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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 4.1859

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Leclercq, Émile: Correspondance particulière de la Gazette des Beaux-Arts
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120

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

plus satisfaisantes dans leur ensemble. Celle de M. Simonis est médiocre. Le ba*s-relief
représentant les neuf Provinces et le Génie de la Belgique, est fouillé de façon que les
figures, vers le haut surtout, sont presque en ronde bosse : c'est un défaut que le public
lui-même n'a pas laissé passer inaperçu. Chacune des figures, traitée pourtant fort habi-
lement, manque de simplicité comme les statues : trop tourmentées, elles offrent des
lignes disgracieuses. Il eut fallu, pour ainsi dire, en faire des cariatides, des supports.

La colonne du Congrès a démontré une fois de plus que l'allégorie était presque
toujours incompréhensible, sans inscription ou légende. Les'écussons qui surmontent
chacune des provinces les font reconnaître à ceux qui ont la science héraldique. Quant
au Génie de la Belgique, une façon d'Apollon demi-nu, déhanché, sur le front duquel
brille une étoile, il n'appartient pas plus à la Belgique qu'à la Chine. Il faut en dire
autant des Libertés. La Liberté d'enseignement, par exemple, est représentée tenant un
flambeau de la main droite ; mais, comme l'artiste n'était pas certain que ce flam-
beau fût bien explicite, il a naïvement étalé sur le genou de la statue une page de
bronze, sur laquelle sont gravés les mots : Liberté d'enseignement. Quant à la Liberté des
cultes, de M. Simonis, qui a la main droite levée et la main gauche posée à plat sur la
poitrine, tout le monde est d'accord pour trouver qu'elle n'a aucune signification.

Telle qu'elle est, pourtant, la colonne du Congrès a réussi. Cela tient à la nouveauté
du monument, beaucoup aussi à l'idée qui l'a fait élever, et un peu à l'ignorance du
public dans l'art architectural. A distance, quand on pourra la voir, l'effet en sera sans
doute meilleur. En attendant, la critique a fait son devoir.

Il ne faut pas oublier d'ajouter que c'est M. Poelaert qui est l'architecte de la colonne
du Congrès. M. Poelaert a de la réputation en Belgique; il a du talent aussi. C'est lui
qui a reconstruit la salle du théâtre de la Monnaie, qui est une des belles salles de
théâtre de l'Europe; c'est encore lui qui a fait les plans de la nouvelle église de Laec-
ken, près de Bruxelles, élevée à la mémoire de la reine des Belges.

Le Cercle artistique et littéraire vient d'ouvrir une exposition d'oeuvres d'art dans
le beau salon où, l'hiver, se donnent les conférences scientifiques, philosophiques ou
littéraires. Cette exhibition n'est pas brillante; les artistes n'ont guère répondu à l'appel
du cercle : sans doute, ils s'occupent déjà des tableaux ou statues à envoyer à l'exposition
triennale de Bruxelles, qui doit avoir lieu au mois d'août 1860. On remarque pourtant
deux jolies Moissons, de M. de Schampheléer, qui a beaucoup de succès dans ce
genre; une petite figure grecque, dans le goût de MM. Picou, Hamon, Aubert, dont
l'auteur, M. Stallaert, a infiniment de goût et de grâce; un beau paysage de M. Four-
mois; un autre de M. Otto von Thoren, artiste autrichien qui s'est formé à Bruxelles;
un tableau de genre hollandais, de M. Adolphe Dillens; un tableau de M. Dell'Acqua,
représentant AIfiéri composant sa première tragédie; une marine de M. Le Houet; une de
M. Clavs, et quelques autres petites toiles sans importance, devant lesquelles on s'arrête
peut-être avec plaisir, mais dont on ne se souvient plus le lendemain.

On vendra probablement, dans le courant de l'hiver, à Bruxelles, les tableaux com-
posant la galerie de feu M. Yan Becelaer. Ces tableaux sont presque tous de maîtres
modernes, dont la plupart français. On trouvera, dans le catalogue, les noms de Géri-
cault, de MM. Delacroix, Decamps, Isabey, Léopold Robert, Baron, Diaz, Trovon, Rosa
Bonheur, etc., etc.

EMILE LECLERQ.
 
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