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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Bouchot, Henri: Exposition des portraits des écrivains et journalistes du siècle
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0225

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GAZETTE DES BEAIJX-ARTS

position des écrivains du siècle dans cinquante ans d’ici, plus de
cent numéros rentreraient dans l’ombre et n’intéresseraient plus per-
sonne, parce qu’ils ne seraient plus là pour soigner leur gloire.

Je m’aperçois qu’on a oublié Eugène Sue. Diable ! Et Gérard de
Nerval! Si l’on a Sénancour, le nihiliste, c’est dans la suite de David
d’Angers; d’ailleurs, s’il eût été vivant, il 11e se fût point montré; sa
maxime était que l’obscurité convient au sage. Hippolyte Carnot et
Pierre Leroux, dans leur Revue encyclopédique, s’amusent à fouailler
les petits écrivains menant grand bruit autour de leur personne :
« Nous nous sommes plaints, disent-ils, de leur art sans but et de
l’absurdité de cette idolâtrie exclusive de la forme. » Voilà qui se
pourrait appliquer très bien aux mystiques de la dernière observance.
Nous les vojmns fort nombreux à la Galerie Petit, offrant à nos admi-
rations leur esthétique tapageuse; quelques-uns sont ravis qu’Eugène
Sue ne soit point là. Viennent les retours, Eugène Sue y sera et eux
11’y seront plus...

Il y a une fable d’Hoffmann :

Au bourg où règne la folie,

Un jour la nouveauté parut.
Aussitôt chacun accourut...

Et de dire : Qu’elle est jolie!

Ah! madame la Nouveauté,
Demeurez en notre patrie,

Plus que l’esprit et la beauté,
Vous y fûtes toujours chérie.

Alors, la déesse à ces fous,
Répondit: Monsieur, j’y demeure !
Elle leur donna rendez-vous
Le jour suivant à la bonne heure.

Le lendemain elle parut
Aussi brillante que la veille,

Le premier qui la reconnut,
S’écria : Bon Dieu qu’elle est vieille !

L’entrée plus franche des journalistes dans la littérature remonte
à l’Empire ; dès ce temps ils se confondent; auparavant ils ajoutent
ordinairement à leur titre de gazetiers la qualité supérieure de fai-
 
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