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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0313

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300

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

on garnissait les fusils. Il était jeune et inconnu des artistes, avec un
violent désir de faire de l’art. Il imagina d’aller voir Largillière, dont
un ami lui avait parlé. L’entrevue est curieuse. Après avoir fait un
bout de toilette, Wille va frapper à Dhôtel du fameux peintre, où il
était logé magnifiquement dans sa propriété. Il se présente comme un
étudiant en peinture et lui demande ses conseils. « Ce bon vieillard
me comprit à merveille, me donna la main d’amitié, me mena dans
une grande salle remplie de ses productions, qu’il me montra avec
une affabilité extrême. Il y vit, entre autres belles pièces de sa main,
les Douze Apôtres, de grandeur naturelle, mais demi-corps, qu’il avait
peints en différents temps pour sa propre satisfaction d’une manière
excellente. Il y avait également de la grandeur des Apôtres un
Saint Jérome, si hardiment exécuté, qu’il me plut si singulièrement
que je le considérais sans cesse : « Eh bien, me disoit ce brave
homme... si vous désirez faire une copie de ce Saint Jérome,' je
vous le prêterois avec plaisir... J’avois beau lui objecter que si
j’avois le bonheur de lui être mieux connu, j’accepterois son offre
avec reconnoissance... » Largillière insiste. Wille finit par emporter
le Saint Jérome. Il fait sa copie et la présente au vieux peintre,
qui l’accable de compliments h

La connaissance était faite. Peu après, Wille grava un portrait
de Largillière delà grandeur des planches d’Odieuvre (Leblanc, n° 129)
bientôt suivi du portrait d’une des filles du peintre, [Marguerite-
Elisabeth (Leblanc, n° 146). Ces deux estampes sont de 1738. Il est
bon de savoir que, comme il l’a raconté, Wille s’était parfaitement
passé des originaux pour faire ces estampes. Il avait trouvé des copies
chez un camarade, et il avait manœuvré d’après ces reproductions,
ce qui montre, disons-le en passant, combien Largillière était copié
au xvme siècle et combien nous devons être prudents pour nous pro-
noncer sur l’authenticité des œuvres qu’on lui attribue dans les
musées et surtout dans les ventes. Quoi qu’il en soit, il résulte de la
gravure de Wille qu’il a existé un portrait isolé de Marguerite
Elisabeth. La jeune fille est élégamment vêtue, sa chevelure s’agré-
mente de fleurs et de pierreries, de riches dentelles garnissent sa
robe décolletée. Dans le fond, une fenêtre donnant sur un jardin.

Du reste, il ne faut pas se méprendre sur l’identité du personnage
et songer à la fille aînée de Largillière, Mme deFaverolles : celle dont
Wille a gravé le portrait, est Marguerite-Elisabeth, qui fut baptisée

i. Journal de George Wille, I, 64.
 
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