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https://doi.org/10.11588/diglit.24588#0685
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L'EXPOSITION TRIËNNALE DE BRUXELLES.
Xa jmnfure ö'fjtsfotre.
La peinture d'histoire teile qu'on 1'entenciait autrefois s'en va.
On ne la voit plus qu'en rê^e, et quelques hommes supérieurs —
rari nantes in gurgitè vasto — qui lui restent fidèles, n'intéres-
sent plus la foule. Bien loin d'intéresser, ils obsèdent. C'est que
1'onentation de 1'esprit moderne est autre.
Le public veut qu'on lui fasse toucher du doigt ses joies et
ses tristesses a lui, qu'on décrive en des formules nouvelles notre
psychologie, les états d'ame que nous vivons iournellement. On
dit : Ce n'est la que justice. Tout ce qu'il y avait a dire sjt les héros
d'antan, sur leurs mceurs et leurs coutumes, c'est ainsi qu'on raisonne,
a été dit et redit mille et des fois, tandis que notre humanité contem-
poraine, tour a tour —• suivant les höpitaux intellecluels que Ton
visite — croyante ou athée, honnêfe ou malhonnête, mais, en
tous cas, décadente, n'a pas été, pour ainsi dire, explorée encore.
Elle flotte pour le commun des mortels, jusqu'a présent, dans les
limbes de 1'inconnu, car ils sont peu nombreux ceux qui, a la
fin de notre XlXe siècle, ont une notion juste de leur époque.
Ce ne sont tout au plus que quelques philosophes chercheurs
rafhnés qui savent oü nous en sommes et la masse, la masse
ignorante de ce qui est, co mme toutes les masses, demande a
être initiée elle aussi, a son tour.
Au fait, comprise de la sorte, la peinture d'histoire a une
portée plus grande encore que celle n'ayant pour but que 1'ex-
pression de ce qui fut : elle moralise davantage, et le but final
-de 1'art n'est-il pas de moraliser? C'est ce que Frédéric de Uhde,
'le maitre nilemand, a excellemment compris. Son tryptique : la
Nïtit sainte est une page émue exprimant la synthèse de ce que
peut contenir d'amour un cceur de mère en contemplant son
"premier né. II a pris comme type de , mère — et combien, ce
;faisant a t-il eu raison — la mère du Cbrist, c'est-a-dire, la mère
symbolique de 1'humanité.
Déambulant dans le même ordre d'idées, un jeune, tout jeune
artiste, Léon Rotthier, a synthétisé, lui, I'amour paternel et
.maternel, en peignant • L'éducation du Christ ; 1'éducation du
Christ, non pas selön la formule académique, aussi fausse que
vieille, maïs selon les principes modernistes. Cette toile, une
■oeuvré de début, place d'emblée Léon Rotthier, parmi les jeuDes
sa-rtistes qui donnent le plus d'espoir a 1'école beige. Encore un
"Christ, le Christ montré au peuple de Henry De Groux, impres-
-sionne vivement. Oh! je le sais, d'aucuns trouvent cette oeuvre
ridicule, absurde, indigne de figurer a une exposition triënnale.
Ne leur en déplaise, nous ne sommes pas, mais pas du tout, de
leur avis. A coup sur, le Christ montré au peuple d'Henry De
Groux est une ceuvre incomplète. Elle manque de toutes les
L'EXPOSITION TRIËNNALE DE BRUXELLES.
Xa jmnfure ö'fjtsfotre.
La peinture d'histoire teile qu'on 1'entenciait autrefois s'en va.
On ne la voit plus qu'en rê^e, et quelques hommes supérieurs —
rari nantes in gurgitè vasto — qui lui restent fidèles, n'intéres-
sent plus la foule. Bien loin d'intéresser, ils obsèdent. C'est que
1'onentation de 1'esprit moderne est autre.
Le public veut qu'on lui fasse toucher du doigt ses joies et
ses tristesses a lui, qu'on décrive en des formules nouvelles notre
psychologie, les états d'ame que nous vivons iournellement. On
dit : Ce n'est la que justice. Tout ce qu'il y avait a dire sjt les héros
d'antan, sur leurs mceurs et leurs coutumes, c'est ainsi qu'on raisonne,
a été dit et redit mille et des fois, tandis que notre humanité contem-
poraine, tour a tour —• suivant les höpitaux intellecluels que Ton
visite — croyante ou athée, honnêfe ou malhonnête, mais, en
tous cas, décadente, n'a pas été, pour ainsi dire, explorée encore.
Elle flotte pour le commun des mortels, jusqu'a présent, dans les
limbes de 1'inconnu, car ils sont peu nombreux ceux qui, a la
fin de notre XlXe siècle, ont une notion juste de leur époque.
Ce ne sont tout au plus que quelques philosophes chercheurs
rafhnés qui savent oü nous en sommes et la masse, la masse
ignorante de ce qui est, co mme toutes les masses, demande a
être initiée elle aussi, a son tour.
Au fait, comprise de la sorte, la peinture d'histoire a une
portée plus grande encore que celle n'ayant pour but que 1'ex-
pression de ce qui fut : elle moralise davantage, et le but final
-de 1'art n'est-il pas de moraliser? C'est ce que Frédéric de Uhde,
'le maitre nilemand, a excellemment compris. Son tryptique : la
Nïtit sainte est une page émue exprimant la synthèse de ce que
peut contenir d'amour un cceur de mère en contemplant son
"premier né. II a pris comme type de , mère — et combien, ce
;faisant a t-il eu raison — la mère du Cbrist, c'est-a-dire, la mère
symbolique de 1'humanité.
Déambulant dans le même ordre d'idées, un jeune, tout jeune
artiste, Léon Rotthier, a synthétisé, lui, I'amour paternel et
.maternel, en peignant • L'éducation du Christ ; 1'éducation du
Christ, non pas selön la formule académique, aussi fausse que
vieille, maïs selon les principes modernistes. Cette toile, une
■oeuvré de début, place d'emblée Léon Rotthier, parmi les jeuDes
sa-rtistes qui donnent le plus d'espoir a 1'école beige. Encore un
"Christ, le Christ montré au peuple de Henry De Groux, impres-
-sionne vivement. Oh! je le sais, d'aucuns trouvent cette oeuvre
ridicule, absurde, indigne de figurer a une exposition triënnale.
Ne leur en déplaise, nous ne sommes pas, mais pas du tout, de
leur avis. A coup sur, le Christ montré au peuple d'Henry De
Groux est une ceuvre incomplète. Elle manque de toutes les