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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 3. Pér. 10.1893

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Hymans, Henri: Le Musée du Prado, 6, Les écoles du nord: les musées de Madrid
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https://doi.org/10.11588/diglit.24663#0348

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334

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

ajoutant : « les figures de la main de maître Quentin, le paysage, de
maître Joachim. »

Le tableau est à tous égards une merveille. Parlant du paysage,
M. Clément de Ris disait : « L’étendue est immense, et l’on y sent
passer certain air frais et humide des bords de la Meuse. Les terrains
et la végétation sont traités dans un vert profond d’une singulière
intensité sans dureté, et sur lequel se détachent nettement les blan-
cheurs des nymphes et des démons femelles. »

Sur ce fond, par lui-même un chef-d’œuvre, se déroule une scène
de séduction pour laquelle il semble queMatsys ait trouvé les accents
d’un Shakspeare. Bien que les figures soient à peine demi-nature,
elles sont extraordinairement expressives et détaillées.

Saint Antoine, au comble de l’angoisse, est en butte aux entre-
prises amoureuses de trois jeunes beautés que leur air candide con-
tribue à rendre plus séduisantes encore. Vêtues à la dernière mode
d’Anvers, elles s’approchent souriantes, essayant sur le pauvre
solitaire le charme de leurs sourires et de leurs caresses, tandis que
le démon, sous les traits d’une vieille proxénète, est embusqué
derrière la charmante cohorte et rit d’avance du succès de ses
embûches. La vertu du saint doit sortir de l’épreuve victorieuse;
j’assure qu’elle a ôté grandement en péril.

Matsys n’a rien fait de plus beau, de plus senti, de plus délicat,
ni, je crois, de plus chaste.

Le Prado possède d’autres paysages de Patenier, entre autres un
Repos en Égypte, œuvre de très grand style, dont les figures pour-
raient être encore de Matsys; mais j’y retrouve le type du
maître avec un peu moins d’évidence. Remarquons, au surplus, que
Patenier a eu divers collaborateurs, notamment YanOrley, et il n’est
point impossible que Dürer lui-même, durant son séjour aux Pays-
Bas, n’ait sollicité l’aide de son pinceau.

Le Saint François, n° 1525, ne se range d’aucune manière dans
l’œuvre du maître. C’est, comme l’avait fait observer Passavant, un
tableau de l’école des Van Eyck. J’ajoute que c’est une copie légère-
ment modifiée du tableau de Jean, au Musée de Turin.

Bien que la plupart des historiens de la peinture flamande établis-
sent un rapport entre Patenier et Henri de Blés, le fameux Civet ta
des Italiens, il semble que ce dernier, s’il fut à l’occasion paysagiste,
fut plus spécialement peintre de figures.

U Adoration des Mages du Prado, attribuée jadis à Lucas de Leyde,
est un charmant et rare petit triptyque du Maître à la Chouette rappe~
 
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