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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

119

statue du roi sont de même historiés d'ornements qui, du reste, paraissent délicate-
ment travaillés.

A la partie inférieure du fût, on voit en bas-relief les neuf Provinces et le Génie de
la Belgique. Les figures ont environ quatre mètres d'élévation; elles sont de M. Simo-
nis et d'un très-bel effet. Les écussons des provinces, agrafés par l'écusson national,
forment une sorte de couronne au-dessus de cette composition.

Quatre tables de marbre blanc, enchâssées dans la partie supérieure du piédestal,
portent les noms des membres du Congrès et les principaux articles de la Constitution.
Enfin, la partie inférieure est aussi couverte d'une profusion d'ornements lourds et dis-
gracieux. La simplicité sied aux bases des monuments: c'est là, si je ne me trompe,
un principe d'art que les architectes ne devraient point oublier.

Aux quatre coins du soubassement sont assises des statues allégoriques, représentant
la Liberté d'association, par M. Fraikin , la Liberté des cultes, par M. Simonis, les Libertés
de la presse et de l'enseignement, par M. Joseph Geefs.

La colonne est creuse : un escalier en pierre et en fonte conduit jusqu'au chapiteau,
dont la plate-forme est entourée d'une balustrade en bronze doré. La porte d'entrée est en
bronze, et, enfin, deux lions de bronze, de dimensions colossales, gardent l'entrée du
monument: ces deux lions sont de M. Simonis qui, comme vous voyez, a eu une belle
part des commandes officielles.

L'énumération de ces ornements, de ces guirlandes, de ces couronnes, de ces statues,
et j'en passe, ne fait-elle pas déjà penser que la colonne du Congrès est écrasée par les
détails qui devaient l'embellir ? Et puis, cette alliance du bronze avec la pierre blanche,
du bronze doré avec la pierre bleue, n'est-elle pas d'un goût douteux ? Telle est, en effet,
l'impression que produit, au premier aspect, ce monument, le seul du genre, en Bel-
gique. Les quatre Libertés surtout rompent l'harmonie de l'ensemble; pour qu'elle fût
complète, il eût fallu tailler ces statues dans la pierre blanche ou grise. La couleur aussi a
son influence dans l'art architectural; la statue du roi, debout sur le faîte, aurait dû
seule être en bronze : la colonne y eût gagné en légèreté.

Maintenant, si l'on examine l'œuvre en détail, on est obligé de s'avouer que nos sta-
tuaires ne sont peut-être pas tout a fait à la hauteur d'un pareil travail, qui voulait une
sévérité de style, un cachet de grandeur, sans lesquels il n'y a pas d'oeuvre monumen-
tale. 11 ne fallait pas essayer ici de faire remarquer une statue ou une des figures du
bas-relief, au détriment de l'ensemble delà colonne; tout aurait dû, au contraire, con-
tribuer à lui donner cette sobriété de lignes qui fait des édifices grecs des chefs-d'œuvre
d'un caractère incomparable. La statuaire monumentale, comme la peinture historique,
entre dans sa période de décadence, à mesure que le commerce artistique et l'art in-
dustriel prennent du développement. On eût dû confier l'ensemble des travaux à un seul
artiste, afin qu'il y eût homogénéité entre les parties. Une colonne est un tout, comme
un tableau. Qui donc a jamais songé à faire exécuter une grande composition historique
par quatre ou cinq différents peintres? Quand, en France, 011 construisit l'Arc de
Triomphe de l'Étoile, on trouva un statuaire capable d'y tailler des bas-reliefs en rap-
port avec l'idée qui faisait exécuter le monument : ce fut Rude. Eh bien! Rude eût dû
être chargé seul de ce grand travail. On aurait crié alors, mais qui s'en plaindrait au-
jourd'hui ? ......

La statue du roi, de M. Guillaume Geefs, est celle qui a le plus ce caractère mâle
et simple et ces lignes droites qui conviennent à l'architecture. Des quatre Libertés, la
Liberté d'association, de M. Fraikin, et la Liberté de la presse, de M. Joseph Geefs, sont les
 
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