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Polska Akademia Umieje̜tności <Krakau> / Komisja Historii Sztuki [Hrsg.]; Polska Akademia Nauk <Warschau> / Oddział <Krakau> / Komisja Teorii i Historii Sztuki [Hrsg.]
Folia Historiae Artium — N.S. 8/​9.2002/​3

DOI Artikel:
Boespflug, François; Załuska, Yolanta: Le Prologue de l'Évangile selon saint Jean dans l'art médiéval (IX-XII siecle): L'image comme "commentaire"
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https://doi.org/10.11588/diglit.20620#0039
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2.4. Themes de Majeste

Dans les manuscrits qui yiennent d’etre analyses,
la Majeste joue un role important, mais en lien avec
d’autres themes relevant des quatorze premiers ver-
sets de Jean. Quelques cas existent, en revanche, ou
la Majeste seule fait 1’enseigne du quatrieme evan-
gile. Les Enangiles d’Odbert de Saint-Bertin (Boulo-
gne-sur-Mer, BM, ms 11, f. 107v)115, par exemple,
font apparaitre la gloire du Verbe, adore par deux
anges, dans une mandorle suspendue au I majuscule
du In principio (fig. 15); une legende calligraphiee
en ot explique le sens de Limage: Principium finis-
que Patris Verbum Dei hic est. Cette legende est une
allusion aux lettres alpha et omega (Ap 1, 8) qui
accompagnent souvent la Majeste et d’autres figu-
rations christologiques.

Un autre exemple de Majeste en pleine page pro-
vient de l’Evangeliaire du couronnement de Yrati-
slas II de Boheme (1085) conserye a Prague116, Bibl.
nat. (autrefois universitaire), cod. A XIII, f. 9v, ou
elle ciot un riche programme iconographique gravi-
tant autour de Noel et commenęant avec la genealo-
gie du Christ selon Matthieu117. La miniaturę fait
face au debut de l’evangile de la messe du jour (Pro-
logue) qui s’ouvre avec une belle initiale historiee
avec le symbole de Jean. Le Verbe juvenile tróne sur
un arc-en-ciel, inscrit dans une mandorle portee par
quatre anges, les pieds reposant sur un segment de
terre. II benit de la main droite et tient un livre de
la gauche. Sa parente avec la Personne centrale des
Evangiles de,.Gnmbald est frappante. La mandorle
est entouree de quatre symboles d’Evangelistes dont
la disposition, avec 1’aigle en haut et 1’homme aile en
bas respecte ‘Taxe de Llncarnation”118.

La Majeste est souvent un element important de
1’initiale I du quatrieme evangile ou, exceptionnel-
lement, du Tractatus d’Augustin qui commence par
la citation de cet evangile, comme dans le ms Cam-
brai 529 (France du Nord, lre moitie du XIIe s.;
fig. 16): au folio 3, le Christ en majeste, inscrit dans
une mandorle, apparait au sommet de 1’initiale I, au-
dessus de Jean ecriyant sous 1’inspiration de 1’aigle

115 Abbaye Saint-Bertin a Saint-Omer, vers l’an mil, par un
artiste anglais: Tempie, op. cit., n° 44, ill. 145, p. 147-150;
Załuska et Granboulan, Corpus...

116 F. Kavka et J. Masin, ed., Codex Vysehradensis [1085],
edition en fac-simile, Prague 1970.

117 A. Merhautova, “Clenove Kristova rodokmene a
predaci izraelskych kmenu v Kodexu Vyśehradskem”, Umeni,
41: 1993, p. 355—360; Załusk a, “Antenati di Cristo...”

118 Załuska, Remiremont..., p. 70, pl. coul. I.

ou de la Colombe, en bas de 1’initiale est assis saint
Augustin figurę en eveque119; ainsi encore, au f. 2 du
ms Pal. Lat. 206 de la Vaticane, du IXe siecle, pro-
yenant d’Allemagne, une initiale I ajoutee au XIe ou
au XIIe siecle, avec une figurę d’eveque debout (Au-
gustin) levant les mains surmontees d’un aigle, lui-
meme dresse vers un Dieu christique en buste,
benissant, dans un medaillon120. Un medaillon figu-
rant le Christ en majeste, les bras largement ouverts,
assis sur un arc-en-ciel, mais depourvu de man-
dorle, apparait dans les Evangiles de Henin-Lietard,
Boulogne sur-Mer, BM, ms 14121, vol. II, f. 60v
(fig. 17). 11 surmonte les deux autres medaillons fi-
gurant respectivement Jean-Baptiste, debout avec
phylactere, et Jean l’evangeliste, assis et ecriyant les
premiers mots de son texte.

Une iconographie similaire, avec cette fois les trois
protagonistes figures a mi-corps, se rencontre dans
un Nouveau Testament de Bourg-en-Bresse (BM,
ms 1, f. 39v; fig. 18)122: au sommet, le Seigneur, bras
ouyerts, tenant livre inscrit et benissant; au-dessous
le Baptiste, portant cette fois-ci un yetement de
peau et presentant un phylactere inscrit (...uenit
qui...)\ dans le troisieme medaillon, enfin,
Leyangeliste juvenile ecrit dans un codex. Deja au
xme siecle, une Bibie conseryee a Baltimore (WAG,
ms 57, f. 23)123 reprend cette iconographie avec de
legeres modifications. De nouveau, les trois person-
nages sont en pied. Seul le Seigneur a droit a une
mandorle placee au sommet de la lettre; les deux
saints Jean sont inscrits dans des champs rectangu-
laires formes par le cadre de la lettre. Celui qui se
place directement au-dessous du Verbe trónant est
assis et plus age (Jean-Baptiste); celui qui occupe le
bas de la lettre est jeune et se tient debout. Les deux
Jean levent leur regard et la main droite vers la
Majeste; ils livrent leur temoignage au sujet du Ver-
be preexistant et incarne.

La plus ancienne representation du Christ en
Majeste a mi-corps dans 1’initiale du quatrieme
evangile est celle des Eyangiles carolingiens de Saint-
Medard de Soissons conserves a la BNF (ms lat.
8850, f. 181). Cette magnifique “page de titre” abrite

119 Załuska et Granboulan, Corpus...

120 W. Berschin, Die Palatina in der Vaticana. Eine
deutsche Bibliothek in Rom, Ziirich 1992, p. 35.

121 Cahn, Romanesąue Manuscripts..., t . 2, n° 113, p.
135, 137, 150, ill. 270-272; Smeyers, op. cit., p. 76, 79, 93,
110 (n. 42, 77)

122 Bourgogne ou Champagne, 3e quart du XIIe s.

123 L. Ran dali, Medieval and Renaissance Manuscripts in
the Walters Art Gallery, t. 1, France, 875—1420, Baltimore—
Londres 1989, I, n° 15, fig. 30 et pl. en coul. IVa.

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