Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

DOI Heft:
Nr. 4
DOI Artikel:
Mantz, Paul: Largillière, [2]
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0311

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
2J8

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

même dit que l’artiste fut une des victimes de l’agiotage à la mode.
Il avait gagné de l’argent, il le perdit ; nous n’avons pas de détails
sur ce point. Ce sont les biographes qui font allusion à cette aven-
ture, sans donner de chiffres. Tout le monde parle d’un malheur
financier. « Le système, dit Mariette, endommagea fort sa fortune ;
il eut cela de commun avec Rigaud, » et beaucoup d’autres impru-
dents.

Il se peut que sa bourse ait subi quelque blessure et qu’il ait
éprouvé le besoin de cicatriser la plaie. Dans tous les cas, nous
voyons en 1722 Largillière s’intéresser à une autre entreprise et
passer un marché pour un nouveau travail. Cette fois encore, c’est
avec la ville qu’il contracte. Il ne s’agissait pourtant pas d’un événe-
ment municipal. Le Régent avait un désir : il voulait marier le jeune
roi Louis XY ; en compulsant la liste des princesses épousables, il
découvrit l’infante d’Espagne, Marie-Anne-Victoire. Elle arriva à
Paris le 22 mars 1722, mais le mariage ne se fit pas et, Louis XY
s’étant marié ailleurs, la jeune infante fut reconduite en Espagne, en
1725. Les échevins de Paris désirèrent conserver le souvenir de ce
mariage raté, mais qu’on avait cru possible. Le 11 août 1722, le
prévôt des marchands et les officiers municipaux passent un con-
trat avec Largillière qui leur soumet une esquisse; nous n’avons plus
l’esquisse, et il est probable que le tableau ne fut jamais exécuté,
mais nous avons le contrat qui est curieux et fort entaché d’allé-
gorie. Dans le projet delà ville, il s’agissait d’une grande peinture
d’apparat, 10 pieds de hauteur sur 16 pieds de largeur. Ce tableau,
dit le texte, représentera le roi environné des trois Grâces sur son
trône; Monseigneur le duc d’Orléans, régent, soutien du trône,
guidé par Minerve, symbole de la Sagesse, le couvrant de son bou-
clier et tenant de la main le portrait de l’Infante porté par deux
génies, un génie enchaînant le lion d’Espagne avec un cordon bleu,
et le coq, symbole de la France, enchaîné avec la toison d’or et autres
attributs marquant par là l’union des deux nations. Messieurs les
prévôts des marchands, échevins, procureurs du roi, greffier et rece-
veur de la ville étant aux pieds de Sa Majesté suivant l’esquisse qu’il
nous a représentée et que nous avons approuvée1. L’œuvre devait
être payée huit mille livres en argent. Suivent les signatures.

Le tableau, où apparaissent quelques velléités de galimatias, ne
paraît pas avoir été exécuté et nous ne le regrettons point outre

1. Nouvelles Archives de l’Art français, III, 135.
 
Annotationen