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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Nr. 4
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Mantz, Paul: Largillière, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0317

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304

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

grand fracas, mais vivants et pleins de suc. Comme la Duclos a
quitté la Comédie en 1733 et qu’elle n’est plus très jeune (elle était
née en 1670), on a à peu près la date du portrait.

Largillière était alors dans tout l’éclat de sa renommée. Les
correspondants du Mercure lui adressent des vers en son honneur;
Voltaire lui-même chante ses louanges. Après avoir fait jouer Zaïre
(1732), il envoie sa pièce à M. Fakener, marchand anglais, avec une
épitr'e où, après avoir dit combien les maîtres peuvent être utiles, il
ajoute :

... Un esprit libre et sans crainte
M’enhardit et me fait penser.

Mon feu s'échauffe à sa lumière:

Ainsi qu’un jeune peintre instruit,

Sous Le Moine ou sous l’Argillière,

De ces maîtres qui l'ont conduit,

Se rend la touche familière ;

11 prend malgré lui leur manière
Et compose avec leur esprit.

Largillière n’a pas beaucoup quitté Paris. C’est à peine si, depuis
son entrée à l’Académie, nous trouvons la trace d’un voyage plus ou
moins mystérieux. Le 28 mars 1733, il fait dire à ses collègues
qu’ayant été obligé.d’aller à Cambrai, où il est actuellement pour ses
affaires, il les prie de nommer un adjoint à recteur pour exercer à sa
place le quartier d’avril. Nous n’avons aucun détail sur cette absence,
motivée, on peut le supposer, par la nécessité de faire un portrait.
Avec les artistes du xvme siècle, nous avons un point de repère : les
catalogues des Salons nous fournissent un semblant de chronologie.
Rien de pareil avec Largillière. Après avoir paru aux Salons de
1699 et de 1704, il n’expose pas, il échappe à Lafont de Saint-Yenne
et aux rares critiques du moment. Nous croyons comprendre qu’il a
vu poser devant lui un nombre infini de gens de province. Il était à
la mode : on venait à Paris pour une affaire ou pour ses plaisirs, on
profitait de l’occasion pour se faire peindre par Largillière. De là tant
de portrait conservés dans les musées des départements et dans les
châteaux du midi et d’ailleurs. Nous ne pouvons en dresser la liste
innombrable. C’est sans doute ainsi qu’il a peint le beau portrait de
MUe de Barrai, aujourd’hui au Musée de Grenoble. Ce portrait, qui
est de 1701, a été donné par la famille. La jeune fille est resplendis-
sante dans sa robe rouge, couleur dont le peintre a merveilleusement
entendu la difficile manœuvre.
 
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