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les vases, n'auraient pu tenir sur l'argile sans l'aide d'une gomme
on d'un mastic qui, il faut le croire, était alors inconnu. Dans cet
embarras, on s'est contenté d'une pâte ocreuse, rouge ou jaune,
ayant une porosité telle, qu'elle devait singulièrement faciliter
l'adhérence de l'or. Cette substance ne fut appliquée sur la peinture
qu'en petites parcelles. Tantôt nous voyons une rangée de bossettes -
ou dirait des perles — qui, employées pour marquer les bijoux ou
les baies d'olivier, sont d'un réalisme vraiment original; tantôt
l'artiste a tracé des lignes en relief, soit pour faire valoir les
bracelets, les diadèmes, les couronnes de feuillage, soit pour
indiquer les contours des pennes. Sur nos deux vases, les plumes
scapulaires des ailes sont rendues au moyen de petits points ; les
plis du vêtement de la statuette archaïque qui s'élève derrière l'autel
sont dessinés en lignes saillantes.
Des œuvres d'art d'une exécution aussi étudiée occupent une
place à part dans l'histoire de la peinture. Elles nous rappellent,
ne fût-ce que de très-loin, la sculpture chryséléphantine, dont le
principal effet résultait du rapprochement de la blancheur de
l'ivoire avec le galbe mat de l'or antique, deux matières précieuses
également agréables à l'œil. L'analogie devient frappante si nous
considérons le procédé qu'employaient les sculpteurs pour appli-
quer l'or. Les anciens, bien qu'ils connussent la dorure au feu,
aimaient à revêtir leurs statues d'épaisses feuilles de métal1 que
1. Voir SciiUBAKT dans le musée Rhénan, vol. 15, 94-J01. Mémoires de la Société des Anti-
quaires de France, 26, 98-405. IIi'oner, Hermès, I, 3/|9. — Parmi les exemples les plus instruc-
tifs, il faut citer une statuette en bronze de l'ancienne collection Raifé (Catalogue, p. 110,
n° 87/i). Elle représente Hercule jeune devant Busiris. Le demi-dieu est vêtu d'une espèce de
tablier qui ne couvre que la poitrine, le ventre et le haut des cuisses el qui est attaché à la taille
au moyen d'une ceinture. Tout ce vêtement est mobile, non que la feuille d'or soit un objet votif
ou une boucle d'oreille déployée, comme on a eu le tort de le croire, mais parce que la dorure était
un accessoire travaillé à part. La corde qui enchaîne les mains d'Hercule est un fil d'or tordu,
également susceptible d'être détaché.
les vases, n'auraient pu tenir sur l'argile sans l'aide d'une gomme
on d'un mastic qui, il faut le croire, était alors inconnu. Dans cet
embarras, on s'est contenté d'une pâte ocreuse, rouge ou jaune,
ayant une porosité telle, qu'elle devait singulièrement faciliter
l'adhérence de l'or. Cette substance ne fut appliquée sur la peinture
qu'en petites parcelles. Tantôt nous voyons une rangée de bossettes -
ou dirait des perles — qui, employées pour marquer les bijoux ou
les baies d'olivier, sont d'un réalisme vraiment original; tantôt
l'artiste a tracé des lignes en relief, soit pour faire valoir les
bracelets, les diadèmes, les couronnes de feuillage, soit pour
indiquer les contours des pennes. Sur nos deux vases, les plumes
scapulaires des ailes sont rendues au moyen de petits points ; les
plis du vêtement de la statuette archaïque qui s'élève derrière l'autel
sont dessinés en lignes saillantes.
Des œuvres d'art d'une exécution aussi étudiée occupent une
place à part dans l'histoire de la peinture. Elles nous rappellent,
ne fût-ce que de très-loin, la sculpture chryséléphantine, dont le
principal effet résultait du rapprochement de la blancheur de
l'ivoire avec le galbe mat de l'or antique, deux matières précieuses
également agréables à l'œil. L'analogie devient frappante si nous
considérons le procédé qu'employaient les sculpteurs pour appli-
quer l'or. Les anciens, bien qu'ils connussent la dorure au feu,
aimaient à revêtir leurs statues d'épaisses feuilles de métal1 que
1. Voir SciiUBAKT dans le musée Rhénan, vol. 15, 94-J01. Mémoires de la Société des Anti-
quaires de France, 26, 98-405. IIi'oner, Hermès, I, 3/|9. — Parmi les exemples les plus instruc-
tifs, il faut citer une statuette en bronze de l'ancienne collection Raifé (Catalogue, p. 110,
n° 87/i). Elle représente Hercule jeune devant Busiris. Le demi-dieu est vêtu d'une espèce de
tablier qui ne couvre que la poitrine, le ventre et le haut des cuisses el qui est attaché à la taille
au moyen d'une ceinture. Tout ce vêtement est mobile, non que la feuille d'or soit un objet votif
ou une boucle d'oreille déployée, comme on a eu le tort de le croire, mais parce que la dorure était
un accessoire travaillé à part. La corde qui enchaîne les mains d'Hercule est un fil d'or tordu,
également susceptible d'être détaché.