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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Largillière, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0099

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90

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

excellent de la chair qui eut jadis tant de succès et qui reste au
premier rang parmi nos portraitistes. On continue à le payer cher
quand il apparaît dans les ventes, mais on ne l’étudie pas. On
essaiera, dans la présente notice, de payer à ce virtuose la dette dont
il réclame le paiement depuis tant d’années.

Quelque chose a pu nuire à Largillière au point de vue du chau-
vinisme de l’école, si fréquent sous le règne de Lebrun. C’est la
complexité de sa technique, qui, dans le rendu des carnations, dans
la vitalité de l’épiderme, dans l’éclat joyeux des colorations, ne s’en
tient pas uniquement aux traditions de Versailles et mêle à son
savoir-faire des éléments venus d’ailleurs. En effet, dans ses œuvres
fortes, après les hésitations du début, Largillière n’est pas purement
français. Cette façon de mettre de la lumière dans les chairs respi-
rantes vient évidemment des Flandres; et, en réalité, Largillière ne
fut pas élève de l’Académie comme tout le monde; il l’ignora long-
temps, il reçut une éducation toute flamande.

Il était cependant très Parisien par ses origines. Son père, Jean-
Antoine Largillière ou de Largillière, d’une famille où tout le monde
était chapelier, avait une boutique sur le pont Notre-Dame: le
13 février 1651, il avait épousé Marie Mignon, orpheline, demeurant
rue aux Ours. Tout en vendant des chapeaux, le jeune ménage eut
plusieurs enfants : un seul nous intéresse, c’est Nicolas, qui est baptisé
le 10 octobre 1656 à Saint-Bartliélenry.

On voit dans tous les livres qui ont pris leurs renseignements à
d’Argenville que le père de Largillière avait des affaires en Flandre.
Il allait souvent à Anvers, où l’on aimait les chapeaux de fabrication
française. Dans son catalogue du Louvre, Villot, assidu à suivre
d’Argenville, veut que Largillière ait été amené à Anvers à trois ans,
c’est-à-dire en 1659. Nous n’avons pas la date exacte de ce voyage,
nous savons seulement qu’Antoine, le chapelier, était à Anvers vers
cette époque et qu’il avait entraîné avec lui sa femme Marie Mignon.
Cette dernière eut une fille qui, le 1er juin 1663, fut baptisée à la
cathédrale Notre-Dame sous le nom d’Anne. Cette fille, dont nous
ignorons les destinées, est bien la sœur de notre peintre; les registres
de la paroisse anversoise indiquent nettement qu’elle est la fille
d’Antoine et de Marie Mignon L

Le jeune Nicolas passa donc à Anvers les premières années de son
enfance. Subit-il l’influence de l’air ambiant? Les peintures qu’il 1

1. Catalogue du Musée d'Anvers (1857-1890), p. 188.
 
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