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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Exposition des portraits des écrivains et journalistes du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0214

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204

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

de trop de réquisitions; ils s’y prêtent aujourd’hui de moins bonne
grâce; certains même s’y refusent absolument. Et puis l’iconographie
est une science qui ne s’apprend point du jour au lendemain. On peut
avoir une bonne volonté de premier ordre et s’embarrasser sur des
riens, ignorer les bons coins, les prêteurs obligeants, les possesseurs
de raretés. On accepte alors au petit bonheur les offres intéressées,
on sacre « écrivain » le personnage qui ne s’oublie pas, au grand
risque de cacophonie et de mécomptes.

Ce qui frappe dès l’abord, c’est la disparité de nombre entre la
partie rétrospective et la partie moderne. Sur cette dernière on
pourrait imaginer que les écrivains furent entre 1793 et 1840 d’une
rareté insigne; la vérité est autre. Ceux qui sont restés, que nous
reconnaissons encore sous ce titre, ont une possession d’état dûment
établie, ils sont l’aristocratie de leur métier, d’où leur Olympe
restreint. Ils ont subi le tassement logique, ils se sont émondés;
quand on prononce leur nom, chacun acquiesce. Ils amusent, parce
qu’on sait d’eux mille anecdotes devenues classiques et que leurs
traits ont été popularisés. Revoir les originaux, pris sur nature, et
que les traductions ont souvent abîmés, procure aux dilettanti une
de ces sensations qui ne s’expriment guère. Là-bas est une
Mme d’Abrantès peu connue, habillée à la mode du premier Empire,
peinte par J. Doré en 1812. L’œuvre n’est point de belle envolée.
C’est au plus juste une de ces portraitures ratatinées, revêches, qui
étaient, au moment de la campagne de Russie, la note mondaine
comme sont pour l’instant les toiles de La Gandara ou de Blanche.
Mais voilà la Mme d’Abrantès « vivant ses mémoires », Gavarni nous
la montrera plus tard quand elle les écrira, et la comparaison n’est
point si inutile. Ici le masque est spirituel, il est mutin, il est de
cour; celui de Gavarni sera de la personne âgée ayant versé dans la
littérature. Lhine se tient et s’observe; l’autre est écervelée et
bohème. Doré nous dit la personne futée, Gavarni la dame ruinée qui
met au Mont-de-Piété son argenterie pour donner une soirée.

Mais, en vérité, si Mme d’Abrantès est là, pourquoi a-t-on oublié
Mme de Genlis, même en gravure? Y eut-il jamais femme auteur plus
populaire, plus peinturlurée, gravée, lithographiée, que celle-là? Si
l’on expose Sarali Bernhardt comme « autoress », Mme de Genlis ne peut
guère être omise; tant vaudrait oublier Delphine Gay ou George
 
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