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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 5, Les écoles du nord - les primitifs - la Renaissance: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0236

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224

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Prado ne possède que des copies, le critique n’ait plus rien à nous
montrer. Or voici du maître une de ses plus vastes et plus authen-
tiques créations : le retable de la Chute et de la Rédemption de l'homme.

Il y aura bientôt un demi-siècle que le comte de Laborde identifia
cet ensemble avec le travail commandé par l’abbé Jean Le Robert, pour
l’abbaye de Saint-Aubert, à Cambrai, et Y an der Weyden n’y consacra
pas moins de quatre ans, de 1455 à 1459. Crowe et Cavalcaselle n’ont
pas jugé opportun de mentionner une œuvre de cette importance,
mais trouvent bon de signaler au Prado l'original de la Descente de
Croix, demeuré depuis trois siècles à l’Escurial.

Il peut être utile d’établir une fois pour toutes que les collections
royales ne possèdent pas, comme le voulait Passavant, deux origi-
naux et une copie de la Descente de Croix, mais un original et deux
copies, dont la moins bonne, le n° 1818 du Prado, paraît devoir émaner
de Coxcie, chose faite pour donner quelque piquant à l’invention par
divers critiques d’un Yan der Weyden de pure fantaisie, revêtu par
avance de tous les caractères du xvie siècle.

En fait, il semble que la Descente de Croix ne soit arrivée en
Espagne qu’en 1574, et Stirling a fait connaître cette circonstance
intéressante que, dès l’année 1567, Philippe II avait dépêché à
Louvain son peintre Ant. Pupiler (Popeliers, inscrit à la Gilde
d’Anvers en 1550), pour lui en prendre une copie. Faut-il identifier
cette dernière avec l’exemplaire du Prado n° 2193? Supérieure à
l’autre elle aurait dû, en ce cas, mieux tenir compte des caractères
de l’œuvre originale. Où M. Jean Rousseau prenait la mention d’une
copie exécutée par Albert Dürer, je l’ignore. L’histoire n’en a pas,
que je sache, gardé le souvenir.

Passablement mal sorti de la restauration de 1876, l’original de
la Descente de Croix n’en est pas moins un Yan der Weyden très
caractérisé, surtout pour qui n’a vu que des copies de la fameuse
peinture des arbalétriers de Louvain. Il ne s’agit nullement d’y
trouver la rondeur des formes de la reproduction de Coxcie. Passa-
vant, chose assez étrange, prétendait n’avoir vu en Espagne aucune
œuvre certaine de Roger Yan der Weyden le Yieux. Il rapportait
à un second peintre du nom et le retable du Prado, la Descente cle
Croix, et jusqu’au Crucifiement de l'Escurial, un des plus prodigieux
morceaux du maître, que l’initiative éclairée du comte de Valencia a
permis déjuger à loisir pendant l’exposition de Madrid.

Peinte pour la Chartreuse de Scheut, près de Bruxelles, cette der-
nière toile paraît avoir pris place dans la sacristie de l’Escurial en 1574 ;
 
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