**** ANDRÉ GILL ** 135 **
II est au moins plaisant de penser qu'au moment môme où le gouvernement est jésui-
tique, la censure s'oppose à ce que Gill raille légèrement cette même institution.
Aussi cette affaire aura-t-elle surtout pour résultat d'infliger une leçon aux gouverne-
ments qui, en dépit de leur étiquette libérale, conservent obstinément des fonctionnaires
et des institutions despotiques.
Mercredi 16 courant, la onzième cbambre de la police correctionnelle a condamné le
gérant de la Lune rousse à deux cents francs d'amende pour publication d'un dessin non
autorisé.
A la même audience, le Triboulet comparaissait, avant nous, pour un délit analogue.
Son avocat, M. Oscar Falateuf, a prononcé, en guise de plaidoyer, un véritable réquisi-
toire contre la Lune.
Nous nous souviendrons de cet acte de bonne confraternité.
De son côté le bon confrère, — dans confrère, il y a frère, a dit le poète — rend
compte aussi de sa condamnation :
« Triboulet a comparu de nouveau devant la onzième chambre correctionnelle pour
répondre de ses méfaits.
Cette fois, le pauvre fou s'est vu condamner à 500 francs d'amende. Malgré la magni-
fique plaidoirie de Me Falateuf qui a su trouver, pour défendre une noble cause, les accents
les plus nobles, appuyés sur des arguments les plus convaincants, le Tribunal n'a pas cru
devoir user d'indulgence envers l'incorrigible prévenu; il a préféré, sans doute, réserver
ses élans de générosité pour une feuille républicaine condamnée dans la même audience,
et pour un délit analogue, à deux cents francs d'amende. Il est vrai qu'il s'agissait
d'insultes au clergé. »
C'est enfin la Petite Lune qui prend la défense de sa grande sœur : « La Lune rousse
vient d'écoper deux cents balles d'amende pour publication d'un dessin non autorisé.
Ce dessin refusé blaguait les ratichons. Paraît que Basile est toujours bien en cour.
Ce qu'il y a de rigolo, c'est qu'à la même audience, un canard réac, le Triboulet, pas-
sait avant la Lune, pour un délit semblable. L'avocat de ce canard a jugé à propos, pour
défendre son client, de dénoncer la Lune et d'appeler sur elle les rigueurs du tribunal.
Son système ne lui a pas réussi : le Triboulet a pincé cinq cents francs. C'est bien fait;
voilà ce que c'est d'être mufle avec les confrères. »
N° 125. — 27 avril. Fable. Le Rat retiré du monde (Gambetta).
N" 126. — 4 mai. Le Centenaire de l'Assommoir (Marianne et Zola).
« La République sera naturaliste ou elle ne sera pas. »
Et là-dessus, le Maître ajoute : « Faisons de la musique, dansons, cultivons nos fleurs,
écrivons de beaux livres. »
Et le Maître le fait comme il le dit!
N° 127. — / / mai. Au public.
« La Lune rousse paraît aujourd'hui avec une page blanche en guise de dessin. C'est
encore, on le devine, Anastasie qui a fait des siennes.
II est au moins plaisant de penser qu'au moment môme où le gouvernement est jésui-
tique, la censure s'oppose à ce que Gill raille légèrement cette même institution.
Aussi cette affaire aura-t-elle surtout pour résultat d'infliger une leçon aux gouverne-
ments qui, en dépit de leur étiquette libérale, conservent obstinément des fonctionnaires
et des institutions despotiques.
Mercredi 16 courant, la onzième cbambre de la police correctionnelle a condamné le
gérant de la Lune rousse à deux cents francs d'amende pour publication d'un dessin non
autorisé.
A la même audience, le Triboulet comparaissait, avant nous, pour un délit analogue.
Son avocat, M. Oscar Falateuf, a prononcé, en guise de plaidoyer, un véritable réquisi-
toire contre la Lune.
Nous nous souviendrons de cet acte de bonne confraternité.
De son côté le bon confrère, — dans confrère, il y a frère, a dit le poète — rend
compte aussi de sa condamnation :
« Triboulet a comparu de nouveau devant la onzième chambre correctionnelle pour
répondre de ses méfaits.
Cette fois, le pauvre fou s'est vu condamner à 500 francs d'amende. Malgré la magni-
fique plaidoirie de Me Falateuf qui a su trouver, pour défendre une noble cause, les accents
les plus nobles, appuyés sur des arguments les plus convaincants, le Tribunal n'a pas cru
devoir user d'indulgence envers l'incorrigible prévenu; il a préféré, sans doute, réserver
ses élans de générosité pour une feuille républicaine condamnée dans la même audience,
et pour un délit analogue, à deux cents francs d'amende. Il est vrai qu'il s'agissait
d'insultes au clergé. »
C'est enfin la Petite Lune qui prend la défense de sa grande sœur : « La Lune rousse
vient d'écoper deux cents balles d'amende pour publication d'un dessin non autorisé.
Ce dessin refusé blaguait les ratichons. Paraît que Basile est toujours bien en cour.
Ce qu'il y a de rigolo, c'est qu'à la même audience, un canard réac, le Triboulet, pas-
sait avant la Lune, pour un délit semblable. L'avocat de ce canard a jugé à propos, pour
défendre son client, de dénoncer la Lune et d'appeler sur elle les rigueurs du tribunal.
Son système ne lui a pas réussi : le Triboulet a pincé cinq cents francs. C'est bien fait;
voilà ce que c'est d'être mufle avec les confrères. »
N° 125. — 27 avril. Fable. Le Rat retiré du monde (Gambetta).
N" 126. — 4 mai. Le Centenaire de l'Assommoir (Marianne et Zola).
« La République sera naturaliste ou elle ne sera pas. »
Et là-dessus, le Maître ajoute : « Faisons de la musique, dansons, cultivons nos fleurs,
écrivons de beaux livres. »
Et le Maître le fait comme il le dit!
N° 127. — / / mai. Au public.
« La Lune rousse paraît aujourd'hui avec une page blanche en guise de dessin. C'est
encore, on le devine, Anastasie qui a fait des siennes.