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Gau, Franz Christian
Antiquités de la Nubie ou Monumens inédits des bords du Nil, situés entre la première et deuxième cataracte — Stuttgart, 1822

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https://doi.org/10.11588/diglit.4729#0129
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»' )

VIL INSCRIPTIONS DE PHIL.E.

Le rang qu'occupent des inscriptions pratique'es sur le même mur, mais
à diverses époques, n'est ordinairement qu'un effet du hasard, et ce serait
peine perdue de s'attacher scrupuleusement, clans l'explication, à l'ordre
dans lequel elles sont écrites. Plusieurs inscriptions de Philae , gravées l'une
au-dessous ou près de l'autre, doivent pourtant être traitées autrement;
en effet, comme on a sculpté plus tard, des figures sur la surface où elles
sont gravées, et comme par cette opération toutes les inscriptions ont été
plus ou moins mutilées, au point qu'on ne peut plus déterminer avec cer-
titude les endroits qui doivent les séparer, on est obligé de les présenter en
masse, ce qui n'empêchera pourtant pas de les séparer en les expliquant,
et en essayant de les restaurer. Les numéros dont elles sont munies servi-
ront à trouver les explications.

N° i3. Planche XL

On voit, le long du contour de la figure et au-dedans par-ci par-là, des
lettres isolées ; c'est qu'on a laissé subsister dans ces endroits l'ancienne sur-
face, tandis qu'on a creusé le reste. Les lettres qui sont restées entre le
corps et le bras tendu pourraient servir, sinon à une restauration complète,
du moins à des conjectures, si l'artiste à qui nous devons ces inscriptions
jusqu'à présent négligées, à ce que je crois, songeant à la possibilité d'un
essai de restauration, eût en dessinant mesuré et marqué exactement les
lacunes et leurs rapports avec ce qui reste de l'écriture. Mais il n'attachait
d'importance qu'à faire connaître ce fait remarquable, que postérieurement
à des inscriptions grecques, on a encore sculpté des figures parfaitement
égyptiennes; voilà pourquoi les lacunes entre les fragments d'écriture troublent
plus qu'elles ne guident, attendu que la largeur du corps ou du bras n'est
point dans un rapport exact avec elles. Cette remarque, qu'il ne faut pas
interpréter comme un reproche ingrat envers l'artiste , est nécessaire ici
pour répondre d'avance aux objections que l'on pourrait faire contre la res-
tauration de la première inscription, en s'en rapportant trop aux appa-
rences matérielles.

N° i. Planche XL

La manière dont on désigne une reine, Cléopatre, sœur du roi, indique
que le Ptolémée dont l'acte d'adoration est mentionné ici, était ou Philo-
métor ou Evergète IL En effet, le nom de cette reine est mis après celui
du roi; or il n'y a pas de doute que la dernière Cléopatre, la plus célèbre
de toutes, ne se soit nommée avant ses frères, dont la dignité purement
nominale était traitée sans cérémonie. De plus il est question , dans l'ins-
cription, des enfants du roi et de la reine ; or cette Cléopatre n'eut pas d'en-
fants du nom d'un de ses deux frères, avec lesquels elle fut mariée. Il est
très-probable que celui des deux dont parle cette inscription est Philomé-
tor, qui est nommé aussi avec Cléopatre dans les inscriptions de Kouss,
Ombos, Antéopolis et Citium : leur union fut de longue durée, tandis que
le mariage scandaleux d'Évergète II fut court; et si l'inscription de l'obé-
lisque de Philte , expliquée par M. Letronne, prouve qu'après la réconci-
liation le nom de Cléopatre, sa sœur, était encore cité dans les actes publics,
auparavant ce nom se plaçait après celui de sa fille, appelée également
Cléopatre.

Les traits OIOY, qui ne se trouvent point, au niveau du commencement et
de la fin de la première ligne, y appartiennent pourtant ; ce sont les der-
nières lettres du mot IIto'Xsj.i.ouou ( le trait 0 seul pourra paraître méconnais-
sable ). Si on retranchait ces lettres de l'inscription inférieure, pour les
reporter à la supérieure, le mot (Ï)<ji£i se trouverait au milieu de la ligne,
avant ïrapà tî! (xpptç). D'après la phraséologie d'autres inscriptions, on s'at-
tend au titre ^aaChma avant le nom de Cléopatre ; mais les lignes suivantes
font voir que l'espace manque.

La deuxième ligne commençait évidemment par le nom des divinités; les
traits XE, qui sont très-probablement des restes de pXopaiTrfpwv, font pré-
sumer qu'il y avait km <piAoy.7]-ropwv ; les traits restants sont un peu hauts dans
la copie : ils ne peuvent pourtant pas appartenir à la première ligne. Ensuite,
après une grande lacune où il ne reste marqué que les traits YCC, viennent
les mots muJtuv koI ™[v]. Le mot «nîitn est-il employé ici au lieu du remua
usité ailleurs ( Voy. les N"s 4 et 5, et Champollion Figeac, Annales, app. D. ;
N" 3, 4, G et 9 )? Et quel nom faut-il pour complément à l'article, à la fin
de la ligne? Que manque-t-il dans la lacune, après le nom des divinités?

Ce qui me fait croire que icn&en n'est pas mis ici à la place de TéV.vwv, c'est
que des restes de ce dernier mot sont visibles au milieu de la 3e ligne ; ils
ont dû être suivis immédiatement de la formule ordinaire [xai vfiv «ùtSv *«)>-
twv, qui remplirait parfaitement la lacune, et qui est ici presque entièrement
effacée. Mais que pouvait-il y avoir de nommé entre les enfants et tous les
Leurs ?

Dans une des inscriptions de Ptolémée Evergète If, on trouve après son
nom et son titre divin les mots fafim imçotvôv (champoll., Annales des La-

gid., app. D, N° 8), et dans une inscription des Philométors, Ôeùv fanpcwn
y.ù eùyapiVrwv ( Ibid., N° 5 ), sous-entendu enfants ; Ptolémée et Cléopatre
pouvaient donc se nommer aussi dans cette inscription enfants de ces divi-
nités royales, et exprimer le mot T.%\.li%, qu'on sous-entendait ailleurs. Les
traits YCC, qui, dans tous les cas, doivent être difficiles à distinguer, pour-
raient être des restes de Os&YEILçavoî; ; mais il est plus probable qu'ils
proviennent des mots <pO,opîTopwN 0EôW è-içavwv; le premier trait serait alors
la moitié r de l'N : cette supposition s'accorde mieux avec l'étendue de la
lacune. Il n'est pas d'ailleurs vraisemblable que ceux qui avaient pris leur
nom divin de leur amour pour leur mère, eussent fait une mention exclu-
sive du père sans nommer celle-ci, tandis que la formule usitée de ces
noms divins des Ptolémées comprend toujours les deux époux.

Si l'on essaie ensuite de compléter le commencement de la 3e ligne, le T
isolément conservé paraît, à la vérité, être le reste de t&vwv; mais ce même
mot figure au milieu; et les lettres YN, qui se trouvent sur la même ligne
que ce T, font naturellement penser qu'il y avait ici plutôt l'expression so-
lennelle t[o irpo«x]tîv[i]ji«] ; et la lacune produite par les lettres qui ont disparu
répond parfaitement à celle qui se trouve dans 6c[ûv çi]^[ar,To'fuv). C'est ici
que se trouve la solution de l'énigme. Ce qui, dans la copie, paraît être
la 3e ligne (depuis le commencement), n'appartient pas à celle-ci; c'est, au
contraire, le commencement d'une 5e ligne, et quoique les lignes paraissent
avoir été tirées à travers, il faut pourtant supposer que la seconde, et ce
qui paraît le commencement de la troisième, ne sont pas dans l'original si
rapprochées et si analogues aux eommencemens des autres, qu'ils le pa-
raissent dans la copie de M. Gau. Celle qui est réellement la 3° ligne com-
mençait peut-être sous le deuxième tiers de la seconde (sous «jOio^-ropcov ), et
sous elle on n'avait peut-être mis que le mot f«i&, ou tout au plus encore
èv çîXotiç, que le bras étendu a pu enlever sans laisser une trace. Les génitifs
des noms royaux exigent indispensablemcnt le substantif tô ^poc/wV/if/.*, et,
selon les inscriptions 2, 4 et 5, il faut encore le verbe ê'ypa^sv, sans oublier
le nom et le titre de celui qui établit le monument. Les traces du substantif
se montrent, comme je l'ai dit, dans ce qui paraît être la 3e ligne, mais
qui est la 5e; le PA de la 6e est sûrement un reste de fyPA^ev ; la 7e et
la 8e, qui commencent par K et A , contenaient donc le nom et le titre : mais
ces 4 dernières lignes ont dû être très-courtes, et n'ont pu contenir qu'une
dizaine de lettres.

D'où peut provenir cette répartition singulière ? C'est évidemment parce
qu'on voulait inscrire cet acte d'adoration sur ce mur-là ; mais comme il y
avait déjà une autre inscription, on fut obligé d'écrire la seconde au-dessous
et à côté, aussi bien que l'on pût. A l'inscription primitive appartient ce qui
reste de lettres entre le ventre et le bras de la figure , depuis la 5e ligne
jusqu'à la 9e ; il se distingue par la forme toujours ronde du C et de l'w
d'avec l'inscription que nous examinons ici, et dans laquelle les formes an-
guleuses prédominent. Il sera question de l'autre sous le N° \[\.

En ayant égard à la direction irrégulière et fortuite des lignes, il con-
viendra donc de rétablir de la manière suivante leproskynéma royal, pourvu
qu'on remarque que l'inégalité frappante des lettres empêche de donner à
la restauration cette évidence matérielle qui suffirait, sinon pour la prouver,
au moins pour la rendre plus probable.

BA[21AEil2nTOAEM]AIOY[KAIKAEOn]ATPA2TII2AA[EA*II2 1

<-)E[nM>l] AO[ MHTOPiîlS]0E[nNEni<ï>AXOXjnA IA 11!/, R AITii[N a

T[OIIP02K]YiN[H TEjKNa[iNKAlT<>>, AYTUNIIAJn H2>\l\APAT[HKY 3

M[AEr]PA[TE\ riAlJCIAI 4

K.......

A.......

7

BafcOico; lL-ri'Xeij.'jaio'j [*« Kleo~]aTpaç TÏiç àà[c7/f?,;J, 0s[c6v q»]xorjM|Top6r»J, 0e[ùv È-i-
epaveov] rcaiàiuv , nai tw[v té]-/.vco]v , xal twv aiTcôv -kJvtcov r;apà -r, [xuput ljçtài [tg rpec-
x.]uv[Y]Ju.|_a éy]pa[^£v K...... A.....

N° 2. Planche XL

Cette inscription qui se trouve immédiatement sous la précédente, et qui
a été mutilée de la même manière, en sorte qu'il n'est resté qu'environ un
quart des lettres de chaque ligne, se reconnaît aussitôt pour être un pros-
lijnéma du roi Ptolémée Alexandre : Ba^Oiwç [lTo]Xepwiov, [toB xal] AÀ£;[avàpou],
tô TTpo<y];cuv7);Aa] x[apà] tp. — L'E isolé de la 5e ligne est embarrassant pour
achever la formule ; cependant on peut supposer qu'on s'est trompé en lisant
E pour E, et qu'il faut continuer par è[v <&).aiç]; mais on ne saurait décider
s'il y avait ensuite xupi* ïciài, oU l'expression plus solennelle [wyiçTj >wpta J<J'-^'--
TAP, au commencement de la 7e ligne, peut être un reste de la date; £7',u;
TtrapTon du règne du roi. De plus, il est très-douteux si les 6 lignes qui
suivent, et qui se trouvent plus reculées, sont une suite de la même ins-
cription. Cela est du moins probable, puisque le nom de celui qui a fait
mettre par écrit le Proskynéma, y manque; dans cette supposition, on de-

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