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GAZETTE UES BEAUX-ARTS.
Ces analogies n’ont rien qui nous surprenne, car Orcagna,
comme André de Pise, a été architecte en chef du Dôme d’Orvieto.
Il n’y a rien d’invraisemblable à supposer qu’Orcagna a fourni les
dessins pour ces bas-reliefs. Je ne crois pas toutefois qu’il les ait
exécutés lui-même. Dans ces bas-reliefs, le style d’Orcagna est
conservé, mais ce n’est plus tout à fait sa manière de penser. Dans
l’art d’Orcagna, il y a plus de force et de grandeur. Ici comme dans
les scènes de la Genèse, le sentiment prédominant est la douceur et
l’élégance. Il semble que l’auteur des scènes de la Vie du Christ a dû
être un élève d’André de Pise ayant connu Orcagna.
Enfin, nous aurons terminé l’étude des bas-reliefs d’Orvieto en
parlant du quatrième pilier, le pilier des Prophètes. Ce pilier est bien
loin d’avoir la valeur des trois autres; cette histoire des Prophètes
qui aurait pu si facilement donner lieu à une série de scènes tout à
fait originales est ici une œuvre insignifiante et sans caractère.
Je dois dire aussi que toutes les parties des trois piliers dont
nous avons parlé précédemment n’ont pas le même mérite. C’est
seulement aux parties inférieures de ces piliers que s’appliquent les
considérations que nous avons fait valoir. Les parties supérieures
n’ont guère plus d’intérêt que le pilier des Prophètes et on peut les
attribuer à n’importe quelle école, sans que les jugements sur cette
école en soient modifiés.
La plupart des motifs que nous rencontrons au xive siècle, dans
les œuvres de l’école florentine, avaient été lentement élaborés au
cours de la longue période médiévale. Un grand nombre de ces
motifs avaient été conçus en France au xne et au xme siècle, et
c’est à la France que l’Italie les a empruntés.
Sur ce point, toujours si délicat, des influences de l’art français
sur l’art italien, je ne puis mieux faire que de citer les opinions de
la critique italienne elle-même. Natale Baldoria, dans un très
savant article sur un Avorio del Museo vaticcino 1 a indiqué quelques-
unes de ces influences :
« Dans la sculpture italienne, dit-il, de la seconde moitié du
xme siècle et dans celle du xive siècle le motif de VAdoration des
Mages vient de l’art gothique (p. 166).
« L’art gothique avait trouvé dès la fin du xme siècle, pour la
Naissance du Christ, un motif très poétique qui fut plus tard adopté
par Raphaël lui-même, le motif par lequel Marie lève le voile qui
1. Archivio storïco delV Arte (anno I).
GAZETTE UES BEAUX-ARTS.
Ces analogies n’ont rien qui nous surprenne, car Orcagna,
comme André de Pise, a été architecte en chef du Dôme d’Orvieto.
Il n’y a rien d’invraisemblable à supposer qu’Orcagna a fourni les
dessins pour ces bas-reliefs. Je ne crois pas toutefois qu’il les ait
exécutés lui-même. Dans ces bas-reliefs, le style d’Orcagna est
conservé, mais ce n’est plus tout à fait sa manière de penser. Dans
l’art d’Orcagna, il y a plus de force et de grandeur. Ici comme dans
les scènes de la Genèse, le sentiment prédominant est la douceur et
l’élégance. Il semble que l’auteur des scènes de la Vie du Christ a dû
être un élève d’André de Pise ayant connu Orcagna.
Enfin, nous aurons terminé l’étude des bas-reliefs d’Orvieto en
parlant du quatrième pilier, le pilier des Prophètes. Ce pilier est bien
loin d’avoir la valeur des trois autres; cette histoire des Prophètes
qui aurait pu si facilement donner lieu à une série de scènes tout à
fait originales est ici une œuvre insignifiante et sans caractère.
Je dois dire aussi que toutes les parties des trois piliers dont
nous avons parlé précédemment n’ont pas le même mérite. C’est
seulement aux parties inférieures de ces piliers que s’appliquent les
considérations que nous avons fait valoir. Les parties supérieures
n’ont guère plus d’intérêt que le pilier des Prophètes et on peut les
attribuer à n’importe quelle école, sans que les jugements sur cette
école en soient modifiés.
La plupart des motifs que nous rencontrons au xive siècle, dans
les œuvres de l’école florentine, avaient été lentement élaborés au
cours de la longue période médiévale. Un grand nombre de ces
motifs avaient été conçus en France au xne et au xme siècle, et
c’est à la France que l’Italie les a empruntés.
Sur ce point, toujours si délicat, des influences de l’art français
sur l’art italien, je ne puis mieux faire que de citer les opinions de
la critique italienne elle-même. Natale Baldoria, dans un très
savant article sur un Avorio del Museo vaticcino 1 a indiqué quelques-
unes de ces influences :
« Dans la sculpture italienne, dit-il, de la seconde moitié du
xme siècle et dans celle du xive siècle le motif de VAdoration des
Mages vient de l’art gothique (p. 166).
« L’art gothique avait trouvé dès la fin du xme siècle, pour la
Naissance du Christ, un motif très poétique qui fut plus tard adopté
par Raphaël lui-même, le motif par lequel Marie lève le voile qui
1. Archivio storïco delV Arte (anno I).