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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 2
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Dimier, Louis: Reynolds en Italie, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0171

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REYNOLDS EN ITALIE.

dfil

Des ordonnances simples, des attitudes grandes et majestueuses,
un pinceau sans fougue, point de faste dans le coloris ni de recherche
dans le clair-obscur, sont pour le premier de ces deux genres,
auquel justement les Bolonais se rattachent. A l’autre appartiennent
le fracas des compositions compliquées, les draperies abondantes et
hardiment jetées, le luxe des ornements, la gaîté des couleurs, la
savante élégance des mouvements, les jeux variés de la lumière
et de l’ombre.

Ce n’est pas dans la théorie seulement que Reynolds a préféré le
premier genre au second, mais aussi dans les compositions, assez
peu nombreuses du reste, où il a traité l’histoire.

Cette pratique lui a peu réussi. Le style d’apparat, dont il faisait
moins de cas, l’a plus heureusement inspiré. C’est la grâce élégante
de Yan Dyck qui se retrouve dans les beaux portraits qui font
aujourd’hui vivre sa gloire, leur éclat vient de Rubens, leur couleur
précieuse des Vénitiens.

Reynolds a toujours pris ces derniers pour exemple, entre tous
les autres, du style d’apparat. Il 11e sera pas inutile de rapporter
là-dessus quelques-unes de ses paroles.

« L’Ecole de Venise est certainement la plus brillante de toutes
celles qui ont préféré l’élégance du style, et ce n’est pas sans raison
que les beaux ouvrages de cette école du second rang sont préférés
aux médiocres des écoles qui sont au-dessus d’elle : car tout tableau
a son prix quand il a un caractère déterminé et qu’il est excellent en
son genre. Mais il faut que les jeunes artistes ne se laissent pas trop
éblouir par cet éclat, au point de vouloir imiter des choses qui pour-
raient enfin les écarter de la bonne route. Quoiqu’il faille convenir
qu’un bel accord de couleurs, des teintes brillantes et une douce gra-
dation de l’une à l’autre soient pour les yeux ce que l’harmonie des
sons est pour les oreilles, il faut pourtant se rappeler que la
peinture 11'est point faite uniquement pour charmer la vue. Cette
qualité, quoique fort bonne quand il ne faut que de l’élégance, est
petite et indigne de recherche pour qui vise au grandiose et au
sublime 1. »

Mais cette défiance où il paraissait être des qualités de l’Ecole de
Venise, exprimée dans un langage du reste si juste et si modéré,
semble avoir été plus le fait de son jugement que de son goût. S’il
avertissait ses élèves de ne point trop s’abandonner au charme de

1. Quatrième discours, Works, vol. 1, p. 357.

— 3e PÉRIODE.

X.

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