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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Nr. 2
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Arnauldet, Thomas: Estampes satiriques relatives a l'art et aux artistes français pendant les XVIIe et XVIIIe siècles
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https://doi.org/10.11588/diglit.16989#0102

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102

GAZETTE DES BEA U X - A HT S.

est le cas qui se présente dès le début de cette seconde partie de notre
travail. L'arlequinade historico-satirique intitulée : Triomphe des arts
modernes ou Carnaval de Jupiter} dédié aux amateurs du temps, est,
en effet, dénuée de toute espèce d'indication de date ou d'auteur, et ce
n'est qu'après bien des tâtonnements que nous croyons pouvoir lui assi-
gner une date approximative, entre 1720 et J730, sans savoir en
aucune façon à quel auteur l'attribuer. Nous ne nous flattons même
pas d'être arrivé à une complète intelligence du sujet, qui est tout allé-
gorique et fort compliqué. Nous ne saurions donc la décrire trop minutieu-
sement. Au sortir d'un palais antique en ruine et envahi par des végéta-
tions parasites, le dieu des arts, Apollon sous l'habit d'Arlequin, est
traîné sur un char par trois ânes qui s'abattent, un léopard et des ani-
maux fantastiques à tête féminine, empanachée ; ces quadrupèdes grotes-
ques sont montés par Don Quichotte, par Pantalon, par une sorte d'homme
de lettres qui porte des plumes et des tablettes, et par Scapin, armé d'une
épée. Mercure, en grand manteau, les précède, tenant son caducée.
Derrière le char, marchent Polichinelle, la palette au pouce et l'équerre à
la main, une danseuse qui bat des cymbales, et un fou qui agite son tam-
bour de basque. En l'air, Pierrot, figurant la Renommée, sonne delà
trompette, à cheval sur le dos du Temps qui vomit des insectes par où en
vomissent les diablotins de Callot. Au ciel, le soleil, au milieu duquel on
distingue la figure d'Apollon, est éclipsé par un astre couvert d'une
chauve-souris, près d'un zodiaque aux signes caricaturés. Au fond, Jupiter,
armé de ses foudres, préside à ce carnaval. Sur le second plan, sont relé-
gués des monuments antiques et un autel sur lequel on déchiffre avec
peine ces mots : S. P. Q. R. — Ci-gït les Grecs et les Roma... — Le titre
de la composition est au bas, dans la marge, sur une tablette : Triomphe
des arts modernes , — ou Carnaval de Jupiter , — dédié aux amateurs du
temps. Ce dernier mot est exprimé par une sorte de rébus, à l'aide d'un
signe qui renvoie à la partie postérieure de la figure du Temps monté par
Pierrot. (Dimension : haut. 221 millim., larg. 369 millim.)

Tels sont les principaux détails d'une allégorie dont la portée semble
être de réagir en faveur de la tradition antique abandonnée, contre une mode
frivole, au moment où les Gillot, les Watteau, les Goypel peignaient leurs
arlequinades, leurs scènes de théâtre ou de roman ; et si nous ne sommes
pas dans l'erreur, plusieurs allusions à ces œuvres sont assez reconnais-
sables dans notre satire : rappelons-nous, en effet, tous les personnages
delà comédie italienne et cette figure de Don Quichotte, du héros dont
Coypel a traité l'histoire en une série de tableaux, destinés à être ensuite
exécutés en tapisserie aux Gobelins. D'autres allusions nous échappent
 
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