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PIRANESI.
siècle. Rien n’est plus difficile à déterminer que la mesure dans laquelle
elle en est la tributaire. On voudrait avoir des éléments d’information
plus riches, connaître tout le détail particulier de cette vie. Nous serons
souvent forcés d’interpréter.des traditions : mais, loin d’être négligeable,
l’espèce de légende qu’elles ont contribué à faire naître, pleine de sin-
gularités et de contradictions, n’en est pas moins infiniment pré-
cieuse. 11 reste au fond des éléments qu’elle nous a transmis un dé-
pôt de vérité humaine dont nous devons tenir compte.
Il faut déplorer à cet égard la perte des Mémoires que, suivant
l’un de ses biographes1, l’artiste écrivit sur les événements de sa
propre existence. Ils auraient pris place au premier rang des écrits
rédigés par les maîtres et ils nous éviteraient assurément bien des
conjectures. On le regrette surtout en lisant la phrase par laquelle
Bianconi fait débuter son essai : « Celui qui pourrait écrire avec liberté
et décence la vie tumultueuse de Jean-Baptiste Piranesi ferait un livre
non moins pittoresque que celui qu’écrivit sur lui-même l’illustre Ben-
venuto Cellini. » De même que l’existence de Cellini, derrière la
comédie aventureuse et le roman picaresque, laisse voir un élément
héroïque, une magnifique puissance individuelle, l’existence de Pira-
nesi révèle l’ampleur et la force d’une nature qui, loin de se laisser
aller au caprice des circonstances, comme l’on pourrait le croire
à première vue, les domine, les utilise et, au besoin, sait les faire
naître pour favoriser l’expansion de son génie.
I
Piranesi est né le 4 octobre 1720, comme en fait foi son acte
de baptême, extrait des registres de la paroisse San Moïse à Venise,
conservés à la basilique de Saint-Marc.
« Aujourd’hui, 8 novembre 1720, Zuanne Battista, fils d’Angelo
1. Bianconi, Elogio storico del cav. G. B. Piranesi, dans YAntologia Romana, année 1779,
n°s34, 35 et 36, et Opéré del consigliere G. L. Bianconi, Bolognese, ministro délia corte di Sas-
sonia pressa la Santa Sede, Milan, 1802, t. II, p. 127 sq. « Sentiamo che siasi rinvenuto un
rotolo di molti fogli contenenti le memorie délia sua vita scritta da lui, e desideriamo che ven-
gano pubblicati colle stampe. »
PIRANESI.
siècle. Rien n’est plus difficile à déterminer que la mesure dans laquelle
elle en est la tributaire. On voudrait avoir des éléments d’information
plus riches, connaître tout le détail particulier de cette vie. Nous serons
souvent forcés d’interpréter.des traditions : mais, loin d’être négligeable,
l’espèce de légende qu’elles ont contribué à faire naître, pleine de sin-
gularités et de contradictions, n’en est pas moins infiniment pré-
cieuse. 11 reste au fond des éléments qu’elle nous a transmis un dé-
pôt de vérité humaine dont nous devons tenir compte.
Il faut déplorer à cet égard la perte des Mémoires que, suivant
l’un de ses biographes1, l’artiste écrivit sur les événements de sa
propre existence. Ils auraient pris place au premier rang des écrits
rédigés par les maîtres et ils nous éviteraient assurément bien des
conjectures. On le regrette surtout en lisant la phrase par laquelle
Bianconi fait débuter son essai : « Celui qui pourrait écrire avec liberté
et décence la vie tumultueuse de Jean-Baptiste Piranesi ferait un livre
non moins pittoresque que celui qu’écrivit sur lui-même l’illustre Ben-
venuto Cellini. » De même que l’existence de Cellini, derrière la
comédie aventureuse et le roman picaresque, laisse voir un élément
héroïque, une magnifique puissance individuelle, l’existence de Pira-
nesi révèle l’ampleur et la force d’une nature qui, loin de se laisser
aller au caprice des circonstances, comme l’on pourrait le croire
à première vue, les domine, les utilise et, au besoin, sait les faire
naître pour favoriser l’expansion de son génie.
I
Piranesi est né le 4 octobre 1720, comme en fait foi son acte
de baptême, extrait des registres de la paroisse San Moïse à Venise,
conservés à la basilique de Saint-Marc.
« Aujourd’hui, 8 novembre 1720, Zuanne Battista, fils d’Angelo
1. Bianconi, Elogio storico del cav. G. B. Piranesi, dans YAntologia Romana, année 1779,
n°s34, 35 et 36, et Opéré del consigliere G. L. Bianconi, Bolognese, ministro délia corte di Sas-
sonia pressa la Santa Sede, Milan, 1802, t. II, p. 127 sq. « Sentiamo che siasi rinvenuto un
rotolo di molti fogli contenenti le memorie délia sua vita scritta da lui, e desideriamo che ven-
gano pubblicati colle stampe. »