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LA MATURITÉ.

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des maîtres italiens, par les burinistes monotones de l’école de Volpato
et réunies sous le titre de Schola Italica Picturae, mais nous ne savons
si Piranesi en assuma la direction; l’esprit et la technique de cet ouvrage
sembleraient prouver le contraire. Il est probable que les cuivres furent
rachetés par Francesco quelques années après leur exécution pour grossir
le fonds de son commerce d’estampes.
Dans les papiers de Temanza4 se trouvait une lettre de Piranesi
adressée à sa sœur et datée de Rome, le 27 mars 1778, d’autant plus
intéressante que cette sorte de documents est fort rare. L’artiste
y déclare que, depuis son départ de Venise, il a gagné de cin-
quante à soixante mille écus romains. Il en a placé une partie. Le
reste des capitaux alimente sa chalcographie et sa collection. Il ajoute
que ses œuvres de gravure et d’archéologie se montent à cette époque
à dix-huit volumes format atlantico. De temps en temps les papes lui
en achètent un exemplaire complet au prix de 200 écus pour en faire
hommage aux princes étrangers qui viennent les visiter. C’est le génie
même de Rome, dit-il, qui l’a inspiré et, s’il se donne le nom de fils de
Rome, c’est que c’est là qu’il a fait sa fortune, c’est là que son protec-
teur, le pape Clément XIII, l’a décoré du titre de chevalier. Il s’élève
contre l’inertie des Italiens du dix-huitième siècle et fait l’éloge de la
nation anglaise, qui s’intéresse à toutes les tentatives des arts et des
lettres. S’il devait se choisir une patrie, il opterait pour Londres. Con-
traint de s’exiler de Venise parce qu’il n’a pu y obtenir un mauvais petit
emploi, il proteste qu’il n’y retournera jamais : cette ville n’est pas un
théâtre capable de favoriser ce qu’il y a d’ample et d’audacieux dans
ses conceptions...
Ainsi définitivement fixé dans la patrie de ses songes et de toute
grandeur humaine, Piranesi pense, observe et travaille aux jours de sa
maturité. Il est de ces hommes qui doivent ignorer longtemps les lan-
gueurs et les débilités de la vieillesse et que les ans semblent rajeunir.
Dans la dernière période de sa vie, celle où le génie, sans avoir rien
perdu de sa flamme et de sa puissance créatrice, gagne d’ordinaire en
équilibre et en étendue, il ne se lasse pas d’être jeune, impétueux, actif,
entreprenant, d’observer avec passion la nature et les hommes, de re-
1. C’est à Tipaldo, dans l’article « Piranesi » de sa Biografta, que l’on doit cette intéres-
sante indication.
 
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