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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Lechat, Henri: Tanagra, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0133

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TANAGRA.

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l’école, jouant ou se reposant après le jeu; esclaves occupés à des
besognes diverses; bonnes vieilles servantes berçant des mioches;
acteurs comiques, sous tous les masques et dans tous les costumes;
— la série des types représentés parcourt la société tanagréenne
depuis les premiers rangs jusqu’aux derniers 1 ; et il y faut joindre
encore les caricatures, les sujets grotesques ou obscènes. C’est une
image très réduite, mais fidèle, de cette société, surprise dans sa vie
de tous les jours et à tous les instants du jour, copiée sincèrement,
naïvement, sans aucune intention d’allégorie, sans nulle préoccupation
de l’au-delà élyséen.

Par rapport aux œuvres de la grande sculpture, les petites œuvres
des coroplastes sont juste ce qu’étaient, par rapport aux dialogues
élevés de Platon et aux sérieuses comédies, largement développées,
de Ménandre, ces petites scènes comiques, ces bouts de conversa
tion familière qu’on appelait les mimes, et où s’exerçait la verve des
Sophrôn, des Xénarchos, des Hérondas. Le mimographe glane çà et là,
dans la rue, à la maison, au tribunal, dans une boutique de cordon-
nier, partout où il les trouve, les traits de mœurs et les mots de
nature; il n’a pas l’ambition d’en composer un grand tableau, il se
borne à de lestes croquis des caractères et des situations que lui offre
le train de la vie quotidienne; et même les charges bouffonnes où il
s’amuse parfois, restent toujours fondées sur l’-observation précise
de la réalité 1 2. — Pareillement le coroplaste (quand il cesse d’être

1. On a un peu exagéré, je crois, en disant que les figurines du type masculin
étaient très rares à Tanagra. Elles sont bien moins fréquentes, il est vrai, que les
figures de femmes, mais non pas tellement rares. Gomme elles sont d’ordinaire
d’une qualité inférieure, les collectionneurs ne s’en montrent pas très friands,
tandis que le Musée de la Société archéologique d’Athènes en possède un assez
grand nombre. On dira : ce sont toujours (à part quelques statuettes de guer-
riers) des éphèbes, non des hommes faits. Mais est-ce que la plupart des figurines
de type féminin ne représentent point, pareillement, des jeunes filles ou de toutes
jeunes femmes, plutôt que des femmes mûres? Il semble qu’on devrait dire que
les coroplastes de Tanagra s’en sont tenus, d’une façon générale, aux types jeunes,
tant pour les femmes que pour les hommes. A quelques exceptions près, ils n’ont
pas pris leurs modèles dans l’âge mûr. En fait de vieillards, ils n’ont guère
portraituré que des esclaves, le plus souvent avec une intention de caricature.

2. Si nous en savions plus long sur les mimographes et leurs œuvres, nous
trouverions probablement dans ce petit genre littéraire le sujet d’intéressantes
comparaisons avec l’industrie des terres cuites, sans parler des vases peints. Les
mimes étaient distingués souvent en deux catégories : les mimes sérieux (crnouSaïot)
et ceux pour faire rire (yeAoTot), ce dernier mot désignant surtout des bouffonneries
et obscènes; les yctoToi étaient donc l’équivalent exact des figurines grotesques
 
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