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PIRANESI.

emplit à peu près le cadre, mais le portique, vu de face, semble une
simple arcade sans profondeur, et non la façade d’un édifice carré.
On peut appliquer la même méthode à l’étude du temple d’Antonin
et de Faustine et confronter la Veduta de Piranesi avec la réalité. L’ar-
tiste présente encore le monument par son angle et ne se place pas
droit devant la façade. La perspective permet ainsi de diminuer l’écart
des entrecolonnements : en effet, au dix-huitième siècle, les fûts étaient
engagés dans le sol du Forum pour un cinquième de leur hauteur et
leurs dimensions apparentes risquaient de donner à leurs intervalles
— et à l’ensemble — une largeur disproportionnée. On s’en rendra
compte en cachant à la hauteur voulue une photographie prise de face.
Dans la planche de Piranesi, la colonnade conserve son caractère incom-
plet, on cherche les bases et les parties manquantes, mais elle demeure
d’une élégance robuste et la vue n’est pas choquée par l’importance
trop considérable des vides.
Barbault1 a été plus loin dans cette voie : la réduction des entreco-
lonnements est plus prononcée; les fûts ont subi un allongement dis-
proportionné : si leur partie inférieure était déterrée, ils seraient d’une
hauteur démesurée. L’église San Lorenzo in Miranda a disparu. L’artiste
a dégagé la ruine de la maçonnerie moderne et l’a hissée, à son ordi-
naire, sur un sol très accidenté. Elle est plus reconnaissable dans une
autre planche 2 du même recueil où, vue de loin, elle sert à donner
l’échelle (d’ailleurs inadmissible) des colonnes de Jupiter Stator. Ajou-
tons que, dans l’estampe de Piranesi comme dans celle de Barbault, la
justesse des fissures et.des entailles est frappante. L’inscription du
fronton est en quelque sorte mangée par l’érosion de la pierre, dont tous
les accidents sont reproduits, sans monotonie et sans lourdeur, avec la
fidélité la plus consciencieuse. La même remarque s’impose à propos
du Panthéon3 que Piranesi ne pouvait pas nous montrer sans les
fameuses « oreilles d’âne » de ses deux clochetons, aujourd’hui heureu-
sement démolis, mais dont l’exactitude de proportions architecturales
se double d’une vérité de détail extraordinaire. L’artiste repère sur le
fronton les cassures d’angles et les incisions et fait sentir la qualité

1. Op. cit., pl. 6, p. 11.
2. Ibid., pl. 7, p. 14.
3. Vedute, pl. 70 (1761).
 
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