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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Mantz, Paul: Largillière, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0113

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

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à quel résultat ce marché a abouti; mais nous voyons bien que
Largillière a été un précieux élément dans le bonheur échevinal.
LTIôtel de Ville ne pouvait pas se passer de lui.

Deux ans après s’ouvrait le Salon de 1704, auquel Largillière prit
une part brillante. Il n’avait plus de grands tableaux à envoyer.
Pour marquer la diversité de ses aptitudes, il se contenta d’exposer
une Tête de saint Pierre et de nombreux portraits empruntés à sa
clientèle ordinaire : ce sont des gens d’église, comme l’évêque de
Comminges et l’archevêque de Toulouse, des confrères comme son
beau-père Forest et le peintre Poerson, des fonctionnaires, des
dames de la bourgeoisie élégante, des étrangers, des magistrats, sans
qu’il nous soit possible aujourd’hui de reconnaître les personnages
qui errent sans nom dans les musées et dans les collections parti-
culières.

Pour la plupart, ces portraits étaient de véritables tableaux.
Plusieurs étaient doubles, je veux dire qu’ils réunissaient dans le
même cadre le mari et la femme, M. et Mme de Santilly, par exemple,
M. du Porc et son « épouse ». Largillière aimait ces mariages qui
lui donnaient la variété dans les costumes, dans les airs de tête,
dans les coiffures. Du reste, il ne peignait pas le personnage abstrait,
il le mettait dans son entourage normal, dans son milieu quotidien,
avec ses meubles et son décor et les accessoires de sa fonction ou de
son travail. Presque tous les hommes — nous sommes en 1704 —
portaient la perruque in-folio, et ce n’était pas là un détail négli-
geable. Ces perruques, auxquelles l'artiste parait avoir attaché une
grande importance, sont des chefs-d’œuvre de peinture. Elles sont
encore versaillaises par le style et disciplinées comme les parcs de
Lenôtre; elles sortent de chez le bon faiseur, mais elles ont la
légèreté et la souplesse, elles semblent vivantes. Là, il faut admirer
cette facilité d’outil qui va être tant prisée au xviiie siècle et qui
mettra en fuite les derniers sectateurs de Lebrun, ceux que Sainte-
Beuve appelait la lourde cavalerie des Pégases.

Nous avons au Louvre, dans la salle Lacaze, une œuvre qui di
bien quel était l’idéal de Largillière en 1704. C’est le portrait
présumé d’un échevin (n° 220 du Catalogue spécial). Le personnage,
assis dans un fauteuil, est vu de trois quarts. Grande perruque
blonde. Robe noire recouverte d’un manteau rouge. La main droite
est posée sur la poitrine, de la main gauche il tient une lettre sur
la suscription de laquelle on croit lire le commencement d’un nom :
Monsieur Den... Tableau signé : par de Largillierre, 1704. La peinture
 
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