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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr.1
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Meissner, Franz Hermann: Arnold Boecklin, [2]: artistes contemporains
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0030

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ARNOLD B OE G KLIN.

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en volutes colorées autour de son corps. Et à côté de la femme, un
affreux et joyeux triton, assis dans une pose comique, souffle dans
une conque.

Voici les Sirènes et Tritons du Musée de Munich L Au milieu des flots ,
s’est rassemblée une joyeuse compagnie de nymphes et de tritons. C’est
d’abord une jeune et belle sirène qui nage précipitamment, escortée
d’un triton à face d’ivrogne qui rit d'un rire faunesque. Plus loin,
un homme à figure de grenouille se joue dans l’eau. Au sommet
d’une vague énorme surgit un centaure marin, à la face terrible,
et d’un type tout à fait particulier à l’art de Bœcklin; sa poitrine
se gonfle, ses bras se dressent, son corps s’agite pour étreindre une
nymphe qui s’enfuit. Qui n’a pas vu cette peinture merveilleuse ne
peut imaginer la fraîcheur de jeunesse, la vie, le mouvement, la cou-
leur qui l'animent, groupant dans un ensemble éclatant, solide et
vibrant, ces personnages fantastiques. Rien n’égale la beauté, la
puissance, la vérité de cette mer et de ce ciel, que le peintre a su
rendre dans un véritable éclair de génie.

Dans cet ordre d’idées, à la fois panthéiste, mj'thologique et
humouristique, Bœcklin a peint des choses exquises, dont on
a pu voir quelques-unes à l’exposition internationale de Munich,
de 1891, et notamment le délicieux et lumineux chef-d’œuvre,
intitulé Pêcheurs de Sirènes, qui appartient à L. de Lieben, à
Vienne.

Je veux citer enfin un tableau de petites dimensions qui témoigne
de l’influence exercée dans ces dernières années sur le génie
de Bœcklin par le spectacle des mœurs de son pays natal. .J’y vois
mêlées la beauté de formes de Holbein et la fantaisie de Dürer;
et ce petit tableau me parait digne d’ètre placé à côté de Y J le de la
Mort et de Y Idylle marine, tant il est imprégné de profond senti-
ment et de vie intérieure. C’est Y Ermite. Un vieil ermite se tient
debout à l’entrée de sa cellule; il joue, sur un violon, sa prière du
soir devant une statue de la Vierge. Cependant les anges volètent
autour du vieillard, dans une éclatante lumière de miracle. L’un
sourit à son jeu, l’autre regarde par la fenêtre latérale, et le vieil-
lard ingénu continue à jouer sans s’apercevoir de rien. Sa douce
silhouette, l’expression pieuse de son attitude, la délicatesse du
coloris de l’ensemble, fout cela est d’une beauté et d’un charme
impossibles à décrire.

LV. les gravures publiées dans la première partie de celte étude.
 
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