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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 5, Les écoles du nord - les primitifs - la Renaissance: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0248

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236

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

gros comme un œuf. A ce spectacle, la mère du jeune homme se
pâme. L’opérateur, cependant, les manches retroussées, taille sans
sourciller. Sa femme tient la tète de la victime, tandis que sa jeune
fille apporte une tasse d’eau pour laver la plaie. Au fond, une ville
avec nombreuses petites figures. On dirait cette fois encore, un coin
du vieux Bruges.

Bien que le spectateur se réjouisse du côté purement imaginaire
de la scène, il semble que le peintre en ait puisé les éléments dans la
réalité. Je doute qu’il existe ailleurs un tableau d’opération chirur-
gicale rendu avec cette vérité impitoyable.

Hemessen a des points d’attache nombreux avec Mabuse, dont il
nous a d’ailleurs laissé un portrait. Lui seul aurait, je crois, pu
peindre les mains des trois figures du Christ, de la Vierge et de Saint
Jean, du salon d’Isabelle II. Le Prado possède encore de lui une Vierge
avec l'Enfant- Jésus, dans laquelle il s’inspire des Vénitiens.

Voici, toujoursdanslemêmeordred'idées,Marinus deRomerswael,
le maître qui avait si fortement intrigué Clément de Ris. Peintre
extraordinairement habile, il passa sa vie à exécuter des variations
sur un ou deux thèmes favoris : Saint- Jérôme en méditation, et des
Receveurs de taxes. Au Prado, comme à l’Académie de Saint-Ferdinand,
le sujet se répète avec une constance qui étonne, car, en vérité, le
peintre était assez habile pour trouver d’autres motifs. Son Saint-
Jérôme de 1521 se répète en 1533, et encore en 1541, toujours pareil !

Quant au Changeur et sa femme, il faudrait savoir une fois pour
toutes à quoi s’en tenir, car la composition est identique à celle du
Quentin Matsys au Louvre, et si, comme j’ai pu l’établir, Marinus de
Romerswael n’est nullement un simple copiste, lequel, de lui ou de
Matsys, eut d’abord l’idée de ces tableaux de receveurs de taxes et
d’usuriers ?

La Madone allaitant l’Enfant Jésus (n° 1423) est dans l’œuvre du
maître une note originale. On a cru un jour pouvoir mettre sur ce
tableau le monogramme d’Albert Durer. C’était assurément un hom-
mage à la sincérité de Marinus, et vraiment le peintre de Nuremberg
n’aurait pas eu à désavouer cet enfant ni même cette madone si
merveilleusement inspirée de la nature.

HENRI HYMANS.

(La suite prochainement.)
 
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