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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Editor]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Editor]
Folia Historiae Artium — 20.1984

DOI article:
Kozłowski, Janusz Krzysztof; Kuczman, Kazimierz: Włoska fundacja krakowskiego malodwidła cechowego: Epitafijny obraz Ainolfa Tedaldiego w Muzeum Diecezjalnym w Tarnowie
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https://doi.org/10.11588/diglit.20538#0068
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LA FONDATION ITALIENNE DTJNE PEINTURE GOTHIQUE DE CRACOVIE.
TABLEAU-fiPITAPHE D AINOLFO TEDALDI DU MISEE DIOCESAIN DE TARNÓW

Le retable (ancona d’altare) de 1’eglise de Jodłow-
nik pres de Limanowa (Musee Diocesain de Tarnów),
represente VAnnonciation dans sa partie centrale et SS.
Jean-Baptiste et Dominiąue sur ses panneaux lateraux.
Peint a la detrempe sur bois, il mesure 132X100,5 cm.
Les repeints posterieurs, surtout de la robę, ont consi-
derablement change son coloris et son modele primitifs.
Le tableau a probablement perdu quelques centimetres
de deux cótes et plus d’une dizaine de centimetres en
haut et en bas. Sur la poutre d’une fenetre, sur les
ramifications du remplage se trouvent trois cartouches
avec une croix, un lis et 1’inscription „Libertas”. Les
traits artistiques de la scene de VAnnonciation sont in-
spires de la peinture neerlandaise. La scene appartient
au type que D. M. Robb a determine comme type ,,d’in-
terieur habitable”.

Dans la representation de St Jean-Baptiste on re-
marque l’union des deux types iconographiques: italien
(la croix a banderole) et septentrional (le livre). Au pied
du saint on apperęoit un homme agenouille; a cóte de
iui se trouve un ecu armorial. St Dominique est une
des plus anciennes, sinon la plus ancienne, effigie de ce
saint dans la peinture polonaise. Elle renoue avec le
scheme iconographique provenant de Part italien, connu
dans toute 1’Europe.

Le style du tableau rappelle la peinture de la Pe-
tite Pologne de la fin du XVe et du debut du XVI0
siecle, surtout 1’entourage du Maitre du Polyptique de
St Jean 1’Aumonier (physionomies). Aux formes du go-
thique tardif s’ajoute le paysage des scenes laterales,
inspire de la Renaissance (l’arbre de la scene avec St
Dominique fait penser aux representations italiennes).

Le lis stylise constitue les armoiries de Florence,
l’ecu pontant l’inscriptiom „Libertas” se rapporte sans
doute aux Priori di Liberta (delle Arti) crees en 1282, et
la croix rouge sur le fond blanc est probablement le
signe (gonfalone) des Gonfalonieri della Giustizia, gar-
diens des lois de 1293. Les armoiries de 1’homme age-
nouille, mai interpretees jusqu’a present, sont celles de
la familie Tedaldi de Florence.

L’homme qui y est represente, est Ainolfo Pierozzi-
-Tedaldi dont le visage ressemble a celui de la medaille
frappee en son honneur. Ne en 1428 a Florence, il est
venu en Pologne probablement en 1458 en tant que ple-
nipotentiaire de la banque des Medicis. II s’est fixe en
Pologne ou il est entre en relations avec d’autres emi-
gres italiens. II a habite tantót a Cracovie, tantót a
Lwów. II s’est mis a pratiquer le commerce et ensuite il
est devenu gerant des salines et des douanes. Pendant
de longues annees il etait fournisseur de robes veni-
tiennes et de soieries. Au nom du roi il versait aux sol-
dats l’arriere de leurs soldes, et pour la Monnaie roya-
le il a achete de ses propres fonds de l’argent aux mar-
chands de Cracovie. Les dettes n’etant pas rendues a
Tedaldi par le tresor royal, ses heritiers ont obtenu en
propre les salines ruthenes.

L’activite d’Ainolfo s’est aussi nettement manifestee
dans le domaine de la culture. En 1469 il a fait yenir
en Pologne un eminent humanistę Filippo Buonaccorsi
dit Callimaco qu’il a mis en contact avec son grand
ami, aussi humanistę, Gregoire de Sanok. Ainolfo et
Filippo etaient lies tant par des liens de familie que par

une amitie sincere. Soixante poemes et une chevaliere
offerts a Tedaldi en sont la preuve. Tedaldi a isouvent
participe aux reunions mondaines, organisees par Calli-
maco, pendant lesquelles on lisait des oeuvres poetiques
et discutait des sujets scientifiques, litteraires et poli-
tiques.

Ainolfo a manifeste son attachement a la Pologne
ayant commande en 1480 son portrait en costume polo-
nais, qu’il a ensuite envoye a sa familie de Florence.
Vers la fin de sa vie Tedaldi a fait venir de Florence
ses deux neveux Piętro et Giovanni, fils de Baldi Pie-
rozzo Tedaldi, comme ses collaborateurs. Au debut de
1495 il est rentre a Cracovie de la Ruthenie, et il y est
mort dans quelques mois. II a ete enseveli dans la cha-
pelle de l’Annonciation de 1’eglise des dominicains de
Cracovie (ou une annee plus tard on a aussi enseveli
Callimaco). Comme il n’avait pas d’enfants il a legue
toute sa fortunę a ses neveux qui, apres avoir passe
quelques annees en Pologne, ont vendu leur heritage
et sont rentres a Florence.

Le sujet du tableau et les relations d’Ainolfo Tedal-
di avec les dominicains de Cracovie laissent supposer
que l’oeuvre a ete d’abord destinee a leur eglise. VAn-
nonciation reste en un rapport etroit avec le culte parti-
culier voue a la Vierge par cet ordre (l’eglise de Cra-
covie a ete assignee aux dominicains le jour meme de
1’Annonciation), et surtout avec la dedicace de la cha-
pelle ou l’on a enseveli Tedaldi. La figurę de St Do-
minique ne demande aucun commentaire. La presence de
St Jean-Baptiste dans la composition s’explique par le
fait qu’il etait patron de la ville natale d’Ainolfo, ensui-
te des drapiers et tout particulierement de la guilde des
marchands florentins Arte di Calimala.

D’apres des archives, en 1492 Tedaldi a fait un legs
au profit du couvent cracovien des dominicains. Dans
ce legs se trouvait peut-etre aussi notre tableau ou, ce
qui semble plus vraisemblable, une somme destinee a
son execution. La part d’Ainolfo a la composition du pro-
gramme iconographique de cette oeuvre est probable,
sans etre evidente, puisque son style suggere qu’elle
a ete faite apres 1495, vers 1500. Si le tableau etait fait
apres la mort de Tedaldi, il pourrait etre traite comme
une epitaphe, placee au-dessus de son tombeau. Le tom-
beau, qui ne s’est pas conserve, avait la formę d’une
dalie de pierre adossee au mur et ornee de bronzes.
Dans un encadrement architectoniąue il y avait la fi-
gurę du defunt, les armoiries de Tedaldi et une inscrip-
tion. La supposition que ce tableau etait une epitaphe
semble etre confirmee par le fait qu’au-dessus de la pla-
que de Filippo Buonaccorsi on a place un tableau sur
lequel ce personnage adorait la Vierge a 1’Enfant. Notre
tableau se trouverait dans la chapelle jusqu’a 1601 envi-
ron, quand on y a installe la copie du tableau de la
basilique S. Maria Maggiore, offerte a Romę a l’eveque
Bernard Maciejowski. En 1595 les dominicains ont obtenu
en propre une eglise a Jodłownik ou, quelques annees
plus tard, ils ont probablement installe le tableau de
Tedaldi.

Le retable du Musee de Tarnów n’est pas une oeu-
vre de qualite superieure, malgre cela il est un des plus
interessants tableaux de la peinture de la Petite Polo-
gne de la fin du XVe et du debut du XVIe siecle. Le

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