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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0309

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29G

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

qu’il avait besoin d’un libre loisir pour songer à ses portraits qui
vont devenir plus nombreux et de plus en plus recherchés. Mais il
appartenait de cœur à la Compagnie et il était toujours prêt à lui
rendre service. Le mois suivant, Antoine Coypel est nommé premier
peintre du roi, l’Académie veut le féliciter et lui envoie une dépu-
tation dans laquelle Largillière figure avec La Fosse, Coyzevox,
Jouvenet, Coustou l’aîné, les princes de la maison. Au commence-
ment do 1716, Boulogne le jeune tombe malade ; l’Académie s’émeut
et expédie Largillière chez le patient. Il était prêt pour tous les
dévouements et même pour toutes les corvées.

Il travaillait cependant. La première figure qu’il ait rencontrée
au xvme siècle, c’est Voltaire ; non le Voltaire amaigri et fiévreux
qu’on a connu à la fin, mais le Voltaire jeune, printanier, souriant à la
vie et très gentilhomme. Ce portrait, qui manque au Louvre, est un
chef-d'œuvre de distinction et d’élégance. Nous en avons une faible
copie à ATersailles, peinture de fabrique comme toutes celles qui vien-
nent de l’ancienne collection de l’Académie française. Cette copie ne
donne guère l’idée de l’œuvre initiale. L’original a paru dans une
exposition de province. Se rappelle-t-on l’exposition rétrospective
organisée en 1860 à Amiens par la Société des antiquaires de
Picardie? Le portrait appartenait alors àM. deDompierre d’TIornoy.
Il fut peint en 1718 : AVI taire avait alors vingt-quatre ans. Il n'a pas
l’air d’un homme qui doit passer sa vie à écrire : on le prendrait
plutôt pour un marquis de la Régence, séduisant et amoureux. La
peinture est venue facilement avec la spontanéité d’une fleur. Elle
est d’une fraîcheur parfaite, très modelée, sans surcharges de travail,
mais non sans accents spirituels et libres. C’est comme cela qu’il faut
voir Voltaire et le fixer dans son souvenir.

Largillière, nous l’avons dit, était assidu à l’Académie, où il
remplit les fonctions de recteur en mars 1719. Mais il était du monde,
il suivait le mouvement de l’art et de la curiosité parisienne, il voyait
volontiers les gens de distinction venus à Paris. Naturellement, il
ne fut pas des derniers à fraterniser avec Rosalba. La Vénitienne parle
fréquemment de lui dans son Diario. En 1720, on se vit deux fois, le
18 et le 26 novembre. Le 3 janvier 1721, Largillière va voir la pastel-
liste; le 26 du même mois, on déjeune ensemble1. Ces rencontres
avaient souvent lieu à la Banque, où Largillière parait avoir fré-
quenté. Le système de Law était alors dans toute sa ferveur ; on a

I. Journal de Rosalba Carrier a, 1835, p. 228, 229, 293, 298.
 
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