Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
286

PIRANESI.

1
Oui, l’influence exercée par Piranesi fut immense, — mais elle
reste complexe et difficile à définir, à cause du caractère même de son
œuvre, qui se présente à la fois comme un vaste répertoire archéologique
et comme le plus exalté des poèmes, à cause des dons divers et presque
contradictoires de cet artiste exceptionnel, historien, architecte, déco-
rateur, graveur et peintre; enfin, à cause de ce génie visionnaire, qui
n’appartient pas à son temps. Les circonstances, qui, étudiées à la hâte
et superficiellement, paraissent l’avoir servi sans réserve, furent favo-
rables à la diffusion de son œuvre et à l’épanouissement de sa maîtrise,
mais elles ont singulièrement contrecarré ce que l’on pourrait appeler
son apostolat. 11 se laissait aller, comme écrivain, à toute sa verve
imaginative au moment même où les méthodes objectives, importées
par les savants du Nord, commençaient à se substituer à l’intuition
archéologique. Il s’est fait le champion le plus éloquent de l’antiquité
latine, au moment où Leroy vulgarisait la Grèce et rencontrait un
immense succès. Quant à son talent d’artiste, il a ébloui, mais décon-
certé : ses contemporains voyaient dans le retour à l’antique, non le
moyen d’enrichir et de renouveler les arts, mais l’occasion d’épurer le
goût; ils restaient plus fidèles aux principes du classicisme rationaliste
qu’à l’inspiration du seizième siècle. La diffusion universelle des planches
de Piranesi attirait autour des vestiges célébrés par elles une foule
cosmopolite qui, sur le sol latin, n’abandonnait rien de ses préférences
et de ses disciplines ethniques. Piranesi fit à Rome, sa patrie d’élection,
une publicité grandiose; il est le dernier Italien qui ait fait retentir la
voix généreuse de la Renaissance, — mais souvent au profit d’étrangers
en qui parlait plus fort la voix de leur propre race.
Qu’il ait beaucoup agi par ses qualités d’homme, par l’ardeur pas-
sionnée de son caractère, il n’est pas permis d’en douter, d’après l’una-
nimité de ses biographes. Sa verve extraordinaire faisait de lui l’inter-
prète le plus éloquent, en gestes et en paroles, des grandeurs de Rome.
Aux jours de sa jeunesse, logé près de l’Académie de France, en relations
avec les directeurs et les pensionnaires, avec Michel-Ange Challe, roman-
tique avant l’heure, dessinateur de ruines perdues dans les forêts, avec
 
Annotationen