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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Nr. 2
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Arnauldet, Thomas: Estampes satiriques relatives a l'art et aux artistes français pendant les XVIIe et XVIIIe siècles
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https://doi.org/10.11588/diglit.16989#0103

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GAZETTE DES BEAU X-A HT S. 103

malheureusement, mais, dès à présent., notre opinion est assez plausible.
Quant au goût de la pièce dont l'auteur nous est, avons nous dit, inconnu,
il est assez analogue à celui des arlequinades fantastiques de Gillot, à
l'imitation desquelles notre pièce semble avoir été composée tout exprès.
On lit, en effet, dans les notes manuscrites de Mariette, que Gillot avait
peint une scène intitulée : le Triomphe d'Arlequin en dieu Pan ; que
celle-ci, gravée en manière noire par Jacques Sarrabat, obtint un grand
succès, et que Watteau dut sa naissante renommée à l'habile imitation
qu'il fit de ce genre, alors tout nouveau. Quant à l'exécution, elle est
moins précise que celle des eaux-fortes de Gillot, mais plus légère, plus
brillante et plus colorée.

Du reste , notre planche a subi plusieurs transformations intéressantes
dans deux tirages de beaucoup postérieurs à l'édition originale. Au titre
primitif a été substituée cette légende, empreinte du caractère de l'époque
de la révolution : Il y a encore de grands artistes, mais la frivolité} le
luxej les modes font dégénérer les talents, et s'il n'arrive une heureuse
révolution, le dieu du goût ne sera plus, comme on le voit ici} qu'un histrion
entouré d'un vil cortège. Nous présumons que dans ce cas, on faisait
servir l'ancien persiflage à la réaction inaugurée par Vien et David.

Plus tard, en 1791, une nouvelle inscription donna une application
nouvelle à cette estampe, mais peu en rapport avec son sujet. Les arts
sortant du temple du goût vont faire leur pétition à l'Assemblée nationale.
Un exemplaire de cet état se trouve placé au Cabinet des estampes dans la
collection des pièces relatives à l'histoire de France, à la date du 21 août
1791, et renvoie à une note manuscrite ainsi conçue : « La commune des
arts, académie révolutionnaire qui devait son existence à David, deman-
dait, dans une pétition, d'exposer ses œuvres concurremment avec les
membres de l'Académie. L'Assemblée, considérant les droits communs de
tout Français , décréta que les artistes seraient également admis à exposer
leurs ouvrages dans la partie du Louvre qui avait été destinée à cet usage
par son décret du 26 mai. Cette caricature est faite dans un sens favo-
rable au retour des privilèges et corporations qui n'existaient plus, et pour
faire comprendre que populariser les arts serait les avilir. » Ainsi, dans ce
troisième état, la gravure en question devint un pamphlet contre le
peintre qu'elle avait préconisé, et servit ainsi par deux fois les rancunes
de l'ancienne académie. Voilà donc une estampe qui est à elle seule un
curieux résumé des variations du goût pendant le xviii6 siècle.

Mous croyons devoir rattacher à ces premières années du xvme siècle,
une série de charges sur les artistes français de cette époque, récemment
lithographiées sous leur titre original de Callotines et charges, par
 
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