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PIRANESI.
Bianconi fait allusion, en la mettant sur le compte de son intransigeance,
permet d’apprécier exactement la mesure dans laquelle Piranesi
a pu accepter la « collaboration » des antiquaires romains, collaboration
incertaine et précaire s’il en fut, limitée à chaque instant par l’humeur
autoritaire de l’artiste, par l’originalité de ses vues, par l’opiniâtreté
avec laquelle il prétendait mener son œuvre jusqu’au bout.
Au surplus, ce n’est pas dans les écrits théoriques de Piranesi que
je prétends chercher l’unité de son génie, mais dans son art. Il n’était
pas inutile toutefois d’établir que dans tous les aspects de sa carrière il
se montre d’accord avec lui-même, que partout il développe ses dons
avec la même autorité, —que ses idées d’archéologue enfin, sinon tous
les éléments dont il se sert pour les démontrer (encore faut-il lui res-
tituer les meilleurs et les plus péremptoires), ont pour source une série
d’études expérimentales extrêmement originales et fécondes.
V
Quelques années après sa publication, la Magnificenza devait sou-
lever une polémique curieuse entre Mariette et Piranesi. Par Bottari,
l’amateur français était de longue date en relation avec le graveur.
Quelques-unes des lettres de Mariette à son ami et correspondant romain
nous renseignent à cet égard d’une manière intéressante. A propos
d’un article paru dans le Journal de Trévoux sur la restauration ma-
lencontreuse du Panthéon par les jésuites1, Mariette proposait à Bottari
de communiquer à Piranesi un dessin fait à Rome par Martin Heems-
kerke, vers 1560, utile document sur l’état de l’édifice à cette époque.
« Je le regarde (Piranesi), ajoute-t-il, comme un vaillant artiste et
comme l’homme qui connaît le mieux les antiquités de Rome » (24 dé-
cembre 1758). Piranesi lui adressait tous ses ouvrages et recevait de
lui, par Bottari, des marques de sympathie courtoise et d’admiration.
Le 31 décembre 1762, Mariette écrivait2 : « J’ai reçu un exemplaire
du dernier ouvrage qu’a fait paraître le Piranesi sur VEmissario del
1. Bottari, Raccollà, IV, p. 496-497.
2. Ibid., IV, p. 550.
PIRANESI.
Bianconi fait allusion, en la mettant sur le compte de son intransigeance,
permet d’apprécier exactement la mesure dans laquelle Piranesi
a pu accepter la « collaboration » des antiquaires romains, collaboration
incertaine et précaire s’il en fut, limitée à chaque instant par l’humeur
autoritaire de l’artiste, par l’originalité de ses vues, par l’opiniâtreté
avec laquelle il prétendait mener son œuvre jusqu’au bout.
Au surplus, ce n’est pas dans les écrits théoriques de Piranesi que
je prétends chercher l’unité de son génie, mais dans son art. Il n’était
pas inutile toutefois d’établir que dans tous les aspects de sa carrière il
se montre d’accord avec lui-même, que partout il développe ses dons
avec la même autorité, —que ses idées d’archéologue enfin, sinon tous
les éléments dont il se sert pour les démontrer (encore faut-il lui res-
tituer les meilleurs et les plus péremptoires), ont pour source une série
d’études expérimentales extrêmement originales et fécondes.
V
Quelques années après sa publication, la Magnificenza devait sou-
lever une polémique curieuse entre Mariette et Piranesi. Par Bottari,
l’amateur français était de longue date en relation avec le graveur.
Quelques-unes des lettres de Mariette à son ami et correspondant romain
nous renseignent à cet égard d’une manière intéressante. A propos
d’un article paru dans le Journal de Trévoux sur la restauration ma-
lencontreuse du Panthéon par les jésuites1, Mariette proposait à Bottari
de communiquer à Piranesi un dessin fait à Rome par Martin Heems-
kerke, vers 1560, utile document sur l’état de l’édifice à cette époque.
« Je le regarde (Piranesi), ajoute-t-il, comme un vaillant artiste et
comme l’homme qui connaît le mieux les antiquités de Rome » (24 dé-
cembre 1758). Piranesi lui adressait tous ses ouvrages et recevait de
lui, par Bottari, des marques de sympathie courtoise et d’admiration.
Le 31 décembre 1762, Mariette écrivait2 : « J’ai reçu un exemplaire
du dernier ouvrage qu’a fait paraître le Piranesi sur VEmissario del
1. Bottari, Raccollà, IV, p. 496-497.
2. Ibid., IV, p. 550.