semblait donc que rien ne fût
changé dans l'Afrique byzantine ; en fait, les symptômes
d'une désorganisation profonde apparaissaient de toutesparts.
1
Dès la fin du vie siècle, on l'a vu, les agents de l'adminis-
tration impériale s'inquiétaient assez peu d'exécuter à la
1. El-Bekri (Journ. asiat., 1859, p. 394); C. L VIII, 2389; Fournel, l. c ,
p. 166-167.
2. En-Noveiri (/. c, p. 123) et les textes cités dans le Recueil de ConsL, 1373-74,
p. 226. Tobna semble abandonnée parles Byzantins en 683 (Fournel, p. 176).
3. Ibn Khaldoun rapporte qu'an moment de l'invasion arabe, la plus grande
partie des tribus berbères « vivaient sous la domination des Francs et profes-
saient le christianisme » (Hist. des Berb., I, p. 208-209) ; et ailleurs, parlant plus
spécialement des populations indigènes qui habitaient l'Aurès, le Zab et Ja
Maurétanie Césarienne au sud de Tlemcen, il dit : -< Les Zénata et les Berbères
qui habitaient les campagnes témoignaient aux Francs un certain degré
d'obéissance; ils payaient l'impôt aux époques fixées et prenaient part à
leurs expéditions militaires : mais, quant aux autres obligations,ils y montraient
une résistance très vive» (ibid., III, 191). Gela indique bien une sorte de suze-
raineté acceptée par les tribus. Cf. En-Noveiri, l. c, p. 124 ; Fournel, p. 167-168.
4. Nicéphore patr., p. 29; Fournel, p. 169-170.
5. Fournel, p. 179-Î80. Cf. Duchesne, Bibl. de l'École des Chartes, 1891,
p. 19.