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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 3
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Hermant, Jacques-René: L' art à l'exposition de Chicago, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0264

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252

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Dans la décoration intérieure d’hôtels comme l’Auditorium à
Chicago, la sobriété est un principe.

Le vestibule, avec ses arcs massifs et bas supportés par de puis-
santes colonnes de marbre, donne la sensation des vestibules qui
précédaient les palais des empereurs d’Orient. Mais si l’on y regarde
de près, tout l’effet est dû à quelques larges et vigoureuses frises
d’une ornementation sculptée très personnelle et d’une composition
curieusement inspirée de la plante qui n’a son analogue nulle part,
à des fonds le plus souvent en pierre moulée ou même simplement en
lincrusta, relevés d’une grande quantité d’effets métalliques :
or, argent, platine, bronze, etc., curieusement étudiés et produisant
des jeux de lumière d’une richesse éblouissante.

Dans les frises sculptées courent, piquées au cœur de chaque
rosace, des lampes à incandescence qui s’en détachent comme les
pistils d’une fleur. Le soir, aux lumières, cette infinité de lampes
disséminées dans la pièce suivant le contour des arcs, les lignes
droites des hautes frises et les caissons des plafonds, produisent
l’effet d’une illumination qui fait à ce point partie intégrante du
monument, qu’elle semble lui être indispensable.

C’est nouveau, doux à l’œil et d’un effet délicieux; si l’on entrait
dans le détail, il se présenterait immédiatement à l’esprit une quan-
tité de critiques; mais nous ne pouvons ici qu’indiquer les idées
intéressantes sans prétendre faire une étude complète de la façon
dont elles sont présentées, ce qui nous entraînerait trop loin.

On ne saurait toutefois manquer de faire remarquer que des
dispositions de cette nature qui se prêtent admirablement à la
décoration d’une petite salle, d’un escalier ou d’un vestibule tombent
forcément dans la monotonie quand les mêmes effets sont appliqués
à des surfaces trop grandes pour que l’artiste ne soit pas obligé de se
limiter sous peine d’entraîner une dépense excessive.

C’est pour cela que la salle de théâtre pour laquelle le même
parti a été adopté est simplement lugubre.

Dans l’impossibilité de multiplier à l’infini les lumières, Sullivan
(car c’est aussi lui qui a construit l’Auditorium) s’est borné à
appliquer son dispositif à la décoration des trois immenses arcs de la
voûte plein cintre de 25 mètres d’ouverture qui recouvre toute la
salle.

Cela fait six cordons de lumière qui détachent plus cruellement
encore la brutalité trop antédiluvienne de la composition et qui font
tristement ressortir la pauvreté de cette cave gigantesque dont la
 
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