22 PEINTURES CÉRAMIQUES
sées. La table y est toujours , comme sur notre peinture, rectangulaire, au
lieu que la mensa tripes est réservée à la scène connue sous le nom de
repas funèbre; le cratère s'y trouve placé près de la table; le dieu fait le
geste que nous remarquons sur notre plat. Les ex-voto aux divinités à
table nous montrent d'ordinaire Esculape et Sérapis accompagnés
d'Hygie ou d'Isis. Sur un marbre inédit, encastré dans la forteresse
d'Énos, en Thrace, Hercule est assis près de Jupiter à demi couché1.
Quelques-uns de ces ex-voto représentent une divinité jeune qui me
paraît être Apollon. L'usage en Grèce, à partir du ive siècle, réserva,
semble-t-il, ce genre de représentation pour ces divinités peu nom-
breuses; il n'en était pas de môme aux anciennes époques, où Dionysos
et Hercule par exemple, comme nous le savons par les vases peints,
étaient souvent figurés à table2. L'Italie conserva aussi longtemps
l'usage des lectisternes. Le plat publié par M. Benndorf nous offre une
des plus anciennes représentations grecques aujourd'hui connues d'une
divinité à demi couchée et prenant part à un banquet, le type pre-
mier d'une scène figurée qui a si souvent exerce la sagacité des anti-
quaires; là est, selon nous, l'intérêt de ce monument.
Le tableau comporte encore deux, parties : dans la première, les
fidèles offrent un rbyton à un personnage vêtu d'une longue robe flot-
tante; dans la seconde ils entourent un cratère3. On sait le rôle que
jouait le cratère clans les fêtes bachiques; il avait donné son nom à
plusieurs poëmes consacrés aux doctrines de l'orphisme. Je crois avec
M. Benndorf que le plat se rapporte au culte de Dionysos. Toutefois le
monument est très-imparfait, et l'usage de représenter les divinités à
table paraît avoir été trop général pour cpie, sur ce point, il y ait certitude.
M. Benndorf ne se prononce pas sur l'origine de ce plat; nous pou-
vons ne pas imiter cette réserve. Les collections privées à Corinthe
conservent des produits céramiques qui offrent tous les caractères de
ce monument. J'ai fait dessiner le plus remarquable, qui appartient à
M. Tripos; c'est une cylix profonde représentant d'un côté une danse
autour d'un cratère4, de l'autre trois cavaliers. Un dauphin, attribut de
Neptune, indique que la fête est célébrée en l'honneur de ce dieu. La
1 Ce marbre, que j'ai vu en 1867, a élé dessiné par M. Coquarl, lors du séjour
qu'il lit à Énos avec M. Deville. — 2 On connaît en particulier l'amphore de la Pina-
cothèque de Munich, sur laquelle un tableau à figures noires et. un autre tableau a
figures rouges montrent deux fois Hercule à ta ble. (Otto Iahn, ouvr. cit. p. lxxiii et cxxxv.
— 3 II peu! y avoir ici quelque douie, tant la représentadon est grossière; mais, si
l'on compare cet objet à celui qui se trouve près du lit, on reconnaîtra, je crois,
que l'artiste a voulu représenter un vase et non un autel. — " Neuf personnages.
sées. La table y est toujours , comme sur notre peinture, rectangulaire, au
lieu que la mensa tripes est réservée à la scène connue sous le nom de
repas funèbre; le cratère s'y trouve placé près de la table; le dieu fait le
geste que nous remarquons sur notre plat. Les ex-voto aux divinités à
table nous montrent d'ordinaire Esculape et Sérapis accompagnés
d'Hygie ou d'Isis. Sur un marbre inédit, encastré dans la forteresse
d'Énos, en Thrace, Hercule est assis près de Jupiter à demi couché1.
Quelques-uns de ces ex-voto représentent une divinité jeune qui me
paraît être Apollon. L'usage en Grèce, à partir du ive siècle, réserva,
semble-t-il, ce genre de représentation pour ces divinités peu nom-
breuses; il n'en était pas de môme aux anciennes époques, où Dionysos
et Hercule par exemple, comme nous le savons par les vases peints,
étaient souvent figurés à table2. L'Italie conserva aussi longtemps
l'usage des lectisternes. Le plat publié par M. Benndorf nous offre une
des plus anciennes représentations grecques aujourd'hui connues d'une
divinité à demi couchée et prenant part à un banquet, le type pre-
mier d'une scène figurée qui a si souvent exerce la sagacité des anti-
quaires; là est, selon nous, l'intérêt de ce monument.
Le tableau comporte encore deux, parties : dans la première, les
fidèles offrent un rbyton à un personnage vêtu d'une longue robe flot-
tante; dans la seconde ils entourent un cratère3. On sait le rôle que
jouait le cratère clans les fêtes bachiques; il avait donné son nom à
plusieurs poëmes consacrés aux doctrines de l'orphisme. Je crois avec
M. Benndorf que le plat se rapporte au culte de Dionysos. Toutefois le
monument est très-imparfait, et l'usage de représenter les divinités à
table paraît avoir été trop général pour cpie, sur ce point, il y ait certitude.
M. Benndorf ne se prononce pas sur l'origine de ce plat; nous pou-
vons ne pas imiter cette réserve. Les collections privées à Corinthe
conservent des produits céramiques qui offrent tous les caractères de
ce monument. J'ai fait dessiner le plus remarquable, qui appartient à
M. Tripos; c'est une cylix profonde représentant d'un côté une danse
autour d'un cratère4, de l'autre trois cavaliers. Un dauphin, attribut de
Neptune, indique que la fête est célébrée en l'honneur de ce dieu. La
1 Ce marbre, que j'ai vu en 1867, a élé dessiné par M. Coquarl, lors du séjour
qu'il lit à Énos avec M. Deville. — 2 On connaît en particulier l'amphore de la Pina-
cothèque de Munich, sur laquelle un tableau à figures noires et. un autre tableau a
figures rouges montrent deux fois Hercule à ta ble. (Otto Iahn, ouvr. cit. p. lxxiii et cxxxv.
— 3 II peu! y avoir ici quelque douie, tant la représentadon est grossière; mais, si
l'on compare cet objet à celui qui se trouve près du lit, on reconnaîtra, je crois,
que l'artiste a voulu représenter un vase et non un autel. — " Neuf personnages.