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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Maindron, Maurice: La collection d'armes du Musée d'Artillerie, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0301

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288

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Si l’armure de guerre de Henri 1Y est d’une extrême simplicité,
il est à croire que ses harnois de parade devaient être d’un plus
grand luxe. Il suffit de considérer le beau médaillon où Guillaume
Dupré a représenté le roi vu juste de face avec Marie de Médicis,
vue de profil, pour voir que les riches armures à décors repoussés
étaient encore de mode au xvne siècle, comme elles l’étaient du temps
des petits Valois si richement cuirassés en leurs bustes par le ciseau
de Germain Pilon et de Barthélemy Prieur. Regardez avec attention
cette admirable armure allemande repoussée que nous figurons ici
hors texte; comparez-en les épaulières avec celles du roi Henri IV
sur le médaillon de Dupré : mêmes formes, mêmes partis décoratifs.
C’est là un renseignement précieux et qui nous éclairera par la suite.

Deux épées ayant appartenu à Henri IV comptent parmi les
plus précieuses du Musée. L’une lui fut donnée par le pape, en 1599,
à l’occasion de son mariage avec Marie de Médicis. C’est une sorte
de rapière, à longue lame fine, à garde compliquée, dont l’anneau de
côté est obturé par une plaque, à la mode allemande. Le pommeau,
les branches, les quillons, toute la poignée sont décorés de ciselures
exécutées sur acier et noircies. Ce sont des sujets religieux, Y Annon-
ciation, la Visitation, la Naissance du Christ, VAdoration des Mages, la
Circoncision. Le portrait de Henri IV, soutenu par deux anges, avec la
date 1599, se voit sur la plaque de l’anneau de côté. Cette belle épée
est sans doute allemande, sa lame porte le nom et le poinçon de Peter
Munsten, célèbre forgeur d’épées, qui fut bourgmestre de Solingen
en 1597. La dague appareillée à l’épée du Musée d’Artillerie se
trouve à l’Armeria Reale de Turin, on ne sait à la suite de quelles
vicissitudes l’arme de main gauche a été séparée de sa rapière. La
seconde épée d’Henri IV est également un cadeau fait à l’occasion de
son mariage, mais par sa bonne ville de Paris. Par un manque de
goût heureusement assez rare, la lame est chargée de médaillons de
nacre que l’on a incrustés dans l’acier. Il y en a douze qui repré-
sentent les signes du Zodiaque. Entre eux sont des inscriptions en
tauchie d’or, relatant les victoires du roi; les armes de France et
de Navarre figurées par le même procédé s’étalent sur le talon. La
garde légère et à branches déliées, d’acier incrusté d’or, est chargée
également de médaillons de nacre; le pommeau est précieusement
orné. Tout porte à croire que ce travail est français. La dague de cette
épée a été vendue il y a quelques années à l’Hôtel Drouot, elle se trouve
aujourd'hui en Angleterre dans la collection de feu Sir Richard
W allace.
 
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